Tout ce qu’il faut savoir sur Pessah (qu’on ait ou non osé le demander)

Dans ce cours très complet, le rabbin Yann Boissière revient sur les fondamentaux de Pessah et du Seder. Histoire, sens et pratiques de la fête de Pessah, lecture de la Haggadah, exposé des éléments théologiques que celle-ci présente, et en quoi ces éléments sont au cœur de la conception juive du monde.

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Histoire de l’antisémitisme : de 38 à 1144

Arte a consacré une série d’émissions à la longue histoire de l’antisémitisme, des origines à nos jours. Il a été décidé de faire commencer cette histoire en l’an 38 de l’ère commune, avec les émeutes d’Alexandrie d’Egypte.

Philon d’Alexandrie relate ces événements ainsi dans sa Legatio ad Caium :

 C’était une guerre terrible, sans merci, qui se déchaînait contre notre nation. Quel plus grand malheur peut survenir à un esclave que l’inimitié de son maître ? Or les sujets de l’empereur sont ses esclaves ; s’il en avait été autrement jusque-là sous le gouvernement paternel des empereurs précédents, telle était du moins notre condition sous Caïus, qui avait banni de son cœur tout sentiment de clémence, et foulait aux pieds tous les droits. La loi, pensait-il, c’était lui-même ; il bravait, comme de vaines paroles, tout ce que la législation avait consacré. Nous fûmes donc mis moins au rang des esclaves qu’au rang des valets les plus infimes ; au lieu d’un prince nous eûmes un maître. Lorsque la populace désordonnée et séditieuse d’Alexandrie s’en aperçut, elle crut avoir trouvé une bonne occasion de donner cours à la haine qu’elle nous portait depuis longtemps ; elle remplit la ville d’épouvante et de trouble. Comme si l’empereur nous eût abandonnés à sa barbarie pour souffrir les plus grandes misères, comme si le sort des armes nous eût livrés entre ses mains, elle se jeta sur nous avec une fureur sauvage. Nos maisons furent pillées ; on chassa les maîtres avec leurs femmes et leurs enfants, au point qu’elles restèrent désertes ; on en arracha les meubles et ce qu’il y avait de plus précieux, non pas comme le font les voleurs, qui dans la crainte d’être pris, cherchent l’obscurité de la nuit, mais en plein jour et publiquement. Chacun montrait son butin aux passants, comme une chose acquise par héritage ou à prix d’argent. Quelques-uns, qui s’étaient associés pour le pillage, partageaient leur prise sur la place publique, souvent sous les yeux des malheureux qu’ils avaient dépouillés et qu’ils insultaient de leurs railleries, ce qui était plus dur que tout le reste. Tout cela était bien assez triste sans rien y ajouter. Qui n’eût trouvé affreux en effet de voir ces infortunés tomber de la richesse dans la pauvreté, de l’opulence dans la misère, sans avoir commis le moindre mal ; de les voir chassés de leurs foyers déserts, errant à travers les rues, exposés à succomber aux ardeurs d’un soleil torride, aux rigueurs de nuits glaciales ? C’était cependant moins affreux que ce qui suivit. 

 

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Du Seder à la Cène : histoire d’une séparation

Cette conférence d’Akadem étudie les rapports entre le Seder et la Cène. La Cène, présentée dans les Evangiles, est devenue au fil des siècles l’un des sujets les plus représentés dans l’art occidental. Et on oublie bien souvent qu’il ne s’agit pas d’un simple repas, mais bien d’un seder de Pessah. Un procès (et une exécution publique) en pleine période de Pessah est-il vraisemblable du point de vue de la Halakha ? Comment la notion chrétienne d’eucharistie a-t-elle récupéré et recyclé la matsa ? Dialogues et échanges à ces sujets entre juifs et catholiques.

Metsorah : éloge de la solitude

Les péricopes bibliques de Tazrìa et Métsorah analysent différentes circonstances qui impliquent des situations d’impureté, une forme d’ “opacité de l’âme” qui oblige celui ou celle qui s’y trouve à s’isoler pendant un certain temps, après quoi l’individu sera réinséré dans la société, en passant par des actes rituels qui vont célébrer sa faculté renouvelée d’entrer en relation avec le sacré et avec les autres.

J’ai parlé d’opacité car le terme hébreu Tameh, généralement traduit par “impur”, semble être relié à la racine du mot Atoum, “opaque”, puisque dans ces états nous assistons à une sorte de manque de clarté et de capacité de distinction, donc une opacité.

Parfois ces états peuvent être occasionnés par des événements naturels tels que l’accouchement, parfois plutôt par des éléments extérieurs, comme dans notre parasha arrive au Métsorah, qui est affecté par des lésions cutanées mystérieuses, ou encore par des situations accidentelles comme le contact avec un corps sans vie. Le contact avec la mort constitue la plus grande des sources d’impureté, puisque dans la mort les individus perdent l’éclat qui les rend différents les uns des autres. Il s’agit donc bien d’une opacité qui se crée.

Concernant le Métsorah nous lisons:

“Il est opaque/impur, il habite solitaire, son habitation hors du camp.” [Lév. 13:46].

À première vue, il semblerait évident que la raison de cette exclusion est celle d’éviter la contagion. Mais les Maîtres on lu dans cette manifestation physique étrange du Métsorah une conséquence de son incapacité de communiquer, notamment par l’usage de la médisance. Cette lecture vient en grande partie du fait que dans le chapitre 12 des Nombres Myriam, la soeur de Moché, est frappée par cette affection après avoir parlé du frère de façon inappropriée. Là encore, nous pouvons voir dans cette “impureté” une incapacité de reconnaître dans l’autre les peculiarités qui le rendent unique, en préférant plutôt le réduire à un stereotype.

Il est de notre devoir de toujours lire les textes et les interprétations avec un œil critique, ce qui me donne l’occasion de souligner les risques de cette lecture traditionnelle, où la victime de l’affection est identifiée comme la source de son mal, dans un esprit de blaming the victim que nous devrions toujours regarder avec une certaine méfiance. En même temps, nous ne pouvons pas ignorer cette lecture des Sages, notamment en considération de la gravité du phénomène de la médisance et de sa fréquence dans le monde moderne.

Différentes sources rabbiniques, notamment dans la littérature Hassidique, suggèrent que l’isolement du Métsorah a comme but celui de réduire son égoïsme. En restant isolée, la personne qui a dit du mal d’autrui devrait se rendre compte qu’elle a besoin des autres. Elle devrait sortir de cet isolement plus disposée à tolérer les aspects des autres qu’apparemment  ont induit son comportement, et à mieux accepter les inévitables imperfections humaines qui l’entourent.

En même temps la médisance est souvent le fruit d’une vision qui amplifie de façon disproportionnée les défauts des autres. La solitude peut donc être une stratégie pour encourager le responsable à contempler ses propres défauts, à regarder à l’intérieur de lui-même.

Dans cet état d’isolement il n’y a donc pas qu’une attitude punitive. Bien au contraire, nous pouvons y déceler des aspects qui visent le développement intérieur de l’individu.

De nombreux psychologues ont souligné l’importance de la capacité d’être seuls, et cela depuis l’enfance. Très souvent l’art se développe en solitude, et le poète Novalis [Allemagne, 1772-1801] écrit que “C’est intérieurement que va le chemin mystérieux”. Mais pour aller vers l’intérieur, pour parcourir ce chemin mystérieux qui est le chemin de tout être humain, il faut avoir l’espace et la solitude nécessaires.

Le traité mishnique de Pirkei Avot commence avec la phrase « Moché a reçu la Torah du Sinaï. » La question classique est: pourquoi du Sinaï ? Pourquoi ne pas simplement dire qu’il l’a reçue de la Transcendance divine? Le commentateur Yehuda Abravanel [Portugal, 1464-Italie, 1530] suggère que le Sinaï, lieu isolé du reste du monde, a donné au prophète les facultés spirituelles nécessaires pour recevoir la Torah.  Moché a donc bien reçu la Torah du Sinaï, car c’est le Sinaï qui le lui a permis.

L’isolement du Métsorah peut sans dout lui paraître comme une punition. Mais comme pour toute condition, si l’individu est en mesure de l’exploiter pour grandir et méditer sur son comportement, sa condition peut se transformer en un chemin vers l’intériorité la plus pure.

Nous commençons en ce moment à sortir de la pandémie, une situation dans laquelle beaucoup d‘entre nous ont vécu plus isolés que d’habitude, La pandémie nous a entre autre montré à quel point tous les êtres humains sont connectés et reliés les uns aux autres sous un même ciel. Il serait donc extraordinaire de pouvoir constater que ce temps nous aura donné la possibilité de voyager en nous, en nous rendant plus ouverts et plus bienveillants avec les autres.

Je suppose que seul l’avenir nous le dira.

 

Etz Haim : http://www.etzhaim.eu

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Seder de Pessah : limite des inscriptions le 9 avril

Chères amies et chers amis,

Cette année nous avons la joie de pouvoir célébrer Pessah ensemble, Kehilat Kedem et la CJLM, à l’IPT, sous la conduite de notre cher rabbin, Haim Cipriani. Le Seder démarrera à 19H30 et sera précédé par un court office de Kabbalat shabbat à 18H30.
Pour vous inscrire, veuillez remplir le formulaire google en cliquant sur ce lien. Vous serez invité à régler votre participation par virement ou via un lien au site HelloAsso : ici
Les inscriptions doivent se faire avant samedi 9 avril minuit pour  permettre la commande auprès du traiteur.

Nous vous attendons nombreux pour fêter dans la joie cette sortie d’Egypte avec une abondance de Mazot, herbes amères et autres délices !

La figure biblique du berger comme représentation du chef

A l’approche des élections présidentielle, un moment de réflexion, avec le rabbin Philippe Haddad, consacré à la figure emblématique du berger qui, dans la Bible, est très fréquemment utilisée comme représentation de ce qu’un chef politique peut ou doit être.

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Parasha Tazria : puretés et impuretés de corps et d’esprit

La parasha Tazria rapproche, de manière assez étrange, plusieurs thèmes qui, a priori, n’ont que peu à voir les uns avec les autres : conception et enfantement sont ainsi mis en parallèle avec la lèpre. Catherine Chalier explore, dans cette vidéo, les notions de pureté et d’impureté, dans Tazria et dans Metsora.

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