Parasha Nitzavim : l’Homme, partenaire du Divin – par Delphine Horvilleur

Dans la parasha Nitzavim, Moïse parle aux Israélites : il renouvelle l’Alliance, tout en promettant à ceux qui violeraient le pacte un destin semblable à celui de Sodome et Gomorrhe. Mais il promet également que même les exils auront une fin et il dessine une perspective eschatologique, dans laquelle D.ieu ramènera son peuple vers la Terre Promise et la joie. Il affirme que la Torah n’est ni dans les cieux, ni dans la mer mais qu’elle peut être accomplie sur la terre. L’Homme est libre de choisir le bien ou le mal, la vie ou la mort. Mais il se doit de choisir la vie.

Illustration : Rodrigo RodriguezUnsplash

Avinou Malkenou

Avinou Malkenou (אבינו מלכנו Notre Père, notre Roi) est une prière que l’on récite durant les dix premiers jours du mois de Tishri, entre Rosh HaShana et Kippour.

D’après le Talmud, Avinou Malkenou a d’abord été récité par Rabbi Akiva, durant une grave période de sécheresse et de disette. Le Sanhédrin avait ordonné un jeûne public et de grandes prières pour demander à l’Eternel la pluie, mais sans succès. Face à l’échec de ces supplications, Akiva serait simplement sorti dans la rue et n’aurait prononcé que deux phrases : « Notre père, notre roi, nous avons fauté devant Toi. Notre père, notre roi, nous n’avons d’autre roi que Toi. ». Et il plut aussitôt. Une Bat Qol (une voix venue du ciel) aurait ensuite confirmé la justesse de l’initiative d’Akiva.

Au temps des Gueonim, les deux versets d’origine ont été complétés pour former le poème entier, sous la forme que nous connaissons aujourd’hui.

Version traditionnelle (et celle qui est le plus souvent adoptée par Kehilat Kedem) d’Avinou Malkenou :

 

Quelques autres versions d’Avinou Malkenou

 

Parasha Ki Tavo : nomade par essence – par le rabbin Delphine Horvilleur

Dans la parasha Ki Tavo, Moïse ordonne aux Israélites, une fois rentrées en Eretz Israel, de présenter une fois l’an au temple l’offrande des prémices des récoltes, et de procéder à une déclaration solennelle (Arami obed avi et sa suite), résumant l’histoire des Hébreux de leur origine à leur retour, sorte d’affirmation de l’inscription individuelle dans l’histoire commune. A leur arrivée, ils doivent dresser des stèles portant le texte de la Torah et proclamer sur eux-mêmes des malédictions en cas de non-respect des commandements, et des bénédictions dans le cas contraire.

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Rabbis for human rights

Rabbis for Human Rights (RHR : Rabbins pour les droits humains) est une organisation israélienne qui focalise son action sur trois sujets principaux : la situation dans les territoires de Judée-Samarie, la promotion de la justice économique et sociale en Israël, et enfin l’éducation et le dialogue interreligieux. Depuis sa fondation en 1988, le mouvement s’est, de plus, attelé à d’autres chantiers :

  • L’élaboration d’une vision pratique et quotidienne de la justice, telle que conçue par la tradition juive, dans l’esprit de l’enseignement rabbinique et de l’idée selon laquelle chaque être humain a été créé à l’image de D.ieu ;
  • Des actions visant à tenter de prévenir ou d’empêcher des violations des droits humains, en Judée-Samarie et plus généralement en Israël ;
  • La promotion et la diffusion de la sacralité de la vie, de la justice, de l’égalité au sein de la société israélienne.

Le tout dans le cadre d’un engagement constant en faveur des valeurs et de la tradition juive.

Les membres de Rabbis for Human Rights estiment que la dignité de chacun, le droit à la vie et la protection des faibles sont au cœur de la pensée juive.

L’organisation Rabbis for Human Rights  compte aujourd’hui une centaine de membres : tous sont rabbins, enseignants, étudiants rabbins, cantors ou autres responsables religieux. Ils sont issus de tous les courants du judaïsme : orthodoxes, modern orthodox, massortis, réformés, humanistes…

Rabbis for Human Rights n’est affilié à aucun parti ni organisation politique. Le mouvement est en faveur de la paix mais ne soutient aucune solution de paix particulière : pour lui, toute paix est en quelque sorte bonne à prendre, dès l’instant où elle s’inscrit dans le cadre du respect des droits et de la dignité des peuples et des individus.

En ce mois d’Elul, qui interroge la pertinence et le bien-fondé de nos actions et de nos engagements, il nous a semblé intéressant de faire connaître à nos membres Rabbis for Human Rights. Il est possible de soutenir RHR par un don (CLIQUER ICI).

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Parasha Ki Tetse : fécondés par le Nom, par le rabbin Yeshaya Dalsace

La parasha Ki Tetse est un long passage législatif, où Moïse indique aux Israélites quelles sont les restrictions concernant les captives de guerre et les obligations des hommes polygames. Sont également énoncées les lois au sujet du fils rebelle, de l’obligation d’entraide, de l’obligation du parapet sur le toit de la maison, de l’interdiction de se vêtir d’une étoffe mixte, de l’interdiction du travestissement, des unions illicites, des relations avec les étrangers souhaitant se joindre aux Israélites (y compris une interdiction de haïr les Egyptiens). Suivent des lois de la guerre, d’autre protégeant les esclaves enfuis, une interdiction de la prostitution et de l’usure, ainsi que les règles du divorce et du service militaire, en passant par la rémunération d’un salarié, la part des récoltes à laisser aux glaneurs, le mode d’application des peines décrétées par les juges, le système du lévirat, l’interdiction d’épouser la veuve de son père et l’appel à effacer le nom d’Amaleq.

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Hommage à Jules Isaac : un timbre commémoratif et un colloque universitaire

A l’occasion des soixante ans de la disparition de Jules Isaac, La Poste émet une série de timbres à son effigie : ils seront en vente à partir du 4 septembre 2023.

Jules Isaac (1877-1963) a marqué son temps : issu d’une famille juive d’Alsace-Lorraine, très ancré dans l' »israélitisme » typique de son temps (mettant en avant le patriotisme et l’attachement aux valeurs de la France et de la République, et conservant le religieux pour une sphère exclusivement privée), il est issu d’une famille de militaires. Orphelin à treize ans, il poursuit néanmoins de brillantes études, rencontre à vingt ans Charles Peguy, et s’engage à ses côtés dans le camp dreyfusard. Agrégé d’histoire en 1902, il enseigne d’abord à Nice et Sens, puis à Louis-le-Grand, enfin au lycée Saint-Louis. Il commence, en parallèle, à travailler comme auteur de manuels d’histoire pour Hachette, sous la direction d’Albert Malet. La collaboration entre les deux hommes semble fructueuse, jusqu’à ce que la Grande Guerre éclate. Ils sont mobilisés tous les deux. Malet meurt au front en 1915. Après la guerre, c’est donc Isaac seul qui rédigera les fameux manuels d’histoire « Malet & Isaac », tout en conservant le nom de son ancien collègue par respect pour son travail. Ces manuels se retrouveront entre les mains de tous les élèves français pendant deux générations, et marqueront à tel point leur époque que, dans Penser/Classer, Georges Perec y fait par exemple référence comme à l’un des piliers de ses souvenirs d’enfance (« Je me souviens de Malet & Isaac »).

Après la Grande Guerre, Jules Isaac milite pour une réconciliation franco-allemande (il sera peu entendu); il rejoint la Ligue des Droits de l’Homme et plusieurs organisations de vigilance face à la montée des totalitarismes. En 1936, il devient inspecteur général de l’Instruction Publique. Il ne restera en poste que quatre ans : en 1940, il est démis de ses fonctions en tant que Juif, et doit se réfugier en zone non-occupée. Quand, en 1942, le sud de la France se retrouve également occupé, il se réfugie un temps chez son fils, puis, lorsque celui-ci et sa famille fuient vers l’Espagne, chez sa fille, à Riom, dans le Var. Son gendre travaillant pour l’agence Havas auprès de Vichy, la famille se pense protégée. Elle ne l’est pas : fin 1943, son gendre et sa fille, convaincus d’espionnage pour la Résistance, sont arrêtés, ainsi que son épouse et son plus jeune fils, Jean-Claude. Jules Isaac échappe à l’arrestation. Mais toute sa famille, déportée à Auschwitz, va y périr, à l’exception du jeune Jean-Claude, qui parvient à s’évader. C’est à la mémoire de son épouse et de sa fille disparues que Jules Isaac, dans la clandestinité, commence la rédaction de ce qui sera son plus fameux ouvrage : Jésus et Israël, première pierre de ce qui, plusieurs années plus tard, deviendra l’Amitié Judéo-Chrétienne.

Rétabli dans ses fonctions en 1945 à titre honoraire, Jules Isaac va devenir, dans les deux dernières décennies de sa vie, un infatigable militant de la paix. Persuadé que le respect comme le mépris s’enseignent, il va beaucoup travailler auprès de l’enseignement laïque, mais aussi des religieux, pour promouvoir la compréhension mutuelle et de l’amitié entre judaïsme et christianisme. Il va rencontrer les papes Pie XII, puis, surtout, Jean XXIII, avec qui il va nouer une véritable amitié, et qui acceptera, avant même les réformes de Vatican II, de retirer de la prière universelle du Vendredi Saint des mentions telles que Oremus et pro perfidis judaeis.

Jules Isaac meurt en 1963. Il est inhumé au cimetière de Montparnasse.

Deux ans après son décès, en 1965, le concile Vatican II adopte la déclaration Nostra Aetate, qui concerne les relations entre la catholicisme et les autres religions. Au sujet du judaïsme, Nostra Aetate supprime des catéchismes la notion de peuple déicide et stipule : Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel. 

Le timbre commémoratif à l’effigie de Jules Isaac sera disponible en bureau de poste, dans certains bureaux de tabac et sur laposte.fr, section beaux timbres,  à partir du 4 septembre 2023.

Les 5 & 6 septembre 2023, colloque universitaire à Montpellier, consacré à Jules Isaac. Détails, programme et inscription ici.

Parasha Vaet’hanan : l’humain qui compte – par le rabbin Yeshaya Dalsace

Dans la parasha Vaet’hana, Moïse rappelle au peuple qu’il a prié D.ieu de le laisser entrer en Eretz Israel mais que cela lui a été refusé : ce sera Josué qui les mènera au-delà du Jourdain. Il les encourage à rester fidèles à l’Alliance et aux commandements et insiste sur l’unicité de la Torah. Moïse répète encore les Dix Commandements et énonce le Shema Israel.

Photo de Keith Chan sur Unsplash

Cours de calligraphie hébraïque

A partir de la rentrée de septembre, nous pourrions organiser des cours de calligraphie hébraïque avec la calligraphe Liz Azria. Les cours se présenteraient sous la forme d’ateliers de deux heures, une fois par mois. Ces ateliers pourront accueillir entre six et dix, voire douze, personnes.

La faisabilité d’un tel atelier dépend d’un facteur simple : le nombre de personnes potentiellement intéressées. Si nous avons suffisamment de monde (idéalement une dizaine de personnes), nous pourrons organiser ces ateliers tout en leur conservant un tarif individuel raisonnable.

Deux éléments importants à avoir en tête :

. les cours seront calibrés de telle manière qu’il sera possible de prendre l’année en cours de route, voire de n’assister que sporadiquement aux ateliers.

. l’enseignante fournit le matériel : il n’est donc pas nécessaire au début d’investir dans de l’équipement.

Pour vous préinscrire aux cours, cliquez ici

Devarim: le livre de la transmission, par Daniel Lemler, psychanalyste

Quarante ans après l’Exode, les Israélites arrivent enfin aux frontières de la terre promise. Moïse d’adresse au peuple, rappelant les comportements répréhensibles antérieurs et la faute des explorateurs. Il rappelle les bienfaits et les victoires offerts par D.ieu et insiste sur le faite que le pays qui est offert est déjà construit.

Photo de Konstantinos Kaskanis sur Unsplash

Parasha Pin’has : le retour de Lilith, par Rachel Verliebter, psychothérapeute

Les enfants d’Israël s’installent à Chittim, où le peuple commence à fréquenter sexuellement les filles des Moabites. Elles invitent leurs amants à sacrifier à leurs divinités, et nombreux sont ceux qui cèdent à cette invitation. Les Israélites s’attachent donc à la divinité Baal-Peor et la colère de l’Eternel s’embrase contre eux.

D.ieu ordonne à Moïse de faire pendre ceux qui se sont rendus coupables de cette idolâtrie. Un Israélite souhaitant s’unir avec une midianite, Pin’has, le fils d’Eleazar (et donc petit-fils d’Aaron) s’arme d’une lance, suit le couple sous sa tente et les tue tous les deux.

Photo de VENUS MAJOR sur Unsplash