2021
Inscrivez-vous aux Grandes Fêtes de Tishri 5782 !
Cette année, nous devrions avoir la grande joie de tous nous réunir pour fêter ensemble ces moments si importants que sont Rosh Hachana et Kippour. Nous aurons aussi le plaisir de les partager avec la communauté amie CJLM. Le pass sanitaire ou un test PCR seront demandés à l’entrée. Les gestes barrières seront évidemment respectés (masque obligatoire).
Fêtes de Rosh Hashana (officeS et Seder)
Lundi 6 et mardi 7 septembre 2021
Les offices seront dirigés par l’étudiante rabbin Sophie Bismut
- Lundi 6 septembre, 19h00 : Office du soir de Rosh Hashana
Office suivi du Seder et d’un dîner communautaire. - Mardi 7 septembre, 10h00 : Office du matin de Rosh Hashana
Fêtes de Kippour
Mercredi 15 et jeudi 16 septembre 2021
Les offices seront dirigés par le rabbin Haim Cipriani
- Mercredi 15 septembre, 19h30 : Office du Kol Nidre
- Jeudi 16 septembre 10h00 : Début des offices (Le détail des horaires des différents offices de la journée sera communiqué ultérieurement – Fin du jeûne à 20h49)
INSCRIPTION
Pour participer aux offices de Rosh Hashana et Yom Kippour, nous vous demandons de bien vouloir vous inscrire préalablement.
Les réservations se font en ligne. Pour s’inscrire, cliquez ici.
2021
Les sept semaines de Pessah (ou le décompte de l’Omer)
Nous avons désormais réintégré le Hamets (nourriture à bases de céréales fermentés) dans nos repas. Le Hamets est une représentation symbolique d’un certain orgueil qui peut facilement se transformer en arrogance et ignorance de l’autre. Cependant, Pessah n’est pas vraiment terminé, comme il serait facile de croire. Nous sommes censés ne pas réintégrer ce levain dans nos esprits de façon abrupte, mais doucement et par petites doses, de façon à ne pas en perdre la maîtrise. Cette réintégration progressive, une sorte de rééducation, se fait par le décompte progressif de l’Omer, qui relie Pessah à Shavouot.
La Tora dit: « YHVH parle à Moché pour dire : ‘Parle aux enfants d’Israël, dis-leur: Quand vous viendrez sur la terre que je vous donne, moissonnez sa moisson et apportez la gerbe [Omer], début de votre moisson, au prêtre. Il balancera la gerbe face à YHVH, pour votre agrément. Le prêtre la balancera au lendemain du Chabbat.[…] Comptez pour vous, à partir du lendemain du Chabbat, du jour où vous apportez la gerbe du balancement, sept semaines, qui seront pleines. Jusqu’au lendemain de la septième semaines comptez cinquante jours et présentez une offrande nouvelle à YHVH. De vos demeures, vous apporterez deux pains du balancement; ils seront de deux dixièmes de semoule. Ils seront panifiés de ferment, prémices pour YHVH. » (Lévitique 23 : 9-17)
Maîtrise du temps comme signe de liberté
Pendant les sept semaines qui séparent Pessah de Shavouot, la Torah demande donc de compter rituellement le nombre de jours et de semaines. Cela nous rappelle que cette période est une sorte d’amplification de la fête de Pessah, dont la durée est étendue à sept semaines, à la place des sept jours habituellement considérés. Cela montre bien que Chavouot représente la conclusion de Pessah, et pour cette raison elle est appelée dans la littérature rabbinique Atséreth, « clôture ».
Le fait que cette période du Omer soit distinguée par un décompte du temps n’est pas anodin. La maîtrise du temps est le signe de la liberté. C’est à cause de cela que le pain de Pessah, la matsa, n’est rien d’autre que du Hamets «avorté », auquel on a pas permis de fermenter, par le fait de le cuire immédiatement après avoir été pétri. Or cette action demande une maîtrise absolue du facteur temps, maîtrise que l’esclave ne peut pas avoir, puisque sa priorité est celle de satisfaire les exigences de son maître. A partir du deuxième jour de Péssah, cette maitrise du temps est donc mise à l’épreuve par ce décompte de sept semaines qui mènent à la fête de Chavouot. Le don de la Tora demande une maîtrise profonde du temps, car dans le judaïsme le temps est source constante de responsabilité. Le juif qui veut être présent à son judaïsme ne peut donc pas être dominé par le temps, mais au contraire il doit savoir le modeler et donc en avoir une certaine maîtrise. Cela montre bien l’épaisseur spirituelle de ce décompte du Omer.
Le mot Omer est souvent traduit par «gerbe» car à la base indique une quantité de grain suffisamment grande pour exiger le regroupement, et devient ensuite une unité de poids. Mais la racine dont le mot signifie « amoncèlement », et dans sa forme réfléchie (hit’amer) a le sens de « maltraiter» ou « opprimer » (cf. Deutéronome 21 :14 ; ibid. 24 :7). Probablement parce qu’à l’origine, la racine indique le fait de compacter des choses ensemble, ce qui exerce une forme de poids et de pression. Pour mieux comprendre cet aspect nous devons réaliser que la sortie d’Egypte ne constitue pas une libération, mais plutôt la création d’un peuple d’esclaves privés de leur maitre, donc désorientés sans encore de direction. Un peuple qui ne sait pas quoi faire de sa nouvelles condition, au point où, à plusieurs reprises il souhaite retourner en Egypte, car l’état de dépendance est désagréable mais commode, tandis que l’autonomie et la responsabilité sont des états agréables mais lourds de conséquences. Or nous ne devons jamais oublier que le calendrier juif évoque des moments de l’expérience collective du peuple, mais qui concernent personnellement chaque individu en chaque génération. Le décompte de l’Omer couvre exactement le temps entre la sortie d’Egypte et le don de la Torah, un rendez-vous auquel le peuple devra se présenter dans un état d’éveil, ayant mûri suffisamment pour pouvoir donner un sens véritable à cette libération.
C’est donc un temps où le décompte des jours et des semaines accompagne un processus de lente réintégration de nos acquis, de notre orgueil, de notre assurance. Cela constitue une richesse, une capitalisation, un « amoncèlement », dans le sens de la constitution d’un patrimoine. Mais si le processus n’est pas maîtrisé parfaitement, maîtrise qui est symbolisée par la supputation précise de chaque jour et semaine, cette « capitalisation » tournée sur nous-mêmes (le sens réfléchi, hit’amer) peut devenir une violence, une force destructrice et aliénatrice. Compter chaque jour signifie lui donner pleine dignité, conjuguer chaque moment du chemin au présent, se libérant ainsi de l’esclavage du passé, mais aussi de l’avenir.
La dimension spirituelle du décompte de l’Omer
Un aspect intéressant de ce décompte est d’ailleurs le fait que dans le Omer nous ne comptons pas les jours qui manquent, mais ceux qui sont déjà passés, depuis le début. D’ailleurs nous connaissons bien l’impatience typique des enfants et cette façon incessante qu’ils ont de demander : « Quand est-ce qu’on arrive? ». Un premier signe de maturité est, au contraire, de savoir que toute chose qui a de la valeur demande du temps, et la faculté de se concentrer sur chaque étape. Pour la même raison la Halakha ne prévoit pas que l’on annonce par avance le nombre de jours qui seront comptés le soir suivant. Jusque dans le moment de la supputation rituelle, à la question « Nous en sommes à quel jour de l’ Omer ? » on répondra toujours : « Hier soir nous avons compté … ». Dans l’Omer, on garde bien l’attention concentrée sur le point de départ, Pessah, plus encore que sur le point d’arrivée, Chavouot. Peut-être pour éviter que cette ascension vers le Sinaï devienne une sorte de compétition. Peut-être aussi pour garder à l’esprit, que toute avancée doit se construire sur des bases solides et qu’un processus sérieux demande de ne pas brûler les étapes. Mais aussi pour nous éduquer à respecter les temps, à apprécier la lenteur et la gradualité. Mais surtout parce que c’est une source de consolation que de nous retourner et voir que nous avons fait ne serait-ce qu’un petit peu du chemin, sans trop nous angoisser pour ce qui nous manque afin de devenir, enfin, « grands ».
Chaque jour, chaque semaine, constituent donc des échelons dans la quête d’un équilibre difficile à trouver entre la conscience d’une dignité, dont l’esclave est dépourvu, et la nécessité que cette conscience ne se transforme pas en arrogance. C’est dans ce sens que nous devons lire aussi deux passages de la Torah qui concernent le concept de Omer.
Chavouot, « clôture » de Pessah
Le première fois où nous trouvons l’idée de Omer, bien avant même la mitsva du décompte, est dans le chapitre 16 de Chémot/Exode, où la Tora raconte du don de la manne, nourriture miraculeuse qui tombe du ciel. Le Omer constitue la quantité individuelle de référence, car de façon indépendante de la quantité récoltée, chacun se retrouvait avec un Omer de manne, une sorte de « ration K ». Le Omer est donc aussi un rappel de cet Omer de manne qui était la nourriture de nos ancêtres, premier goût de la liberté, mais aussi expression de l’état de quête spirituelle de ces esclaves soudainement privés de maître, mais à la recherche d’une identité (le nom de la manne elle-même signifie « C’est quoi ?»). Et ce pain de quête commence à tomber à la sortie d’Egypte, c’est-à-dire après Pessah, même époque où notre décompte commence.
Dans le livre de Josué (5:12), nous constatons cependant un autre fait, à savoir que la manne cessa de tomber à l’arrivée dans le pays, dès le lendemain de Pessah, et qu’à ce moment le peuple a commencé à manger le produit de la terre que haChem leur a confié. Donc le Omer évoque aussi bien le début de l’époque de la manne que sa conclusion.
Dans le premier cas, il rappelle quelque chose de miraculeux obtenu sans effort, dans le deuxième il évoque le produit du travail de l’homme, et donc sa profonde dignité de partenaire de haChem dans la gestion de la terre et du monde. Si la tombée de la manne ne fait que remplacer la dépendance vis-à-vis des Egyptiens avec la dépendance totale de haChem, l’arrivée en terre de Kénaan, et la cessation de la manne, correspondent à l’accès à la responsabilité, car à partir de ce moment tout reposera sur le travail de la terre par l’homme. Or ce passage entre ces deux réalités est profondément périlleux car c’est là que l’homme risque de devenir hautain, se croyant enfin le seul auteur de son succès et le seul maitre de sa destinée. Cette dignité et cet orgueil sont susceptibles de se transformer en arrogance. L’amoncèlement, Omer, se transformerait alors en oppression, hit’amer.
L’équilibre entre ces deux dimensions, celle du pain de la dépendance humble et celle du pain de l’autonomie responsable, se retrouvent dans les deux pains offerts au Temple lors de la fête de Chavouot, qui symbolisent la rencontre et l’harmonie entre ces deux aspects.
On comprend donc mieux pourquoi Chavouot, fête du don de la Torah, est appelée dans les textes rabbiniques Atséreth, « clôture », car elle n’est rien d’autre que la conclusion et le couronnement de Pessah. La liberté, célébrée à Pessah, doit évoluer vers la capacité d’assumer les responsabilités qu’elle comporte. Autrement la liberté elle-même, ou du moins une certaine façon de la comprendre, peut devenir parfois plus dangereuse que l’esclavage.
Par le rabbin Haim Cipriani
2020
Dans la soucca !
Venez fêter joyeusement Souccot, en partageant un moment dans la soucca !
Entre 18h et 20h, chez Nathalie.
2020
Souccot ou la fragilité de l’existence
Par le rabbin Haim F. Cipriani
Dans le livre du Lévitique/Vayikra, toutes les fêtes de l’année juive sont répertoriées.
Après avoir conclu cette liste, le texte ajoute :
«Ce sont les solennités de YHWH dans lesquelles vous proclamerez des appels de distinction, […] Mais le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez récolté la moisson de la terre, vous célébrerez une fête pour YHVH pendant sept jours. […] Vous habiterez sept jours dans des souccot/cabanes ; tous les citoyens d’Israël habiteront dans des souccot/cabanes», (Lév. 23 : 37-42).
La fête de Souccot, qui avait déjà été détaillée au sein de la liste, est ensuite reprise et introduite par le mot « mais », pour souligner sa particularité. En fait, Souccot clôt les récoltes agricoles, et conclut la saison des fêtes juives, pour cette raison on l’appelle Hag haAssif, la fête de la récolte, car en un certain sens elle conserve tout l’héritage de l’année juive.
Souccot : une fête pour lutter contre l’embourgeoisement des esprits
Dans la littérature rabbinique, Souccot est appelée « la fête » par excellence, peut-être parce que la dimension miraculeuse y est pratiquement absente. En fait, aucun événement précis n’est commémoré, mais nous y retrouvons tout simplement la vie quotidienne du peuple d’Israël dans le désert, animée par la confiance mais suspendue et sans certitudes. Quelques jours après Yom Kippour, et à la fin du cycle des fêtes annuelles, c’est-à-dire dans une situation où un équilibre intérieur satisfaisant aurait dû être atteint, nous sommes obligés de quitter nos résidences confortables et de vivre pendant une semaine dans un environnement précaire. cabane, la Soucca. Pour nous rappeler que la vie est nomadisme, remise en question nécessaire et constante de ce que l’on aurait pu considérer comme acquis.
Si d’un côté il est humain de vouloir cristalliser les choses et de vouloir thésauriser les résultats obtenus, le judaïsme considère l’embourgeoisement de l’esprit comme l’un des risques les plus grands et les plus insidieux. Ainsi, la loi juive prescrit de sortir de la solidité présumée de ses demeures, de ses convictions et de ce que l’on croit acquis, pour célébrer avec joie la fragilité et l’éphémère de la condition humaine.