Kehilat Kedem, synagogue libérale de Montpellier
Kehilat Kedem est la synagogue et communauté juive de Montpellier représentant le mouvement juif libéral. Ce mouvement, issu de la rencontre entre le judaïsme et les Lumières, est présent partout en France, en Europe, en Israël et dans le monde.
Le judaïsme libéral prône un usage (au moins partiel) de la langue vernaculaire dans le cadre du culte, une approche critique des textes et le dialogue inter-religieux ; il insiste sur l’importance de l’action réelle des fidèles dans la vie de la cité, notamment par l’intermédiaire de la Tsedaka. L’égalité entre hommes et femmes, l’inclusivité, l’insertion dans la société, la laïcité et l’ouverture aux autres sont au centre des valeurs du judaïsme libéral.
Le mouvement juif libéral est relativement minoritaire en France. Mais la France est une exception : dans la plupart des pays occidentaux (et notamment aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne ou encore aux Pays-Bas), le judaïsme libéral constitue le courant majoritaire au sein du judaïsme.
Valeurs fondamentales
Le judaïsme libéral se réfère aux mêmes textes que le judaïsme orthodoxe ou traditionnel. Mais il n’en tire pas forcément les mêmes conclusions ni les mêmes pratiques. Petit tour d’horizon des éléments essentiels.
Un peuple élu
Le peuple d’Israël est un peuple élu mais cette élection est une charge et une responsabilité, non matière à glorification. Cette charge est celle d’être un peuple de prêtres, ou encore, comme le dit Isaïe, d’être une lumière parmi les nations. Le devoir du peuple juif est donc de pratiquer la Tsedaka, de transmettre les idéaux des Lumières et d’œuvrer à la rédemption et la réparation du monde (Tikkun Olam). Cette rédemption amènera l’ère messianique, qui sera atteinte collectivement par une humanité en marche vers la Lumière. Le judaïsme libéral ne croit pas en un Messie unique et personnalisé, et considère les prophéties messianiques comme des métaphores, annonçant un progrès général et une amélioration de l’humanité dans son ensemble. Le Messie, c’est l’Humain. Pas de super-héros débarquant à la fin des temps pour nous sauver tous, donc, mais bien plutôt une longue et lente amélioration de l’Homme, sorte de travail introspectif à la fois individuel et collectif devant nous amener à davantage de sagesse, de compréhension, bref : d’humanité.
La synagogue : une maison de rencontres, d’étude et de prière
Kehilat Kedem, synagogue libérale de Montpellier, fait vivre au quotidien les trois aspects essentiels qui constituent une synagogue : l’étude (étude du judaïsme, apprentissage de la langue hébraïque, études bibliques, Musar, histoire et pensée juive, et bien d’autres), la rencontre humaine (au sein et à l’extérieur de la communauté : repas communs, fêtes, solidarité, tzedaka, dialogue inter-religieux…) et le culte juif (offices, grandes fêtes, nominations, mariages, bar-mitzvah…). Ces trois aspects sont inextricablement liés et se nourrissent mutuellement.
Une relecture perpétuelle
La Bible hébraïque et le Talmud sont des textes essentiels mais, s’ils sont d’inspiration divine, ils ont bel et bien été rédigés par des êtres humains. Ces textes ne sont donc pas infaillibles et doivent faire l’objet de lectures critiques. Ils témoignent des expériences et de la pensée des Hommes à une certaine époque et dans un certain contexte et doivent être considérés comme les sources historiques d’une pensée, et non comme des dogmes immuables.
Une Loi au service des Hommes
Durant toute son histoire, le judaïsme a évolué. La Halakha (loi religieuse) n’a donc pas de raison d’être considérée comme immuable : ce qui était bon pour nos pères peut encore être bon pour nous. Ou non. La Loi est là pour servir les Hommes, non pour les asservir et elle doit être constamment repensée, réinterprétée, réétudiée. Ni le littéralisme, ni l’obéissance aveugle au texte n’ont leur place dans le judaïsme libéral. La position des juifs libéraux face à la Loi est, en réalité, beaucoup moins confortable : nous sommes encouragés à nous interroger en permanence, à remettre en question nos certitudes, à interpréter, encore et encore.
Liberté de conscience et de pratique
L’éthique, la liberté de conscience et la raison ne peuvent être ignorées : la valeur spirituelle et morale des commandements reste bien entendu essentielle mais le rituel, en revanche, est considéré comme un moyen et non comme une fin : chacun est libre de pratiquer quand et comme il l’entend, et l’intention, la morale et les raisons d’un acte importent davantage que sa forme.
Rites et liturgie
Pour autant, les rites ont une importance primordiale. Ils rythment la vie humaine, séparent le temps profane du temps sacré, marquent les grands événements et inscrivent nos existences personnelles dans le temps long de l’histoire collective. Leur liturgie peut varier et la manière de les organiser est libre mais leur pratique est considérée comme capitale.
Usages linguistiques
Les liturgies du judaïsme libéral sont bilingues : l’hébreu, langue sacrée et rituelle, y côtoie la langue commune. Il n’est pas choquant, pour qui le préfère, de s’adresser à l’Eternel en français. La pratique et l’étude de la langue hébraïque, garantes d’un accès direct au texte sacré, est cependant encouragée.
Égalité
Le judaïsme libéral est égalitaire, ne faisant pas de différence de traitement entre hommes et femmes. Les femmes comptent au minian, peuvent monter à la Torah, peuvent être rabbins. Elles portent la kippa si elles le souhaitent, ainsi que le talit et les tefillins. En cas de divorce, le guett est accordé automatiquement, dès que le divorce civil est prononcé. Cette égalité implique également l’acceptation d’un double lignage : les enfants dont seul le père est juif sont accueillis dans la synagogue au même titre que ceux dont la mère est juive; à leur bar ou bat-mitzva, leur judaïté sera officiellement confirmée, pour peu qu’ils aient reçu une éducation religieuse juive.