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Auteur : Sean Laidlaw

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01février
2022

Parashat Teroumah : faire place à la sainteté

01/02/2022
Sean Laidlaw
Parasha & haftarah de la semaine
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Les Israélites ont quitté l’Égypte, ils ont reçu la Torah au mont Sinaï, et maintenant ils sont dans le désert et ils reçoivent des instructions pour la construction du Mishkan, la demeure portable de Dieu qui accompagnera le peuple dans le désert. La paracha de cette semaine donne bien l’impression qu’elle sera mieux placée sous forme de diagramme. Les instructions très complètes (qui occupent tout notre texte) sont longues, extrêmement détaillées et précisent chaque étape de la construction. Il y a treize versets détaillant la fabrication des tissus pour le Mishkan, quinze versets différents sur les planches de bois d’acacia, six détaillant les étapes de la construction de l’autel et de ses ustensiles et dix sur l’enceinte latérale du Mishkan, chaque instruction donnée avec ses propres mesures en coudées. Terumah est, à première vue, l’une des parashot dont la pertinence pour nos vies modernes est moins évidente.

Pourquoi Dieu a-t-il besoin d’un édifice physique au milieu du peuple ? Il a porté le peuple jusqu’ici sans en avoir, et nous avons encore de nombreux livres de la bible à finir avant de parler de la construction du vrai temple à Jérusalem. La raison est que nous avons la question à l’envers, ce n’est pas que Dieu a besoin d’un espace physique mais que lui, il sait que nous en avons besoin. En faisant une place pour Dieu, nous faisons place pour Dieu. Nous avons besoin de lieux sacrés, nous sommes programmés pour avoir besoin d’espaces distincts pour les différentes composantes de notre âme. Récemment, nous avons pris conscience de la douleur de la perte de cette physicalité. À notre époque, beaucoup d’entre nous sommes contraints de réduire toutes les composantes de nos vies à des espaces singuliers qui doivent servir de salles de classe, de synagogues, des salons des proches, de clubs sociaux, de bars où l’on rencontre de vieux amis et de chambres d’hôpital où l’on fait ses adieux pour la dernière fois. La réalité de notre condition humaine est que nous sommes façonnés par les espaces que nous habitons. Il y a un pouvoir dans notre environnement, c’est pourquoi nous nous promenons en automne dans la forêt, pourquoi nous ressentons de l’admiration en regardant la mer à l’horizon, de l’émerveillement en entrant dans nos synagogues aux fêtes des Tishri, et de la nostalgie pour les lieux que nous considérons autrefois comme les nôtres. Nous sommes façonnés par notre environnement, et nous sommes donc amenés à rechercher les lieux qui nous apportent ce dont nous avons besoin. La présence d’un Mishkan dans le camp sera l’un de ces endroits pour le peuple, et ils en auront besoin.

Rashi nous dit que la chronologie de ces événements ne correspond pas à leur ordre écrit dans notre Torah, et que l’épisode du veau d’or a précédé les instructions de construction du tabernacle[1]. Avec cette chronologie, nous pouvons imaginer les Israélites dans le désert, froids, confus, craignant les conséquences suite à l’épisode du veau d’or. Il en va de notre vie spirituelle comme de notre vie sociale, nous mentons, nous décevons, nous oublions et nous trahissons. Avec le récent épisode d’idolâtrie qui pèse sur la conscience du peuple, le Mishkan peut donc être vu non seulement comme un lieu où les israélites peuvent aller pour trouver Dieu, mais comme le souligne Abravanel, comme un rappel constant qu’il ne les a pas abandonnés, qu’il est toujours avec eux. Nous pensons que Dieu veut que les Israélites lui construisent un Mishkan pour qu’il puisse y habiter, mais l’hébreu est au pluriel, בְּתוֹכָֽם, ce qui indique que ce n’est pas dans/avec « cela » [le Mishkan] qu’il habitera, mais avec « eux » – parmi le peuple.

Les instructions continuent, détaillant les ornements qui vont du bronze le plus éloigné du Mishkan, à l’argent, puis à l’or pour les ornements de l’arche. Il est surprenant de constater que dans ce lieu très saint, avec tout l’or que les Israélites pouvaient donner, il y a quelque chose d’autre que l’on met. C’est là, nous dit la Guemara, que sont conservées les tables de la loi, non seulement la deuxième paire, mais aussi la première paire que Moïse a brisée en voyant ce que les Israélites avaient fait en construisant le veau d’or[2]. Dans ce sommet de la sainteté, nous devons placer quelque chose de brisé, un élément de la perfection de la révélation, brisé par les mains de l’Homme. Le symbolisme de ce placement dans le lieu le plus saint est frappant. Car ce n’est pas dans notre état parfait que nous avons accepté la torah, et ce n’est pas en tant qu’êtres parfaits que nous sommes créés. Les tablettes brisées dans l’arche nous rappellent que ce n’est pas en tant qu’êtres parfaits que nous sommes aimés, mais en tant qu’individus brisés, faillibles, que nous sommes réellement. Leur présence dans l’arche est un rappel que non seulement Dieu est avec nous dans le camp, mais qu’il est avec nous précisément tels que nous sommes.

Nous ne sommes plus dans le monde du temple, nous ne sommes pas dans le désert, et nous n’avons pas de Mishkan dans notre camp. Le rappel visuel de la présence divine a disparu, mais le monde dans lequel nous avons été jetés reste tout aussi déroutant, ses injustices tout aussi capricieuses, et son sens toujours plus insaisissable. Notre paracha explique comment créer une espace physique pour la sainteté, mais c’est dans le midrash que nous voyons comment nous faire de la place à la sainteté en nous-mêmes. On nous dit que lorsque Moïse reçoit l’instruction de construire la ménorah en or, il ne sait pas comment, et malgré les explications répétées de son créateur, il ne peut pas comprendre comment il peut la fabriquer, et on lui dit finalement de simplement jeter l’or sur le feu, où il émergera de lui-même en tant que ménorah[3]. Le pouvoir de façonner l’objet à sa volonté était toujours là, mais ce n’est que lorsque Moïse a fait tout ce qu’il pouvait, lorsqu’il a agi le premier, jusqu’aux limites de ses capacités, que Dieu est venu à ses côtés pour l’aider à terminer ce qu’il ne pouvait faire seul. Dieu est avec nous, pas dans le camp, pas dans le Mishkan, mais là où nous choisissons de le rencontrer. Nous faisons ce que nous pouvons, nous faisons un pas vers lui, nous mettons l’or sur le feu, en retour, il fait un pas vers nous, et prend notre main tendue. 

Le Mishkan d’aujourd’hui n’est pas un édifice physique, mais c’est la place que nous laissons à l’émerveillement et à la joie dans le quotidien. Comme Moïse, nous devons faire le premier pas, ce que nous faisons à travers nos actes quotidiens de dévotion, dans le sourire à l’étranger, l’étreinte d’un être cher, le réconfort du rire d’un ami, et la joie que nous éprouvons dans l’expérience improbable d’être ici. 

Nous sommes pressés et nous sommes occupés, mais lorsque nous nous forçons à ralentir, nous faisons de la place pour le sentiment de sainteté dans nos vies. Car même si le rappel visuel de la présence divine a disparu, nous pouvons toujours le sentir proche de nous. L’affaiblissement spirituel et l’aliénation par notre monde matériel ne sont pas inévitables, car même si nous remplissons nos jours avec les affaires de tous les jours et que nous nous tranquillisons avec les tâches futiles, Dieu est toujours là lorsque nous tendons la main vers lui, et il attend que nous fassions le premier pas.

 

[1] Rashi on Exodus 31:18:1

[2] Talmud Bavli, Bava Batra 14b

[3] Midrash Tanchuma Shmini 8.2

Version Anglophone

Parshat Terumah – Making space for holiness

The Israelites have left Egypt, they have received the Torah at mount Sinai, and now they are in the desert and they receive instructions for the construction of the Mishkan, the portable dwelling place for God to accompany the people through the desert. As texts go, this one seems like it would be better suited as a diagram. The very comprehensive instructions which occupy our whole portion are lengthy, extremely detailed, and spell out each step for the construction. There are 13 verses detailing the making of the cloths for the Mishkan, 15 different verses on the acacia wood planks, 6 elaborating on the steps for building the altar and its utensils and 10 on the Mishkan’ side enclosure, each with their own cubit measurements for the subcomponents. Terumah is, at first glance, one of the portions with less obvious relevance to our modern lives. 

Why does god need a physical edifice among the people? He has carried them so far without, and we are many books of the bible away from the construction of the real temple in Jerusalem. The reason is that we have it the wrong way around, it is not that god needs a physical space but that he knows we do. By making a space for god, we are making space for god. We have a need for sacred places, we are hardwired to need spaces for the different components of our soul.

Recently, we have become acutely aware of the pain of losing this physicality. In these current times many of us are constrained to have all the components of our lives reduced to singular spaces which must serve as classrooms, as synagogues, as relative’s living rooms, as the social clubs we attend, as bars we meet old friends, and as the hospital rooms where we say goodbye for the last time. The reality of our human condition is that we are shaped by the spaces we inhabit, there is power to our surroundings which is why we go for autumn walks in the forest, why we feel awe staring the sea out to the horizon, feel wonder walking into our high-holy day synagogues, and nostalgia at the places we once thought of as ours. We are shaped by our surroundings, and so are moved to seek out the places that give us what we need. The presence of a Mishkan within the camp would be one of these places for the people, and they will need it.

Rashi tells us the chronology of these events is not the same as their written order in our Torah, and that the episode of the Golden Calf preceded the instructions to construct the tabernacle[1]. With this chronology, we can imagine the Israelites in the desert, cold, confused, fearful for the consequences following the episode of the golden calf. We are with our spiritual lives, as we are with our social lives, we lie, we disappoint, we forget, and we betray. With the recent episode of idolatry weighing on the conscience of the people, the Mishkan can thus be seen not only as a place where the israelites can go to find god, but as Abravanel points out, as a constant reminder that he has not forsaken them, that he is still with them. We think of god as wanting the israelites to build him a Mishkan so that he may dwell there, but the hebrew is plural, בְּתוֹכָֽם, indicating that it is not in/with « it » [the Mishkan] that he will dwell, but with « them » – among the people.

 

The instructions continue, detailing the ornaments that go from bronze furthest out from the Mishkan, to silver, and then to gold for the ornaments on the ark. Surprisingly though, among this holiest of places, with all the gold the Israelites could give, there lies something else within the ark itself. Here, the Gemara tells us, are kept the stone tablets of law, not only the second pair, but the first pair which Moses smashed on seeing what the Israelites had done in building the golden calf[2]. Within this apex of holiness we are to put something broken, an element of the perfect from revelation, broken by the hands of man. The symbolism of placing this at the holiest of holiest sites is striking. Because it is not in our perfect state that we accepted torah, and it is not as perfect beings that we are created. The broken tablets in the ark are a reminder that it is not as beings of perfection that we are loved, but as the broken, fallible, individuals we actually are. Their presence in the ark is a reminder that not only is God with us in the camp, but that he is with us precisely as we are.

We are no longer in the world of the temple, we are not in the desert, and we have no Mishkan in our camp. The visual reminder of God’s presence is gone but the world into which we have been thrown remains just as confusing, its injustices just as capricious, and its meaning ever more elusive. Our parasha spells out how to create the physical space for holiness, but it is in the midrash that we see how we can create the space for holiness within ourselves. We are told that when Moses is instructed to build the gold menorah, he does not know how, and despite repeated explanations from his creator, he can not understand how he can make it, and so is told finally to simply cast the gold onto the fire, where by itself, it will emerge as the formed menorah[3]. The power to form the object to his will was always there but it was only when Moses did all he could, when he acted first, up to the limits of his abilities that God came to his side to help him finish what he could not do alone. God is with us, not in the camp, not in the Mishkan, but where we meet him. We do what we can, we take a step towards him, we put the gold on the fire, in return, he takes a step towards us, and takes our outstretched hand. 

 

The Mishkan of today is not an edifice, but the room we leave to experience the wonder and joy in the everyday. Like Moses, we must take the first step which we do through our daily acts of devotion, in the smile at the stranger, the embrace of a loved one, the comfort of friend’s laughter, and the joy we take in the improbable experience of being here at all. 

We are rushed and we are busy, but when we force ourselves to slow down, we make room for the feeling of holiness in our lives. Because although the visual reminder of God’s presence may be gone, we can still feel him with us. The spiritual deadening and alienation of the material world is not inevitable, for though we fill our lives with the business of the everyday, and we tranquilize ourselves through the trivial, God is still there when we reach out to him, and he is waiting for us to take the first step.

 

Photo by Igor Rodrigues on Unsplash

 

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26octobre
2021
Parasha haye sarah : les actes et leurs conséquences

Parasha Hayé Sarah : « Je promets… pour que tu puisses agir »

26/10/2021
Sean Laidlaw
Parasha & haftarah de la semaine
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Contrairement à beaucoup d’autres traditions que l’on pourrait trouver sur le marché des idées de notre société moderne, on ne peut pas être juif tout seul. Au cœur de notre tradition se trouve le rassemblement en tant que peuple, en tant que famille. On ne peut pas avoir un minyan d’un seul fidèle, lire un kaddish tout seul ou avoir une lecture de Torah en solo. On se réunit ensemble pour former les communautés, mais ce qui fait de nous, non seulement une communauté, mais une tradition, c’est la perpétuation de nos valeurs à travers le temps, ledor vador.

La parasha que nous étudions cette semaine est cruciale dans la mesure où les personnes que Dieu avait choisies pour diriger sa nouvelle nation commencent à mourir. Notre parasha, Hayé Sarah, la vie de Sarah, débute par l’annonce de sa mort et se termine par l’annonce de celle d’Abraham. Le flambeau d’Abraham et de Sarah, qui devait être une lumière pour les nations, commence à s’éteindre, et personne ne peut encore le porter.

Nous avons lu il y a quelques semaines, dans le parasha Lekh Lekha, la promesse que Dieu a faite à Abraham d’avoir une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel, qu’il sera le père d’une nation sainte, et que la terre de Canaan sera pour lui et ses descendants. On sait qu’Abraham meurt à la fin de cette parasha : alors où est sa grande descendance ? sa nation ? sa terre? La parasha fait le récit de deux événements principaux, l’achat du caveau funéraire et la recherche d’une épouse pour Isaac. Comme nous le verrons, ce sont les deux manières par lesquelles  l’Homme, et non Dieu, accomplit la promesse de Dieu.

Une invitation à agir

Notre parasha commence avec Abraham qui se rend chez les Hittites pour leur acheter une parcelle de terre pour un caveau funéraire familial. il doit négocier avec Ephron pour finalement obtenir la grotte de Makhpéla à un coût de 400 shekels. Ceci est significatif non seulement car c’est le premier achat de terre dans la terre promise, mais que pour obtenir la terre que Dieu a promise à Abraham, il a dû payer une somme conséquente « de sa propre poche ».

Avec sa femme enterrée et ayant acquis un caveau funéraire pour la famille, le reste de la parasha suit la tentative d’Abraham de trouver une femme pour Isaac. Abraham est avancé en années, nous dit notre texte, et il a demandé à son serviteur de trouver une femme pour son fils dans son pays d’origine et pas sur la terre de Canaan. Beaucoup d’encre a coulé sur le sujet du refus catégorique d’Abraham de prendre une femme parmi les Cananéennes, ce sont les femmes du pays qu’on lui a promis alors pourquoi retourner dans sa patrie pour chercher une femme pour son fils ? Jusqu’ici dans le texte, l’alliance n’a pas été une affaire de famille mais une affaire d’Abraham. Nos sages nous disent qu’Abraham et Isaac ne se parlent plus après l’Akeda, et que la mort de Sarah peut être attribuée à sa découverte de ce qu’Abraham avait fait (1). On ne peut pas avoir d’alliance de génération en génération si la moitié de notre famille est envoyée dans le désert et que le fils restant ne veut plus rien avoir à faire avec son père. Il n’est pas nécessaire d’expliquer à un public de Juifs occidentalisés que les traditions sont des choses fragiles. Il suffit juste d’être entouré de personnes qui pratiquent différemment pendant suffisamment longtemps pour que peu à peu la tradition n’existe plus. Je pense qu’Abraham voulait qu’Isaac ait une femme de sa patrie pour éviter de confronter Isaac avec une nouvelle tradition cananéenne qu’il pourrait adopter au détriment de celle de son père. Par ce choix, il espère que l’alliance peut continuer à travers Isaac, et à travers ses descendants. 

Lorsque le serviteur d’Abraham, que notre tradition identifie comme Eliezer, arrive au puits où il s’attend à trouver une femme pour Isaac, il fait quelque chose qui n’a pas encore été raconté dans la Torah. Il prie. Nous avons maintes fois lu des histoires de personnes dans la Torah qui ont parlé, supplié et argumentant avec Dieu, mais c’est la première fois que nous trouvons quelqu’un en train de prier comme nous le lisons aujourd’hui, priant pour être guidé, priant pour que Dieu intercède dans le monde et l’aide à remplir sa mission. Il prie pour qu’il puisse trouver une femme pour Isaac. Sa prière achevée, Rebecca est devant lui.

Si Dieu est l’architecte, nous sommes les bâtisseurs

Le mot promesse dans notre langage moderne a une connotation en contradiction avec ce que notre parasha nous raconte. Nous parlons de Dieu qui fait une promesse à Abraham, mais nous voyons bien qu’Abraham ne reçoit pas de générations de descendants, son fils ne reçoit pas de femme et il ne reçoit pas de parcelles de terre en terre de Canaan. Ce qu’Abraham a reçu n’est pas une promesse de récompense, mais une promesse d’appel: une invitation à agir. Dieu fait des promesses et nous bénit de beaucoup de choses. Mais c’est nous qui devons prendre les paroles de nos bénédictions, et le contenu des promesses divines et, à travers nos actions, les rendre existantes dans le monde. Si Dieu est l’architecte, c’est nous qui sommes les bâtisseurs. S’il exige que le monde soit meilleur, c’est la mission d’Israël de le changer. Abraham a été béni avec un fils et avec beaucoup de richesses. Mais il appartenait à Abraham d’utiliser la richesse dont il a été béni afin d’obtenir des terres en Canaan et de s’assurer que le fils qui lui avait été donné perpétue sa tradition.

Le récit de la genèse plus généralement nous fait souvent remettre en question notre impulsion rationaliste à comprendre le monde comme avançant selon ses propres lois naturelles. Nous sommes confrontés ici au conflit que nous avons en nous de vouloir que nos prières soient efficaces, pour que nous puissions compter sur Dieu pour influencer le monde en notre nom, pour nous aider en cas de besoin, et pour changer nos circonstances lorsque nous sommes en détresse. Mais si c’est à nous, et seulement à nous, d’agir sur le monde pour accomplir la promesse de Dieu, alors pourquoi nous, et pourquoi Eliezer se tourne-t-il vers la prière ? Eliezer prie puis voit Rebecca, alors Dieu est-il intervenu dans le monde ? a-t-il agi sur l’ordre naturel de l’univers pour faire apparaître la bonne personne à Eliezer ? Quand on regarde les paroles de sa prière, on voit qu’il dit : « Accorde-moi la bonne fortune ce jour », « que la jeune fille à qui je dis […] soit celle d’Isaac ». Par le « moi » et le « je », il met en avant qu’il sait que c’est lui qui doit changer afin de voir la future épouse d’Isaac. Il termine alors sa prière et il voit Rebecca. 

Etre choisi, c’est accepter la responsabilité de notre mission

Maïmonide dans son Guide des Perplexes (2) explique la vision rationaliste selon laquelle l’univers et son ordre naturel sont immuables depuis sa création. La providence divine dans le monde n’est qu’une fonction de l’activité humaine, et que Dieu intervient dans le monde par nos actions. Prier pour le changement, c’est changer sa perception des situations et donc son propre état d’esprit, pour être capable de voir les opportunités qui sont déjà là et dans lesquelles nous pouvons déjà agir. Eliezer prie pour trouver la bonne épouse pour Isaac, il utilise la prière pour affiner sa propre perception afin de s’aligner sur sa mission, puis il peut la voir, puis il peut agir.

Pourquoi vénérons-nous les Avot ? Est-ce juste parce qu’ils ont été les premiers à essayer de vivre selon le Torah ? Est-ce juste parce qu’ils ont initié notre tradition ? Ou est-ce parce qu’ils incarnent une vérité plus profonde à laquelle nous nous connectons, parce qu’ils nous disent quelque chose sur ce que cela signifie d’être un peuple élu ou choisi. Être choisi, ce n’est pas recevoir les promesses et voir les récompenses s’ensuivrent d’elles-mêmes. Etre choisi, c’est accepter la responsabilité de notre mission divine dans ce monde, prier pour que notre volonté s’aligne sur le ratzon hashem mais, en fin de compte, c’est utiliser la bénédiction que nous avons reçue pour remplir notre vocation sainte dans ce monde.

1- Bereshit Rabbah, 58:5
2- Le Guide des perplexes, 2:29-3:17

Version anglophone

 

Parasha Haye Sarah: « I promise that… you may act »

 

Unlike many other traditions, philosophies or religions one could reach for in the modern day marketplace of ideas, one can not be Jewish alone. Central to our tradition is the coming together as a people, as a family. One can not have a minyan of one, a Kaddish by oneself, or Torah service solo. As communities we come together with our peers, but what makes us a tradition and not only a community is the perpetuation of our values through time, ledor vador.

The parasha we study this week is pivotal in that the people God had chosen  to lead his new nation are starting to die off. Our parasha, Haye Sarah, the life of Sarah, starts by announcing her death, and will end with Abraham’s own. The torch of Abraham and Sarah, that was to be a light unto the nations, is starting to go out, and no one is yet willing to carry it forwards. 

We read a few weeks ago in Lekh Lekha, of God coming to Abraham and making him a promise, he will have descendants as numerous as the stars, he will be the father of a holy nation, and the land of Canaan will be for him and his descendants. We know Abraham dies at the end of this parasha: so where are his descendants, his nation, his land? The portion has two main events, the buying of the burial plot, and the finding of a wife for Issac. As we shall see, they are both ways in which it is man, not god, who fulfils God’s promise.

Our parasha begins with Abraham going to the Hittites to ask to buy a parcel of land for a family burial plot; he has to negotiate with Ephron to finally obtain the Cave of Machpelah at a cost of 400 shekels. This is significant not only as it is the first purchase of land within the promised land, but that to obtain the land God promised Abraham he had to pay a significant sum of his own silver.

An invitation to act

With his wife buried, and a resting place for the family obtained, the rest of the parsha follows the attempt of Abraham to find a wife for Issac. Abraham was now old, our text tells us, and he instructed his servant to find a wife for his son from the land he came from and not from the surrounding Canaanites. Much has been made of Abraham’s adamant refusal to take a wife from the Canaanites, the women from the land he was told will be his. Why go back to his homeland to get a woman for his son? So far in the text the covenant has not been a family affair but an Abraham affair. Our sages tell us that Abrahram and Issac never speak again after the Akedah, and that Sara’s death can be attributed to finding out about what Abraham had done (1). One can not have a covenant from generation to generation if half your family is sent off into the desert, and the remaining son wants nothing to do with you. An audience of westernised reform Jews doesn’t need to be told that traditions are fickle things, be only around people who do differently for long enough and suddenly the tradition is no more. I think Abraham wanted Issac to have a wife from his homeland to avoid confronting Issac with a new Canaanite tradition that he would prefer to that of his father. By his choice of wife, he hopes the covenant can live on through Issac, and through Issac’s descendants. 

When Abraham’s servant, that our tradition identifies as Eliezer, arrives at the well where he expects to find a wife for Issac, he does something not yet encountered in the Torah. He prays. Many a time have we read about people in the Torah who have spoken, pleaded with, and argued with God, but this is the first time we find someone praying as we would recognise it today, praying for guidance, praying for God to intercede in the world and help him fulfil his mission. He prays that he may find a wife for Issac, and as soon as he has finished, Rebecca appears in front of him. 

If God is the architect, we are the builder

The word promise in our modern parlance has a connotation at odds with what our parasha provides us. We talk of God making Abraham a promise, but Abraham is not given generations of descendants, his son isn’t given a wife, and he is not given parcels of land in Canaan. What Abraham was given is not a promise of reward, but a promise of calling. An invitation to act. God makes promises, and blesses us with many things. But it is us who must take the words of the blessings, and the contents of divine promises, and through our actions make them real in the world. If god is the architect, we are the builder. If he demands the world be better, it is the mission of Israel to change it. Abraham was blessed with a son, and many riches. But it was up to Abraham to use the wealth with which he had been blessed to obtain land in Canaan, and to ensure the son he was given continued his tradition.

The genesis narrative in general often makes us question our rationalist impulse to understand the world as moving according to its own laws of nature. We are confronted here with the conflict we have inside us to want prayer to be effective, for us to be able to have God influence the world on our behalf, to help us when in need, and to change our circumstances when we plead in distress. But if it is on us, and only on us, to act on the world to fulfil God’s promise, then why would we, and why would Eliezer, turn to prayer? Eliezer prays and then sees Rebecca, so has god interceded in the world, acted on the natural order of the universe to make the right person appear to Eliezer? When we look at the words of his prayer, we see he says: « grant me good fortune this day », « let the maiden to who I say […] be the one for Issac ». By the « me » and the « I » in his prayer, he shows a recognition that it is on him to change, such that he can see the future wife of Issac. He finishes his prayer and then he sees Rebeca. 

To be chosen is to accept our divine mission

Maimonides in his Guide for the Perplexed (2) explains the rationalist view that the universe and its order is immutable since its creation. Divine providence in the world is but a function of human activity, intervening through our actions. To pray for change, is to change one’s mindset, one’s perception, to be able to see the opportunities in which we can act in the world in the way we would want God to. Eliezer prays to find the right wife for Issac, he uses prayer to hone his own perception to align with his mission, and then he can see her, then he can act.

Why do we revere the Avot? Is it just because they were the first to try and live lives of Torah? Is it just because they started our tradition? Or is it because they embody a deeper truth to which we connect, because they tell us something about what it means to be chosen. To be chosen is not to receive the promises and have the blessings ensue by themselves. To be chosen is to accept our divine mission in this world, to pray so that our will might align the ratzon hashem, but ultimately it is to use that with which we have been blessed to fulfill our sacred calling in this world.

1- Bereshit Rabbah, 58:5
2- The Guide for the Perplexed, 2:29-3:17

Photo : Bradyn Trollip - Unsplash 
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Parasha & Hatftarah
  • Vayishla’h ou les angoisses de Jacob – par Jean-Pierre Winter, psychanalyste

    Dans la parasha Vayishla’h, Jacob, de retour de son séjour chez Laban, envoie des messagers auprès de son frère Esaü pour sonder ses intentions ; ils reviennent en lui annonçant que celui-ci vient à sa rencontre à la tête de 400 hommes. Pensant que son frère vient le tuer, Jacob sépare ses biens et sa famille en deux camps, afin qu’en cas d’affrontement, au moins une partie survive. Il prie D.ieu de lui venir en aide et envoie des présents à Esaü. La nuit venue, il rencontre « un homme », avec lequel il lutte jusqu’au matin et qui le blesse, avant de lui annoncer que son nom sera désormais Israël, car il a lutté avec D.ieu et avec les hommes. La rencontre avec Esaü se passe mieux que Jacob ne l’avait anticipé : les deux frères se réconcilient, et chacun s’installe dans un territoire distinct. A Sichem, où Jacob dresse son camp, sa fille Dinah est enlevée par le prince de la ville. Siméon et Lévi persuadent les Sichémites de se circoncire pour que le mariage soit scellé. Profitant des jours de douleur consécutifs à une telle opération, ils entrent dans la ville et en massacrent la population, à la grande fureur de leur père. Jacob retourne à Bethel, où il eut jadis le songe de l’échelle, et il y érige un sanctuaire. D.ieu se manifeste à lui et lui confirme son nouveau statut d’Israël. Peu après, Rachel meurt en donnant naissance à son second fils, Benjamin. Isaac meurt également ; Jacob et Esaü se retrouvent une fois encore pour ensevelir leur père à Hébron. https://akadem-vod.streaminternet.com/vod/1701_WINTER.mp4 Illustration : Aliaksei Lepik – Unsplash

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  • Parasha Vayetse : le long chemin vers l’intégrité – par le rabbin Philippe Haddad

    Jacob fuit la colère de son frère Esaü. Il s’arrête en chemin dans un lieu appelé Louz, où lui apparaît en rêve une échelle qui touche les cieux, et que parcourent des anges. Il aperçoit au sommet l’Eternel, qui lui promet de l’accompagner en exil. A son réveil, Jacob dresse une pierre et renomme le lieu Bethel. Jacob parvient à Haran, chez son oncle Laban, où il rencontre sa cousine Rachel, près d’un puits (comme Eliezer, qui avait rencontré Rébecca près d’un puits; mais alors que Rébecca avait donné à boire à Eliezer, c’est Jacob qui fait rouler la pierre du puits pour permettre à Rachel de boire). Jacob accepte de travailler sept ans pour Laban afin d’obtenir la main de Rachel mais après la noce, il se rend compte qu’il a été trompé et qu’il a, sans le savoir, épousé la soeur aînée de Rachel, Léa. Au prix de sept années de labeur supplémentaires, il obtient également Rachel. Mais celle-ci demeure stérile, contrairement à Léa. Les deux femmes donnent chacune à Jacob l’une de leurs servantes comme concubine. Ce n’est qu’après la naissance de dix fils et d’une fille que Jacob a enfin un enfant de Rachel : Joseph. Décidant de rentrer en Canaan, Jacob doit encore échapper à Laban, à qui Rachel a dérobé des idoles. https://www.youtube.com/watch?v=UOVXNkf6bOo Illustration :  Mohamad Babayan – Unsplash

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  • Parasha Toledot – par Manitou

    Longtemps infertile, Rébecca est enfin enceinte. Mais ses enfants, des jumeaux, se battent déjà en son sein. Il lui est annoncé qu’il en sera ainsi toute leur vie, et même au-delà, au travers des peuples qui descendront d’eux. Le premier à naître, Esaü, est un chasseur vigoureux, aimé par son père Isaac. Le second, Jacob, aime l’étude et rester sous la tente, auprès de sa mère. Un jour qu’Esaü revient de la chasse affamé, il aperçoit Jacob cuisant un plat de lentilles, et les échange contre le droit d’aînesse. Une famine advient et Isaac doit migrer chez les Philistins. Il y renouvelle le pacte avec eux et s’installe à Beer Sheva. Esaü épouse des femmes du pays, ce qui déplaît à sa mère. Isaac, sentant que la mort approche, souhaite donner sa bénédiction à Esaü mais Jacob, sur les conseils de Rébecca, usurpe sa place. Apprenant cela, Esaü se promet de tuer son frère, qui doit fuir chez son oncle Laban, frère de Rébecca. Le cours de Manitou (1984) sur la parasha Toledot : Illustration : Alexander Grey – Unsplash

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La parasha de la semaine, par Judaïsme en Mouvement

Cours & conférences
  • Hannukah : ce qu’en dit Manitou

    Le Rav Leon Ashkenazi, dit Manitou (1922-1996), est certainement l’un des intellectuels les plus influents dans la pensée juive francophone (et bien au-delà) de la deuxième moitié du XXème siècle. Sa pensée, à la fois profondément traditionnelle et d’une grande originalité, ne s’inscrit réellement dans aucune des grandes tendances du judaïsme contemporain et, à bien des égards, les dépasse toutes. Une partie importante de ses cours a été conservée sous forme d’enregistrements audio, et est conservée et mise à disposition de tous par Akadem. Voici celui qu’il a consacré à Hannukah. Première partie du cours : Deuxième partie du cours : Source : Toumanitou

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  • Comme un air de yeshiva

    Samedi 24 juin à 14h00 à l’IPT, Kehilat Kedem vous propose un rendez-vous exceptionnel, rejoindre et participer à la havrouta (étude entre frères et sœurs dirigée par un rav, celui qui en sait beaucoup) animée en présence par le rabbin, philosophe, talmudiste, linguiste, logo thérapeute, poète, et plus … le professeur Georges Elia Sarfati. Kehilat Kedem vous invite à une expérience inédite, (pour certains), bref à une aventure textuelle, ouverte à tous et … dont l’entrée est libre ! Voilà 3 ans que Georges Elia Sarfati nous accompagne et nous guide dans les méandres de la pensée juive, semaine après semaine, nous étudions les parashyot, tous les 15 jours, nous étudions aussi les textes de la tradition du Musar, tous les 15 jours en alternance (le Musar, c’est l’éthique juive). Nous réfléchissons à la multiplicité des visages du judaïsme, selon les sursauts souvent dramatiques de notre histoire, selon l’avancée des sciences, l’évolution de la société … en nous appuyant sur la pensée d’hommes et de femmes qui dans les ténèbres cherchent la lumière. Ces rendez-vous réguliers, nous les préparons au mieux en étudiant en binôme, mais parfois seul, nous nous cognons aux textes parfois obscurs en première lecture, puis à force de les lire, de chercher et/ou tout simplement de se laisser porter, du sens, ou ce qui nous apparaît comme tel, émerge… mais parfois non. Ne nous laissons pas abattre mais au contraire, battons-nous contre notre sentiment d’errance face à des textes qui nous apparaissent hermétiques ! Tentez l’expérience avec le texte en FJ. Qu’ils nous interpellent ou non, nous savons, à force de pratiquer ces études, que le commentaire de notre « moreh » (notre enseignant) nous réserve un coup de théâtre, parfois même plusieurs. Et nous voilà tous surpris, enchantés, revisitant le monde avec un nouveau regard : quelque chose en nous s’est transformé. Faites l’expérience avec quelques extraits de texte de l’école du rabbi Isaac l’Aveugle ! Soyons nombreux à respirer l’air d’une yeshiva un après-midi de shabbat de juin ! A samedi 14h00 à l’IPT avec le texte et vos commentaires en bandoulière ! Margot Responsable des études à Kehilat Kedem TELECHARGEZ LE TEXTE A ETUDIER ICI

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Culture juive
  • Les Kuki : une communauté juive menacée au Nord-Est de l’Inde

    Au Manipur, Etat de l’Inde frontalier avec la Birmanie, une communauté juive comprenant plusieurs milliers de personnes appartenant à la tribu des Kuki est aujourd’hui prise au milieu de violences inter-ethniques qui sévissent depuis plusieurs mois dans la région. Qui sont les Kuki ? Les Kuki constituent un groupe tribal parlant une langue tibéto-birmane qui réside de part et d’autre des frontières entre l’Inde, la Birmanie et le Bangladesh. Parmi ce groupe, qui a été converti au christianisme introduit par des missionnaires protestants à la fin du XIXe siècle, des revendications d’une origine israélite émergent à partir des années 1950. Les Kuki convertis tissent des liens entre des récits bibliques et leur littérature orale et établissent des parallèles entre des pratiques rituelles décrites dans l’Ancien Testament et celles qu’ils observaient avant leur conversion au christianisme. Persuadés d’être les descendants de Menashe, une tribu perdue d’Israël, certains Kuki se mettent à observer shabbat et à célébrer les fêtes juives à partir des années 1970. Ils entrent également en contact avec d’autres communautés juives en Inde et en Israël. Une tribu pratiquant le judaïsme entre Inde et Israël En 1975, le rabbin israélien Eliyahu Avichail fonde une organisation nommée Amishav (« notre peuple » en hébreu) qui se donne pour mission de retrouver les descendants des tribus perdues d’Israël. Il se rend plusieurs fois en Asie pour rencontrer des communautés juives « perdues » dont il accueille par la suite des représentants en Israël. C’est ainsi qu’en 1981, deux hommes appartenant à des groupes tribaux du nord-est de l’Inde (les Kuki et les Mizo) sont invités à séjourner en Israël pour approfondir leurs connaissances du judaïsme dans des centres d’études de la Torah et du Talmud (yeshivot) et diffuser ensuite ce savoir auprès de leurs communautés respectives en Inde. Depuis la fin des années 1980, près de 5000 Kuki et Mizo qui s’autodésignent par l’expression « Bnei Menashe » (les « descendants de Menashe »), se sont installés en Israël avec l’aide d’ONG dont la mission est de faciliter l’aliyah de juifs « perdus » disséminés à travers le monde. En Inde, environ le même nombre de Bnei Menashe attendent avec impatience de les rejoindre. Au Manipur comme au Mizoram, ils pratiquent le judaïsme orthodoxe dans leurs synagogues et certains d’entre eux apprennent l’hébreu. Des synagogues brûlées et des milliers de personnes déplacées Mais au Manipur, l’existence de cette communauté juive est aujourd’hui menacée. A la suite d’une manifestation organisée en mai dernier par les populations tribales de la région, des violences interethniques ont éclaté entre les Kuki et les Meitei, groupe majoritaire numériquement et dominant politiquement au Manipur. Des villages entiers ont été brûlés et de nombreux lieux de culte – églises et synagogues – n’ont pas été épargnés. Sajal, village kuki de 350 habitants dont la majorité pratiquent le judaïsme, a ainsi été entièrement rasé. La synagogue et la Torah de la communauté ont été réduites en cendres. Les villageois ont été contraints de fuir dans la jungle avant de trouver refuge dans un camp militaire. Depuis le début du conflit, de nombreuses personnes ont été tuées, mutilées, ou violées, et on compte actuellement près de 60.000 personnes déplacées. Certaines ont trouvé refuge dans des camps sous protection militaire, d’autres ont fui dans les Etats voisins. Plus de 10.000 Kuki ont trouvé refuge au Mizoram, Etat dominé par l’ethnie des Mizo qui accueille également de nombreux réfugiés politiques des tribus Chin et Kuki fuyant les violences exercées à leur encontre en Birmanie et au Bangladesh. Des Mizo pratiquant le judaïsme ont ainsi accueilli de nombreux Kuki ces derniers mois. Au Manipur comme au Mizoram, ces personnes déplacées vivent dans des conditions très précaires, et ont besoin d’une aide d’urgence, incluant en particulier des distributions de nourriture et des soins médicaux. Si vous souhaitez agir, vous pouvez adresser vos dons à Degel Menashe, une ONG israélienne fondée par des Kuki juifs en 2019, qui vient en aide aux familles kuki du Manipur touchées par les violences interethniques. Mayan Kahn >> LE SITE DE DEGEL MENASHE

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Témoignages
  • L’une des fondatrices de Women Wage Peace otage à Gaza

    Vivian Silver, qui fait partie des membres fondatrices de Women Wage Peace, est actuellement sans doute retenue comme otage à Gaza. Ci-dessous : le communiqué (en anglais) de Women Wage Peace. The broad and lingering smile, the determined voice and deep laugh, the clarity of purpose – even if you’ve only seen our beloved Vivian Silver at a distance, you surely know who she is and that she has devoted her life to co-existence and women’s empowerment. Speaking to the broadcaster Al Jazeera in Oct 2017 during our Journey to Peace, Vivian said, “We must reach a political agreement. We must change the paradigm that we’ve been taught for seven decades now, where we’ve been told that only war will bring peace. We don’t believe that anymore. It’s been proven that it’s not true.” Vivian emigrated to Israel from Canada as a young woman 50 years ago. She quickly became a cornerstone of our movement after retiring as Executive Director of the Negev Institute for Strategies of Peace and Development (NISPED) and as Co-Director, with Amal Elsana Alh’jooj, of the Arab Jewish Center for Empowerment, Equality, and Cooperation (AJEEC). We know from the last WhatsApp message she was able to send this past Saturday morning, Oct. 7, 2023, that Hamas militants had entered her home in Kibbutz Be’eri on the Gaza border and that she was hiding in her safe room behind a door. We are also deeply concerned about Ditza Heiman, 84, from Kibbutz Nir Oz, who repeatedly called for help and no one answered. Ditza is the mother of long time WWP member Neta Heiman-Mina. Like Vivian and Ditza there are dozens of women, men, girls and boys, babies and elders. We call on all those who can act and impact this dire situation: keep Vivian, Ditza, and all other hostages safe and return them home now! Listen to Vivian Silver talking about Women, Peace and Security, at the ALLMEP annual conference May 31, 2022.

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Kehilat Kedem, la synagogue libérale de Montpellier

Kehilat Kedem s’inscrit dans le mouvement du judaïsme réformé. Notre synagogue vous accueille quelles que soient vos convictions, vos préférences personnelles, votre vie privée ou votre niveau de pratique religieuse. Elle propose un vaste éventail d’activités, ouvertes à tous. Kehilat Kedem est membre de la WUPJ et de Judaïsme en Mouvement (JEM).

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