2022
Parasha Metsora, par Floriane Chinsky
La parasha Metsora traite de pureté et d’impureté, mais surtout de rapport à l’Autre. De quelle impureté, d’ailleurs, parle-t-on exactement ? Qu’entend-on au juste par cette impureté rituelle, qui a, bien souvent, un rapport étroit à la finitude humaine, à la mortalité et à sa propre faiblesse.
Un commentaire du rabbin Floriane Chinsky.
2022
Parasha Tazria : puretés et impuretés de corps et d’esprit
La parasha Tazria rapproche, de manière assez étrange, plusieurs thèmes qui, a priori, n’ont que peu à voir les uns avec les autres : conception et enfantement sont ainsi mis en parallèle avec la lèpre. Catherine Chalier explore, dans cette vidéo, les notions de pureté et d’impureté, dans Tazria et dans Metsora.
2022
Parasha Chemini : du magique au symbolique
La parasha Chemini comprend, notamment, l’épisode de la mort des fils d’Aaron, condamnés par l’Eternel pour avoir commis un sacrifice non prescrit. Que signifie une telle sévérité concernant un geste qui, bien qu’excessif, est somme toute une marque de dévotion ? L’interprétation du rabbin Dalsace…
Illustration : Felix Mittermeier / Unsplash
2022
Parasha Tsav : le pouvoir d’une oreille, d’un pouce et d’un orteil
La Parachat Tsav poursuit la discussion des sacrifices que nous avons commencé à étudier dans les premiers chapitres du Lévitique. La paracha peut se diviser en deux parties. La première détaille différentes offrandes tandis que la deuxième montre comment Aaron et ses fils sont introduits dans leur fonction de prêtre.
En lisant la parachat Tsav, on peut constater que la cérémonie actuelle d’ordination rabbinique est fort heureusement éloignée de ce que nous dit la Torah de l’investiture de Aaron et ses fils. Cette dernière est un rituel compliqué qui comprend une purification par l’eau, le revêtement des vêtements sacerdotaux, l’onction par l’huile, le sacrifice d’un taureau et de deux béliers et l’aspersion de sang (chapitre 8 du Lévitique). Cette cérémonie a lieu devant toute la communauté d’Israël.
Dans la partie de la paracha qui décrit cette cérémonie, on trouve un shalshelet, un taam (signe de cantillation) très rare, avec seulement quatre occurrences dans toute la Torah. Ce signe de cantillation est posé sur le mot « Vayichhat » [il égorgea] dans le verset suivant (Lv 8:23):
« Il égorgea [le deuxième bélier], Moïse prit de son sang, il mit sur le lobe de l’oreille droite d’Aaron, et sur le pouce de sa main droite et sur le gros orteil de son pied droit ». La même procédure est ensuite appliquée aux fils d’Aaron.
Le shalshelet attire notre attention : alors attardons-nous sur ce verset, sur cet élément précis d’un rituel complexe.
Le texte nous dit que Moïse doit asperger du sang sur trois parties du corps : l’oreille droite, le pouce droit et le gros orteil du pied droit sur lesquels Moïse dépose du sang du bélier égorgé. Le sang est le symbole même de la vie. La droite symbolise la générosité, l’amour (alors que la gauche symbolise la rigueur, la justice). Mais que peuvent représenter ces trois parties du corps?
L’oreille pour entendre, pour écouter. Un texte fondamental de nos prières est ce verset du Deutéronome : « Chema Israël : Ecoute Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un » (Dt 6:4). Cette affirmation de notre monothéisme et de notre lien particulier à Dieu, commence par « Chema » : écoute. On ne dit pas : je crois. On dit : écoute. Comme un appel à faire attention, à entendre ce que l’autre dit et pas seulement ce que je crois qu’il dit.
Puis nous avons le pouce. Le pouce permet à la main de saisir et de tenir. Il représente aussi notre capacité d’agir.
Enfin, le gros orteil du pied. Tout comme le pouce, on n’a pas forcément conscience de l’importance fonctionnelle du doigt de pied. C’est celui qui est le premier à avancer et qui permet l’équilibre dans la marche.
Le rituel de consécration d’Aaron et ses fils nous rappelle ainsi les fondamentaux d’une vie humaine, et plus particulièrement les fondamentaux du pouvoir : savoir écouter, agir et avancer.
On retrouve ce même rituel avec le sang dans un autre passage du Lévitique, qui concerne le metsora, la personne atteinte de tsara’at, une maladie de peau, et qui est alors mise en quarantaine. La Torah décrit un rituel complexe de purification : dans une partie de ce rituel, le prêtre dépose du sang d’un animal sacrifié sur le bord de l’oreille droite, le pouce droit et le gros orteil du pied droit de la personne (Lv. 14:14)
On a ainsi une connexion entre le rite d’intronisation d’Aaron et de ses fils, appelés à jouer un rôle de leadership sacerdotal dans la communauté, et un rite pour le metsora, la personne en marge de la communauté. Cette connexion peut se voir comme un lien entre l’autorité associée à la fonction de prêtre et les parties les plus faibles de la communauté. La pouvoir du leader est associé à sa capacité à être en relation avec les plus vulnérables.
En posant un shalshelet sur le premier mot de ce verset, la tradition massorétique aurait-elle posé un signal de rappel? Ce verset peut sonner comme un rappel à nous tous, dès lors que nous sommes en capacité de pouvoir dans nos communautés, ou dans la société : il nous faut entendre, agir et avancer avec et pour tous, y compris les plus vulnérables, y compris ceux qui sont en marge.
Shabbat shalom