2024
Mir zaynen do
La rentrée devait se faire sous les hospices, heureux, de la célébration des 80 ans de la libération de Montpellier. Elle s’est faite avec un nouvel attentat antisémite, cette fois sur le sol de notre département, à la synagogue de la Grande-Motte. Comme si le Mal tenait à rappeler qu’il n’est jamais totalement absent, que l’on peut se réjouir de son affaiblissement ou de sa mise en sommeil mais jamais de sa disparition.
Cet attentat ne doit toutefois pas nous faire oublier les aspects plus positifs de cet événement : l’absence de victimes, tout d’abord, grâce à l’intervention rapide des forces de l’ordre. L’arrestation rapide du suspect, ensuite. Mais également le grand nombre des personnes qui, choquées, révoltées, étaient présentes lors des rassemblement, à la Grande-Motte puis à Montpellier.
Hier mardi 27 août, nous étions ainsi plus d’un millier rassemblés place de la Comédie. Je tiens à remercier tous ceux qui ont répondu à l’appel, malgré la chaleur, la rapidité du délai, et, dans bien des cas je le pense, la crainte de nouvelles attaques. Malgré la gravité de la situation, j’y ai vu un rayon de soleil et d’espoir et ai repensé aux vers du beau poème d’Hirsch Glick :
Zog nit keyn mol, az du geyst dem letstn veg,
Ven himlen blayene farshteln bloye teg.
Kumen vet nokh undzer oysgebenkte sho,
S’vet a poyk ton undzer trot : mir zaynen do !
Ne dis jamais que tu arpentes ton dernier chemin,
Même si des cieux noirs cachent les jours bleus,
Notre heure tant espérée viendra,
Notre pas se fera entendre. Nous sommes là !
Ces mots, pleins d’espoir et de vie, furent pourtant rédigés dans les temps les plus sombres du ghetto de Vilnius. Ils nous rappellent que d’autres, avant nous, ont connu des moments d’une difficulté incomparable à la nôtre et n’ont pourtant pas désespéré. Et l’imminence des fêtes de la libération de Montpellier nous rappelle également que si le Mal est présent, sa débâcle, sur le long terme, est certaine.
D’autres fêtes nous appelleront bientôt : celles de Tishri. Mais avant cela, s’ouvrira pour nous, dans quelques jours, le mois d’Elul, mois du réveil, de l’introspection avant le moment fatidique où nous ferons face au jugement du Créateur. Ce mois, propice à la réflexion, sera l’occasion de nous interroger quant à ce que nous pouvons faire, collectivement comme individuellement, pour contribuer à l’apaisement de nos sociétés. Car s’indigner ne suffit pas. Quelles actions réelles pouvons-nous mener ? Comment pouvons-nous, en tant que citoyens mais aussi en tant que synagogue, agir pour le retour de la paix ? Bref : en des temps inquiétants, même si bien moins tragiques que ceux de Hirsch Glick, que pouvons-nous faire pour pouvoir dire, à notre tour, mir zaynen do ?
C’est à cette réflexion que je nous invite tous.
Julien Taillandier
Président de Kehilat Kedem
2024
Parasha Re’eh : l’Alliance, une question de choix, par le rabbin Yann Boissière
Dans la parasha Re’eh, Moïse présente aux enfants d’Israël la bénédiction et la malédiction, selon qu’ils appliquent ou non les préceptes et les lois de l’Eternel. Il indique que le culte sacrificiel sera établi dans l’avenir mais n’indique pas précisément où. Il exhorte le peuple à ne pas écouter les «séducteurs», qui voudraient inciter au culte des idoles. Les Israélites doivent se différencier des peuples païens par leur alimentation, leurs rites et leurs pratiques : ils doivent prelever les dîmes, aider les pauvres, libérer les esclaves et se rendre aux fêtes de pèlerinage.
Photo de Javier Allegue Barros sur Unsplash
2024
Paracha Houkat : Moïse, héros imparfait, par le rabbin Delphine Horvilleur
Dans la parasha Houkat, D.ieu prescrit à Moïse et Aaron le «décret de la Torah» et leur ordonne de fabriquer une eau lustrale, permettant de purifier un humain du contact d’un cadavre, à partir des cendres d’une vache rousse. Myriam meurt et soudain le peuple manque d’eau. Moïse en fait jaillir en frappant une roche mais D.ieu lui avait seulement ordonné de parler à la pierre; pour cela, Aaron et lui sont punis et ils n’entreront pas en terre d’Israël.
Le peuple se remet en marche mais sa route est bloquée par les Edomites et un grand détour est nécessaire. Aaron meurt et le peuple se révolte une fois de plus. D.ieu envoie contre les rebelles des serpents, dont la morsure ne peut être soignée que par le Nehoushtan, le serpent d’airain de Moïse.
Approchant du pays des Amoréens, les Israélites demandent à le traverser pacifiquement mais les Amoréens refusent et déclarent la guerre; ils sont vaincus.
Photo de James Wainscoat sur Unsplash
2024
Parasha Korah : controverse théologique, par le rabbin Yann Boissière
Dans cette parasha, le lévite Korah lance une rebellion contre Moïse et Aaron, en arguant que tout le peuple étant saint,j l’autorité ne peut demeurer entre les seules mains des deux frères. Moïse fait appel à l’Eternel et ordonne qu’Aaron et Korah apportent chacun un sacrifice d’encens, afin de voir lequel sera agréé. Korah et ses partisans sont engloutis par la terre une peste frappe le peuple; seule l’offrande d’Aaron permet d’apaiser cette punition divine. Sa préséance est encore confirmée par le fait que le bâton d’Aaron, seul parmi ceux des autres princes des tribus, fleurit.
Photo de Milada Vigerova sur Unsplash
2024
Parasha Chelah Lekha : la primauté du bien commun, par le rabbin Philippe Haddad
Dans la parasha Chelah Lekha, D.ieu accepte que le peuple envoie des explorateurs, à raison d’un par tribu, afin de décrire la terre de Canaan aux israélites. Mais à leur retour, la majorité des explorateurs, à l’exception de Caleb ben Yafune et de Josué bin Noun, considèrent que la conquête est impossible et racontent des histoires effrayantes sur ce qu’ils ont vu. Les Israélites se lamentent et protestent, menaçant de lapider Moïse, Aaron, Caleb et Josué. D.ieu décide alors d’exterminer le peuple et de le remplacer par une nouvelle nation, qui descendrait de Moïse, mais Moïse plaide la cause des enfants d’israël devant Lui et parvient à obtenir leur grâce. L’Eternel décide cependant que la génération actuelle mourra dans le désert, sans passer le Jourdain.
Sont ensuite prescrites des lois de prélèvements agricoles, des lois sur le Shabbat et le devoir de porter les tzitzits pour se souvenir de toutes les mitzvot.
Photo de Maja Petric sur Unsplash
2024
Législatives 2024 : 30 Juin – 7 Juillet
Chers membres et sympathisants de Judaïsme En Mouvement…
Nous sommes une communauté juive et nous ne donnons aucune consigne de vote.
Nous considérons nos membres et sympathisants comme étant chacune et chacun une citoyenne ou un citoyen seul juge et responsable de ses choix personnels.
En revanche, parce que nous sommes une communauté juive, nous insistons pour que chacun et chacune prête attention aux discours et postures des candidats dans leur circonscription etne donne aucune voix à un candidat qui de près ou de loin a eu des comportements ou des écrits flirtant de loin ou de près avec l’antisémitisme ou avec l’antisionisme.
Nous affirmons avec force qu’il n’y a strictement aucune différence entre un antisémite ou un antisioniste de droite ou de gauche.
Nous combattons les deux avec la même détermination.
Nous vous adressons notre cordial Chalom.
Gad Weil et Jean-François Bensahel
Co-Présidents de JEM
2024
Témoignage d’un voyage en Israël à la rencontre de citoyens solidaires et mobilisés pour la paix et la démocratie – par Nathalie Assouline
Article écrit en collaboration avec Brigitte Claparède-Albernhe.
Citoyennes françaises, attachées au devenir d’Israël et engagées dans la société civile à Montpellier, nous sommes parties en Israël en février. Quatre mois après l’effroi qui a suivi le 7 octobre, nous voulions comprendre ce que peut être la vie quotidienne dans cet enchaînement de violence. Nous avons été saisies par la vitalité et l’engagement citoyen, dans un contexte général de défiance vis-à-vis du gouvernement. Nous avons rencontré des hommes et des femmes qui se battent au quotidien pour construire une société meilleure et rendre possible une paix durable dans cette partie du monde.
Depuis le 7 octobre, le niveau de mécontentement vis-à-vis du gouvernement de Benjamin Netanyahou s’est généralisé (32% de confiance) [2] . La promesse sécuritaire n’a pas été tenue, faisant exploser le contrat social. L’incroyable réactivité et résilience des Israéliens a empêché le pays de basculer dans le chaos escompté par le Hamas. Cette puissante solidarité citoyenne a démontré la capacité de la société israélienne à faire bloc et à se substituer efficacement aux manquements des institutions publiques dans le secours aux populations. Issu des récents mouvements de contestation de la réforme de la justice, cet élan citoyen a remis au centre du débat public les revendications de paix et de justice, y compris pour les Palestiniens.
Curieusement, il a été ignoré d’une certaine gauche mondiale, restée insensible à l’attaque du 7 octobre. À notre arrivée, les questions se bousculaient. Les lignes droite-gauche ont- elles bougé depuis le 7 octobre ? Les partisans d’une solution de paix ont-ils perdu espoir ? Peut-on déjà penser le jour d’après ? Les femmes et les hommes, interviewés lors de ce voyage, ont, pour la plupart, radicalement réorienté leur vie, désireux d’agir concrètement. Ils n’occupent aucun poste de pouvoir, et pourtant leur pouvoir de sauvegarde de la démocratie est déterminant. Malgré les tourments de la guerre, les enfants ou les proches sur le front, les nouvelles quotidiennes des soldats blessés ou tués, des femmes et des enfants de Gaza pris sous les bombes, les vies volées des kidnappés et l’ampleur des exactions du Hamas, chacun veut croire à une société plus décente pour tous.
2024
Dire le mal
La brutalité du récent fait divers de Courbevoie peut laisser sans voix. Il faut pourtant dire : dire le viol d’une enfant, le passage à tabac, les menaces de crémation, le tout justifié par l’antisémitisme, et doublé d’une inversion accusatoire : la victime “aurait eu de mauvaises paroles à propos de la Palestine”, aurait caché son appartenance au judaïsme ; elle l’aurait donc bien cherché, mériterait son destin. A son judaïsme, déjà suffisant pour justifier une agression et un viol, s’ajoute une version à peine laïcisée et politisée d’un crime de blasphème.
C’est un classique de la pensée antisémite, qui veut que le Juif ne mérite jamais le bien qui lui arrive (il l’a toujours volé, détourné ou mal acquis) mais est toujours le seul responsable de ses propres malheurs. Le bourreau, l’assassin, le violeur, lui, n’est jamais coupable : il n’agit qu’en état de légitime défense, personnelle ou par procuration. Cette rhétorique est la même que celle des tueurs du 7 octobre. Il existe une différence dans l’ampleur de l’acte, non dans sa nature. Sauf que ça n’est pas en Israël que cela se passe. C’est en France, sur la ligne A du RER.
Que des gamins de treize ans se montrent capables de tels actes en dit long sur l’ensauvagement de nos sociétés, la violence installée, la haine du Juif perçue non seulement comme normale, mais comme exonérante. Un Mal banalisé, se nourrissant d’une absence de pensée, d’une soumission aux pulsions les plus noires de l’individu et justifié par la certitude d’appartenir au camp du Bien.
Pour ceux qui adhèrent à cette pensée, qu’ils aient 13 ou 73 ans, on peut blesser, tuer, violer, quiconque pense mal, vit mal, croit mal : le déviant, l’infidèle, bouc-émissaire pour tous les maux du monde, à qui l’on peut faire subir tout ce que l’on veut puisqu’après tout, il n’est pas vraiment humain ; c’est un Juif / bourgeois / sioniste / ennemi du peuple / autre, rayez les mentions inutiles.
Comme tout un chacun, il m’arrive de douter ; il m’arrive d’ignorer dans quel camp se trouve la justice, la morale ou le bien. Il m’arrive de manquer de certitude quant à l’attitude à adopter. Et je vous souhaite de tels moments de doute également : ils sont la marque qu’on n’a pas encore irrémédiablement plongé dans le fanatisme. Mais il y a une chose dont on peut être certain : ni la morale, ni le bien, ne se trouveront jamais dans le camp de ceux qui, au nom de leur cause, trouvent justifiable que l’on viole une enfant.
Ce shabbat, nous adresserons des prières pour le rétablissement de cette jeune fille, bien entendu. Mais cela ne suffit pas. Le collectif des associations juives de Montpellier prévoit des actions dans les jours qui viennent. Vous en serez informés dès que possible.
Julien Taillandier
Président de Kehilat Kedem
Photo de Daniele Levis Pelusi sur Unsplash
2024
Parasha Behaalotekha : élévation, mysticisme et responsabilité, par le rabbin Delphine Horvilleur
Dans la parasha Behaalotekha, D.ieu indique à Aaron comment faire monter les lumières de la ménorah du Tabernacle. Il établit les règles pour la consécration des Lévites et prescrite une seconde Pâques pour ceux qui n’ont pas été en mesure de réaliser la première.
Une colonne de nuées et une colonne de feu guident les Israélites dans leurs voyages, au son de trompettes. Le peuple en vient à regretter les viandes d’Egypte et à murmurer contre Moïse. Aaron et Myriam remettent en question l’autorité du prophète et en punition, Myriam est frappée par une «lèpre» (tzaraat).
2024
Parasha Nasso : la bénédiction qui en cache six autres, par le rabbin Gabriel Farhi
Dans la parasha Nasso, D.ieu énonce les fonctions des Gershonites et des Mérarites, puis les règles de purification du campement. Contrairement aux Qéhatites, les Gershonites et les Mérarites ont des chariots, mais pas d’ornements aux épaules. Le texte décrit ensuite la structure du camp et l’isolement dont doivent faire l’objet les individus impurs. La loi de mise à l’épreuve de l’épouse accusée d’infidélité est décrite, ainsi que la bénédiction sacerdotale et les offrandes des princes pour le Tabernacle.