Kehilat Kedem
  • Kehilat Kedem
    • Accueil
    • Notre nom
    • Le judaïsme libéral
    • Nos valeurs
    • Nos rabbins
    • S’impliquer
  • Offices
  • Calendrier
  • Activités
    • Enseignements & Etudes
      • Cours d’hébreu
      • Talmud Torah
      • Introduction au judaïsme
      • Le Cercle des Aubes
      • Ateliers Tenouah
      • Etude de la parasha en havrouta
      • Cycles de cours et conférences
    • Entraide / Hessed
    • Activités culturelles
    • Cercle de lecture
    • Dîners shabbatiques
  • Vie Juive
    • Au fil de la vie
    • Fêtes juives
      • Tou Bishevat
      • Pourim
      • Pessah
      • Yom Ha-Atzmaout
      • Shavouot
      • Ticha Beav
      • Rosh Ha-Shana
      • Yom Kippur
      • Soukkot
      • Hanouka
    • Conversion
  • Blog
    • Parasha & haftarah de la semaine
    • Réflexions
    • Cours & conférences
    • Recettes
    • Témoignages
  • Contact

Étiquette : Isaie

Home / Isaie
01novembre
2021

La haftarah de Toledot

01/11/2021
George-Elia Sarfati
Parasha & haftarah de la semaine
0
Par Georges-Elia Sarfati
Versets de la haftarah : Malachie 1,1-2,7

Les Sages ont extrait quelques-uns des premiers versets du Livre de Malachie (Mal. 1,1-2,7) pour nous faire réfléchir à certaines perspectives contenues dans la Sidra Toledot. Malachie fait partie, avec Hagaï et Zacharie, des derniers prophètes, dont les oracles ont accompagné les Judéens de retour de Babylone (après -538). Malachie s’inscrit dans la tradition prophétique antérieure, par ses imprécations lancées contre les manquements réitérés à l’instruction (Torah) de Moïse ; il s’insurge ici contre les usages impropres, déjà en vigueur, dans un Temple récemment reconstruit (-520/-515).

Ce passage fait directement écho au récit princeps de la Sidra Toledot, en ce qu’il évoque la relation entre Jacob et Esaü, comme un double paradigme : d’une part de l’attitude métaphysique du Créateur, d’autre part de l’antagonisme des deux frères.

Esaü/Edom versus Jacob/Israël

« (Mal. 1, 1-5)- Enoncé de la parole de l’Eternel adressé à Israël par l’organe de Malachie : « Je vous ai pris en affection, dit l’Eternel ! Vous répliquez : « En quoi nous as-tu témoigné ton amour ? »– Esaü n’est-il pas le frère de Jacob ? dit l’Eternel ; or, j’ai aimé Jacob, mais Esaü, je l’ai haï, si bien que j’ai livré ses montagnes à la dévastation et son héritage aux chacals du désert. Qu’Edom dise : « Nous avons été écrasés, mais nous allons relever nos ruines ! » – ainsi répond l’Eternel des Armées : « Qu’ils bâtissent, moi je démolirai, et on les appellera le Domaine de la Perversité, le Peuple à jamais réprouvé de Dieu. Vos yeux en seront témoins, et vous-mêmes direz : « L’Eternel s’est montré grand par-delà les frontières d’Israël ! »

Cet oracle demande un bref éclaircissement contextuel, si l’on veut en percer au jour la signification, en prenant également en considération ses possibles relectures. Au moment de la mise à sac de la Judée par les armées de Nabuchodonosor, le royaume d’Edom, situé au sud-est de Juda, prend part au pillage. Au moment du retour des Exilés, soixante dix ans plus tard, l’inimitié d’Edom n’a pas varié.

Ce passage met déjà en lien associatif la figure d’Esaü avec la conduite historique d’Edom. La proximité géographique d’Edom et de Juda, aussi bien que leur animosité mutuelle, aura immanquablement inspiré ce rapprochement. Au point qu’au fil du temps, Edom et Esaü apparaîtront eux-mêmes comme les supports nominaux de nouvelles analogies. Edom devient une catégorie de l’adversité : Rome et l’Empire romain, puis la chrétienté, et plus généralement l’Occident, ou la partie de l’Occident la plus constamment opposée au peuple juif.

Dès lors, il devient facile de lire – avec le sentiment d’un trait de reconnaissance – ce que cet oracle de Malachie doit en effet à la vision de l’appelé (nabi). La Sidra Toledot nous renseigne d’emblée sur la gémellité adverse des deux fils d’Isaac/Rebecca, qui incarnent respectivement « deux nations », en précisant que « le plus âgé obéira au plus jeune » (Ber. 6, 23-24). De plus, le Texte donne en peu de mots les caractéristiques respectives des deux frères : Esaü est « un habile chasseur, un homme des champs », tandis que Jacob est « un homme inoffensif », qui « vit sous la tente » (Ber. 6, 27). Il peut enfin être utile de rappeler que la préférence de leurs parents différait : Isaac inclinant pour Esaü, et Rebecca pour Jacob (Ber. 6,28).

Le dessein universel de Jacob/Israel

La mémoire de plusieurs siècles d’histoire nous rappelle que Jacob fut l’hôte contraint d’Edom : sous les anciens régimes – à l’ère des monarchies de droit divin, d’est en ouest de l’Europe, Jacob fut dégradé, doctrinalement diffamé, affublé en repoussoir, par les principaux pôles d’une chrétienté politique triomphante. A l’ère des révolutions séculières, Jacob fut individuellement émancipé, reconnu comme un être humain d’égal dignité, par Edom, redevenu Esaü. Mais c’est aussi dans le nouvel espace politique sécularisé d’Esaü, que Jacob fut encore montré du doigt comme un faux-frère, de nouveau exposé à la dégradation, et finalement à l’annihilation. Conscient qu’il lui fallait affirmer son droit à la vie, et son droit à la souveraineté, Jacob a quitté « la tente », imitant Esaü, pour se défendre contre son frère ennemi. La haine d’Esaü pour Jacob a revêtu plusieurs formes doctrinales : l’antijudaïsme théologique, l’antijudaïsme politique (‘’antisémitisme’’), l’antijudaïsme national (‘’antisionisme’’). Il n’est toutefois pas certain qu’Esaü ait tiré la moindre leçon morale de cette histoire, dont il n’est pas sorti grandi. Ne s’est-il pas commis, une fois encore, dans les nouvelles formes de la détestation de Jacob, de manière frontale ou indirecte ? De cela les yeux de Jacob « sont témoins ». Les manifestations de destructivité ne représentent peut-être pas le danger suprême pour Jacob. Ce dernier, devenu Israël, court aujourd’hui le risque de s’exténuer, par souci de normalisation, en parlant ‘’par la voix’’ (Ber. 27,22) d’Esaü. Mais cette fraternité contraire, le plus souvent ambivalente, porte un autre témoignage : la permanence persistante de Jacob constitue une leçon pratique de musar /d’éthique juive pour toutes celles et ceux qui douteraient de sa primogéniture. Si Jacob/Israël soutient ce défi c’est parce que sa raison pluri-millénaire – même insondable – plonge ses racines dans un dessein universel.

Motifs de méditation personnelle

Si je suis d’Israël, je me demande quelle est ma différence spécifique positive vis-à-vis d’Esaü, et ce que je dois lui enseigner dans la coexistence fraternelle.

Si je suis d’Edom, je me demande quelle relation il m’incombe d’entretenir avec Israël, à partir d’un bilan personnel de l’histoire de nos relations passées.

EdomEsauhaftarahIsaieIsraelJacobMalachieProphète
Read More
11octobre
2021

Melchisedek et Abraham : Lekh Lekha et de lointains héritages

11/10/2021
Joseph Ben Abraham
Parasha & haftarah de la semaine
0

Melchisedek n’est sans doute pas le premier personnage auquel on songe quand on évoque Lekh Lekha. Il y joue cependant un rôle qui, pour être bref, n’en est pas moins capital, et mérite qu’on s’y arrête un instant. 

La parasha Lekh Lekha est généralement considérée comme présentant l’acte fondateur du monothéisme hébraïque et de ce qu’on appelle la révolution abrahamique. Elle présente le début de l’histoire d’Abraham Avinou. On y voit le jeune Abram, né en Mésopotamie, recevoir l’ordre du Seigneur de quitter sa famille et sa terre d’origine pour se rendre au pays de Canaan. D.ieu promet à Abram de faire de sa descendance une grande nation et que « Je bénirai qui te bénira et Je maudirai qui te maudira ; par toi seront bénies toutes les nations de la terre. ». Abram se met donc en route, accompagné de sa femme Saraï et de son neveu Lot. Il s’établit à Canaan et campe près des chênes de Mamré. Mais une famine contraint la tribu à fuir le pays et à se rendre en Egypte. Là, Abram fait passer Saraï pour sa sœur ; elle devient une concubine du roi d’Egypte, lequel, lorsqu’il découvre la supercherie, cesse la liaison, la restitue à Abram et lui verse un important dédommagement, avant de le renvoyer. De retour en Canaan, suite à une dispute, Lot quitte la tribu et part s’établir à Sodome. D.ieu promet à Abram une descendance innombrable. Quelque temps plus tard, une guerre éclate entre plusieurs potentats locaux et Lot, parti guerroyer avec les hommes de Sodome, se trouve dans le camp des vaincus et est fait prisonnier par les forces d’Elam. Abram lève des troupes, part en guerre et défait les souverains élamites. Il libère Lot, remet une dîme au roi Melchisedek et restitue le reste du butin au roi de Sodome. D.ieu réitère ensuite sa promesse d’une descendance mais Saraï est désormais trop âgée pour avoir des enfants ; elle donne donc à Abram sa servante Hagar, avec qui il a un fils : Ishmaël. Saraï est renommée Sarah, Abram est renommé Abraham, puis D.ieu ordonne à Abraham de se circoncire et de circoncire sa tribu et sa descendance. La naissance prochaine d’Isaac est annoncée à Abraham et Sarah.

Quand il s’agit de commenter cette parasha, et en particulier sa troisième partie, la brit-milah (circoncision) semble être le point d’intérêt évident. Mais qu’est-ce qui amène exactement à cette décision ? Qu’est-ce qui fait que l’Alliance est prononcée ? La Bible est souvent peu explicite dans les causalités qu’elle présente, et pour comprendre l’enchaînement des événements, il est souvent utile de se pencher sur les épisodes qui précèdent. Pour comprendre la passation de l’Alliance, il nous faut donc nous interroger sur ce qui vient juste avant, qui l’amène et la prépare. Et en particulier le curieux passage qui concerne Melchisedek. La haftarah, d’ailleurs, ne s’y trompe pas, en renvoyant à un passage d’Isaïe qui évoque justement l’expédition militaire d’Abram, preuve que celle-ci et ses conséquences sont d’une importance capitale.

Melchisedek dans la Bible

Melchisedek n’est mentionné qu’une fois dans la Torah, et deux fois en tout est pour tout dans la Bible : une première fois ici, dans Lekh Lekha :

Abram, ayant appris que son parent était prisonnier, arma ses fidèles, enfants de sa maison, trois cent dix huit, et suivit la trace des ennemis jusqu’à Dan.
Il se glissa sur eux la nuit avec ses serviteurs, les battit et les poursuivit jusqu’à Hoba, qui est à gauche de Damas.
Il reprit tout le butin, ramena aussi Loth son parent, avec ses biens, et les femmes et la multitude.
Le roi de Sodome sortit à sa rencontre, comme il revenait de défaire Kedorlaomer et les rois ses auxiliaires, vers la vallée de Chavé, qui est la vallée Royale.
Melchisédek, roi de Salem, apporta du pain et du vin : il était prêtre du Dieu suprême.
Il le bénit, en disant : “Béni soit Abram de par le Dieu suprême, auteur des cieux et de la terre !
Et béni le Dieu suprême d’avoir livré tes ennemis en ta main !” Et Abram lui donna la dîme de tout le butin.

Il est mentionné une deuxième fois dans un Psaume attribué à David, où il est dit :

Le Seigneur l’a juré dans un serment irrévocable : « Tu es prêtre à jamais, selon l’ordre du roi Melchisédek. »

Et c’est tout. C’est maigre. Surtout, quand on compare ces deux petites mentions à l’importance de Melchisédek dans les commentaires ultérieurs.

Melchisedek dans les sources juives

Plusieurs variantes existent quant à l’identité et l’origine de Melchisedek. Flavius Josèphe le présente à la fois comme un chef cananéen et comme un prêtre. Philon d’Alexandrie nous dit qu’il est une manifestation du Logos divin, s’adressant à Abram sous une forme humaine. Dans le Livre des secrets d’Hénoch, un apocryphe juif du premier siècle avant l’ère commune, on nous apprend que Melchisedek est le fils de Sopanima, épouse de Nir, un frère de Noé. Et il serait né plusieurs mois après la mort de sa mère, déjà adulte, vêtu et priant le Seigneur. L’un des manuscrits de Qumran mentionne également Melchisedek, qui semble y être associé à une manifestation physique du Divin.

C’est surtout au Moyen-Âge que la littérature rabbinique va s’intéresser à Melchisedek. Rachi nous dit, dans son commentaire de la Torah, que Melchisedek n’est pas un nom, mais un titre, et qu’en réalité il n’est autre que Sem, le fils de Noé, ancêtre des sémites, et alors âge de plus de 450 ans. Neuf générations séparent Sem d’Abram et neuf générations également, en amont, le séparent de Seth, fils d’Adam. Melchisedek/Sem, témoin du Déluge, se place donc à mi-chemin entre les origines de l’humanité et celles des Hébreux. La bénédiction qu’Abram reçoit de Sem (et qu’il transmettra ensuite à Isaac, qui la transmettra à Jacob/Israël) est donc, indirectement, celle de Noé, et même celle d’Adam.

Par ailleurs, un midrash développe le récit et en précise le contexte : Abram y est ici rejoint par une assemblée de nombreux rois, qui célèbrent sa victoire militaire et proposent de l’élever au rang de divinité (pratique exceptionnelle mais pas inconnue dans l’Antiquité). Abram refuse, attribuant sa victoire à l’Eternel seul, et, en signe d’humilité, paie une dime au prêtre Melchisédek, qui le bénit ensuite.

Un point doit attirer notre attention : Melchisedek est décrit non seulement comme un prêtre, mais aussi comme roi de Salem. C’est-à-dire de Jérusalem (ce nom sera donné à la ville bien plus tard, par David). Ce que l’on nous dit ici, c’est donc que, plusieurs siècles avant l’établissement du Peuple en Terre d’Israël, existait déjà à Jérusalem un culte de l’Eternel, dont le sacerdoce était assuré par Sem. Un culte remontant aux temps antédiluviens, et dont le grand prêtre Melchisedek, reconnaît en Abram le digne héritier.

Mieux encore : il enseigne à Abram la cérémonie du partage du pain et du vin. Car c’est là la première mention du kiddush dans la Bible, ce qui en fait, avec l’offrande des prémices, et le sacrifice, l’un des actes religieux primordiaux. Et ce n’est qu’après ce passage de relai qu’Abram va devenir Abraham.

Un autre midrash assure d’ailleurs que Melchisedek connaissait déjà la Loi, et qu’il l’enseigna aux Patriarches (dont Abram) avant que celle-ci ne soit révélée publiquement au Mont Sinaï : on a donc l’idée d’une transmission d’abord secrète, ésotérique, de la Torah, avant sa révélation publique et exotérique plusieurs siècles après. Abram devient donc Abraham après avoir reçu cet enseignement secret. Cette dualité entre un enseignement ésotérique évoqué dans Lekh Lekha et un enseignement exotérique rendu obligatoire dans Vayelekh contribue d’ailleurs à renforcer les liens entre ces deux passages.

Melchisedek : souverain de justice ou soumis à Sydyk ?

La critique textuelle considère généralement que l’épisode de Melchisedek est un ajout tardif au texte, intervenu après le retour de Babylonie. Et qu’il semble faire référence à des sources plus anciennes, et probablement extrabibliques.

L’étymologie du nom Melchisedek, en particulier, est sujette à débat. Si pour les hébraïsants, il semble évident que le mot est composé d’une racine Melekh (roi) et Tzadik (juste), il existe une autre hypothèse, parente mais néanmoins distincte : il pourrait signifier, en langue ougarite, Mon roi est Sydyk.

Les Ougarites, ce sont ces sémites du nord, très proches des Cananéens, installés dans l’Antiquité au Liban, en Syrie et au nord de la Palestine, qui parlent une langue de la même famille que la langue hébraïque, utilisent un alphabet cunéiforme qui est lui aussi un abjad (écriture sans voyelle), disposent d’une littérature qui est en partie reprise dans la Bible (comme le cycle de Ba’al Hadad, qu’on retrouve à peine transformé dans les visions de Daniel) et vénèrent des divinités qui, si elles sont multiples, ont cependant de bonnes raisons de nous être familières. Ainsi appellent-ils El leur dieu créateur, Tzevaoth leur dieu de la guerre ; ils prient même un dieu du ciel, du climat et de l’agriculture, dont le nom s’épelle Youd-Hé-Vav-Hé.

Sydyk fait partie de ces divinités ougarites : il incarne la droiture, la vertu et la bienveillance. On l’orthographie Sydyk, Saduq ou encore Tzedek ; sous ce nom, il est d’ailleurs indirectement cité via la personne d’Adonitzedek (« Mon seigneur est Tzedek »…), le roi de Salem à l’époque de l’invasion israélite de Canaan, dans le Livre de Josué. Adonitzedek mènera une coalition de cinq rois contre Josué, avant d’être vaincu par les Hébreux. Comme si la lignée des souverains de Jérusalem avant la conquête avait été consacrée au fameux Tzedek, dont le culte aurait été absorbé par les vainqueurs et se serait ensuite peu à peu confondu avec celui de l’Eternel.

Car on trouve des survivances du culte de Tzedek, y compris dans nos textes, et jusque dans l’histoire d’Abraham. Ainsi, la littérature rabbinique assure que l’ange qui retient la main d’Abraham lors de l’épisode de la Ligature d’Isaac se nomme Tzadkiel : même racine, donc, que Suduq/Tzedek. La même, également, que celle de Tshatiqtu, qui dans la légende ougarite est une femme ailée envoyée par El pour délivrer le héros Keret d’une promesse excessive autrefois adressée à une divinité, laquelle divinité entendait se venger de la non-réalisation de cette promesse en le privant de ses enfants. Toute ressemblance avec d’autres récits ne saurait être que purement fortuite.

Le chêne de Mamré

Mais les parallèles entre les mythes ougarites ou paléohébraïques et l’histoire d’Abraham ne s’arrêtent pas là. De la religion hébraïque populaire elle-même, ne nous restent que quelques témoignages indirects mais l’un en particulier nous intéresse ici : celui de Flavius Josèphe, qui, quand il parle du Chêne de Mamré, précise qu’un culte, réprouvé par le Temple et consacré à Ogygès, y avait lieu. On offrait à l’arbre, demeure du dieu, des prières et des sacrifices dans l’espoir d’obtenir une descendance. Les couples stériles se rendaient en pèlerinage dans ce lieu pour demander « une descendance aussi nombreuse que les glands du chêne ». Si Flavius Josèphe associe ainsi une divinité grecque à un culte hébraïque local, c’est tout simplement pour être compris de son lectorat latin et grec. C’est aussi parce que les géographes grecs, quand ils ont découvert ce culte, l’ont assimilé à une tradition qu’ils connaissaient : celle du héros Ogygès.

chêne de Mamré, Abraham et Melchisedek
Est-ce réellement un heureux hasard si l’annonce de la naissance à venir d’Isaac se fait à proximité du chêne de Mamré ?

Souverain légendaire de Béotie, Ogygès est présenté comme le père de l’humanité, car unique survivant du déluge primordial. Ce que nous dit donc Josèphe, c’est que dans les lieux traditionnellement attribués à Abraham Avinou, on célébrait dans l’Antiquité un culte de Noé, présenté comme le père du genre humain, et à qui les couples stériles demandaient une descendance. Or c’est justement en ces lieux qu’Abraham va recevoir l’annonce de la naissance de son fils tant espéré.

Là encore, Abraham est placé à la croisée des mondes : un monde cananéen païen et un monde monothéiste, rapporté par le texte biblique, qui ne rompt pas avec les traditions de ce monde ancien mais leur offre un éclairage nouveau. Là encore, son histoire s’entrecroise avec les histoires plus anciennes, et, entre tradition biblique primordiale et cultes archaïques, tisse un écheveau inextricable.

Melchisedek et les conditions de l’Alliance

Avant d’aller plus loin, il convient de se demander comment et pourquoi Abram est choisi par Melchisedek comme héritier de la tradition antédiluvienne. Est-ce seulement pour son exploit guerrier ? Sans doute pas, encore que celui-ci ne soit pas étranger au choix. Car Abram a pris les armes pour redresser une iniquité, et a refusé toute part du butin. Conscient, donc, que la violence est parfois nécessaire en ce monde imparfait, il s’est inscrit néanmoins dans une démarche de Tikkun Olam : pour réparer la Création, la guerre est parfois la seule voie possible, mais pas question d’en tirer bénéfice, ni d’en faire un business. Pas question, non plus, d’en tirer la moindre gloire personnelle. Le refus du butin est aussi la manifestation par l’exemple du principe selon lequel la réalisation d’une mitsvah n’appelle aucune récompense, sinon le fait d’avoir accompli une mitsvah.

Il n’est pas anodin que le texte précise qu’Abram verse à Melchisedek une dime : le père des Hébreux reconnaît ainsi ce qu’il doit à son prédécesseur. A tous les sens du terme.

kiddush
A chaque kiddush, nous reproduisons un geste dont nous ne soupçonnons pas toujours l’ancienneté.

Après l’épisode de Melchisédek, Saraï va présenter Agar à Abram, et, malgré des difficultés, la famille va s’agrandir avec la naissance d’Ishmaël.

Ainsi, avant de pouvoir devenir Abraham, Abram a-t-il répondu à un triple impératif : un impératif à l’égard du monde matériel actuel et immédiat (redresser les torts, par la guerre si nécessaire), un impératif à l’égard de la tradition (recevoir l’initiation de Melchisedek et donc devenir dépositaire de l’héritage de ses pères) et un troisième impératif à l’égard du futur (avoir une descendance, même si elle n’est pas, dans l’immédiat, celle qu’il espérait avoir avec Saraï). Il remplit donc ses devoirs à l’égard du présent, du passé et de l’avenir.

Et c’est seulement en s’acquittant de cette triple condition que l’Alliance peut advenir.

Lectures croisées

Prendre en compte les considérations historiques et s’interroger sur l’archéologie du texte et les conditions de production du récit n’entre aucunement en contradiction avec une lecture religieuse du texte. Bien au contraire : cela enrichit notre lecture de sens supplémentaires.

Car en croisant la lecture religieuse et la lecture historique, il apparaît que le texte biblique et son interprétation dans la littérature rabbinique admettent à demi-mot que la religion abrahamique provient du même creuset que des cultes plus anciens. Melchisedek peut être vu comme l’incarnation de cette tradition archaïque, que l’on peut nommer antédiluvienne si l’on suit la logique religieuse ou ougarite si l’on suit la logique historique ; mais au fond, l’idée est la même : nos croyances, nos traditions, notre spiritualité plongent leurs racines dans un terreau profond et riche, commun à toute l’humanité, dont elles ne sont pas l’unique expression, mais bien un moment historique, une facette, un mode de fonctionnement et de rapport au monde.

Abraham, loin d’être en rupture avec les spiritualités qui le précèdent, se place dans leur continuation. Il n’y a pas de révolution abrahamique : il y a reprise et réinterprétation de rapports au Divin déjà anciens, dont Abraham (que l’on parle d’une personne physique réelle ou d’une personne métaphorique incarnant un moment de l’histoire hébraïque n’a ici aucune importance), dont Abraham, donc, hérite, qu’il fait siens et qu’il transfigure. Il reçoit, via Melchisedek, une tradition primordiale, l’intègre et la traduit en une forme qui lui est contemporaine. En d’autres termes : il donne à cette spiritualité antérieure une expression nouvelle. Et nous pouvons rapprocher cette idée de la définition que la WUPJ donne du judaïsme réformé : respecter et faire vivre la tradition tout en lui donnant une expression contemporaine.

C’est ce que nous faisons. C’est ce que nous avons toujours fait et continuons à faire. Ce que nous dit ce texte, c’est que le cœur de la pensée juive, et même de la pensée abrahamique, ça n’est pas, ça ne peut pas être, la répétition ad libitum des mêmes choses et des mêmes paroles. Bien au contraire : l’authentique fidélité à Abraham consiste à être dépositaire de la tradition ancienne, mais pas d’en demeurer prisonniers. Car recevoir l’enseignement ne suffit pas : l’Alliance n’est pas une médaille qu’on accroche à son poitrail, mais bien l’exigence d’une vie conforme à ses impératifs ; une vie qui reconnaît l’héritage du passé mais qui est également consciente de ses devoirs à l’égard du présent et de l’avenir.
L’authentique fidélité à Abraham consiste, comme il l’a fait de l’héritage de Melchisedek, à recevoir la tradition, à la penser, à la repenser, à la ruminer, à la confronter au réel et à lui donner une expression nouvelle, puis à la transmettre, en attendant que les générations suivantes fassent de même, et en leur donnant la liberté de le faire, ledor vador.

Lire la parasha dans Sefarim

Photos : Johannes Plenio – Pexels /  Kristal Terziu – Pexels / cottonbro – Pexels / Avi Theret – Unsplash

AbrahamBereshitBibleHistoireIsaacIsaieNoéSarah
Read More
11octobre
2021
Haftarah de Lekh Lekha

Haftarah de Lekh Lekha

11/10/2021
George-Elia Sarfati
Parasha & haftarah de la semaine
0

Isaïe : Chap. 40, v. 27-Chap. 41, v.16

Les Sages ont de nouveau sélectionné un passage du Deutéro-Isaïe pour élaborer un thème fondamental de la sidra Lekh Lekha. Ces prophéties, dominées par l’encouragement et l’exhortation, ont été proférées à l’époque du décret de Cyrus, roi de Perse, qui autorisa le retour des Judéens en Judée. Au-delà de cet arrière-plan historique, elles font appel à l’histoire d’Abraham, pour souligner le parallèle consistant à comparer la sortie de Babylone à celle d’Our Kassdim. Ce parallèle est de nature à souligner bien des constantes du cheminement de l’identité hébraïque.

Il faut suivre les méandres du verbe prophétique, étonnamment frappé ici du sceau de l’interrogation et de l’exclamation, pour soupçonner que la fervente inquiétude qu’il exprime peut toujours retenir notre attention :

« 41,8 – Mais toi, Israël, mon serviteur Jacob, mon élu, postérité d’Abraham qui m’aimait, toi que j’ai ramené comme par la main des extrémités de la terre, que j’ai rappelé de ses zones les plus lointaines, toi à qui j’ai dit : « Tu es mon serviteur, je t’ai choisi et je ne te rejette plus », eh bien ne crains rien, car je suis avec toi, ne sois point affolé, car je suis ton Dieu. »

Il est marquant que, déjà, Isaïe s’adresse aux “restes d’Israël” (Is.41, 13). L’histoire nous montre, après la Shoa, plus que jamais, qu’elle est toujours aimantée par « les restes d’Israël ». Ceux-là sont fait des enfants d’Israël qui ont survécu aux désastres, mais aussi bien de ceux qui parmi eux demeurent fidèles à la disposition d’Abraham. Encore faut-il observer un autre aspect étonnant de ces versets : de même que le Patriarche duquel tout est parti – puisqu’il aura consenti à « aller pour lui-même », ou « par-delà lui-même » – est ici désigné à partir de sa plénitude – père de nombreux peuples  et non plus d’un seul (Abram/Abraham). L’enjeu du changement de nom se manifeste-t-il ouvertement dans l’oscillation nominale Jacob/Israël. Aussi bien, cette oscillation exprime ici l’indétermination de Jacob à accepter de se dire et d’exister en tant qu’Israël.

Il est vrai, qui peut seul, sans défaillir en regard de la longueur et des mutations des siècles, posséder la force de persévérer, d’aller de l’avant, quand les civilisations environnantes se font un principe d’identité de le déraciner. Cette poussée délétère a de quoi semer le doute : « (Is. 40, 27- Pourquoi dis-tu, ô Jacob, Ô Israël : « Ma voie est inconnue à l’Eternel, mon droit échappe à mon Dieu ? »

Jacob/Israël manque-t-il tant de fortitude pour que le prophète, tenant-lieu du Créateur, songe à s’adresser à la part la moins volontaire de sa création ? Lorsque le cœur manque à l’homme, il reste à l’Eternel à prendre la nature à témoin de ce que l’homme ne devrait pourtant jamais oublier : « 41, 1- Iles, faîtes silence pour m’entendre ! (…) 5, Les îles le voient et prennent peur, les confins de la terre tremblent. »

La parole en appelle à l’accalmie du monde, pour que la mémoire de la Providence s’épanouisse encore dans le présent de Jacob. Le silence des lieux dissipe la possibilité du hasard, puisque le miracle constant tient au fait que l’improbable soit advenu : « 41, 1. Que les peuples renouvellent leurs forces, qu’ils s’approchent et ensuite prennent la parole ! Ensemble, nous allons comparaître en justice. 2 Qui l’a suscité de l’Orient, celui qui appelle le droit à suivre ses pas ? Qui lui livre les nations ? Qui lui soumet les rois ? (…) Celui qui, dès le commencement, appelle les générations (à l’être), moi, l’Eternel, qui suis le premier et demeure encore avec les derniers. »

L’épreuve du doute suppose la connaissance de la certitude. Mais dans le cas de Jacob, l’assurance de la certitude tire ses racines de la promesse faite autrefois à Abraham. Or l’épreuve qui consiste à douter de son droit se renforce inévitablement du doute qu’augmentent les épreuves. Ce fut d’abord le cas d’Abraham qui, après avoir reçu plusieurs fois la promesse qui fondera sa certitude (Lekh Lekha 12, 2-3 ; 12, 7 ; 13, 4-15 ; 13, 16-17), toujours en quête de réassurance (Lekh Lekha 15, 1), voit la solidité de son implication se tempérer au feu des circonstances contraires : l’épreuve du conflit intrafamilial (13, 6-9), l’épreuve de la famine (Lekh Lekha 12, 10), celle de la peur de perdre la vie (Lekh Lekha 12, 12), enfin celle de la guerre (Lekh Lekha 14, 12 ; 14, 14-17). C’est finalement la bénédiction d’un homme juste (Lekh Lekha 14, 18-20), conjuguée à l’éveil de la reconnaissance (Lekh Lekha 15,1) qui conduira aussi Abraham, père d’Isaac et aïeul de Jacob, à placer chacun de ses engagements collectifs sous l’égide du Très-Haut (Lekh Lekha 14, 22). Encore cette implication est-elle sujette à l’affaiblissement, lorsque devant la confrontation du réel – au moment de rappeler que ces promesses sont peut être absurdes car il est sans descendance (Lekh Lekha 15, 1) – il reçoit la confirmation de la promesse suprême (Lekh Lekha 15,5).

Quelques leçons de Moussar à propos de la haftarah de Lekh Lekha

En faut-il d’avantage à Jacob pour se mesurer à sa propre époque, et à Israël pour assumer son déploiement dans l’histoire ? Plusieurs leçons de Musar peuvent se déduire de l’exhortation d’Isaïe. D’abord celle de l’éthique éducative et prospective du souvenir : « Is. (40, 28-29)- Ne le sais-tu donc pas, ne l’as-tu pas ouïe dire ? Le Seigneur est le Dieu de l’éternité ; le Créateur des dernières limites du monde ; il n’éprouve ni fatigue, ni lassitude : il n’est point de borne à son intelligence. IL redonne la vigueur à celui qui est courbaturé et double le courage de celui qui est à bout de forces. »

Ensuite la réaffirmation de l’éthique de la persévérance : « (Is. 40, 31) Ceux qui mettent leur espoir en Dieu acquièrent de nouvelles forces, ils prennent le rapide essor des aigles ; ils courent et ne sont pas fatigués ; ils vont et ne se lassent point. »

Enfin, le renouement avec l’éthique de la confiance, essence de la emunah : « (Is. 41, 13-14) Car moi ton Dieu, je soutiens ta droite et je te dis : « Ne crains pas je viens à ton secours, dit le Seigneur, le Saint d’Israël. » Ne crains rien, vermisseau de Jacob, faible reste d’Israël ! C’est moi qui te prête secours, dit le Seigneur, le Saint d’Israël est ton libérateur. »

A ces trois leçons fait ultimement pendant ce que l’on pourrait appeler une leçon de ‘’philosophie de l’histoire’’, laquelle a pour condition la méditation de l’histoire au long cours, dans ses dimensions de salut. Cela suppose de ne pas se laisser captiver par la seule « actualité ». Il suffit de penser à la succession des empires pour prendre quelque distance: « (Is.41,10-11) Je t’affermis, je t’assiste et te soutiens par ma droite, armée de justice. En vérité, ils connaîtront la honte et la confusion, tous ceux qui sont enflammés contre toi ; ils seront réduits à néant, ils périront tous, tous ceux qui te cherchent querelle. »

Il est plus que probable que le doute de Jacob prendra fin dès lors qu’il comprendra que son existence ne repose pas seulement sur l’antique promesse faite à Abraham, mais surtout, pour ce qui est de son devenir, sur la reconduction par lui-même et pour lui-même de cette promesse qui fonde son droit.

Lekh Lekha sur Sefarim

BereshithaftarahIsaieShabbat
Read More
04octobre
2021

La haftarah de Noah

04/10/2021
George-Elia Sarfati
Parasha & haftarah de la semaine
0
Par Georges-Elia Sarfati

 

Haftarah: Isaïe : 54,1-55,5

Les Sages ont choisi un passage du Deutéro-Isaïe pour élaborer un thème fondamental de la sidra Noah. Ces prophéties, sans doute proférées au sortir de l’exil de Babylone, se distinguent par des formulations porteuses d’espérance et de consolation.

Deux versets évoquent directement l’épisode déterminant de l’histoire de Noah (Noah: 8, 21-22 ; 9, 11), qui permettent de forger les grandes perspectives de ce texte : « (54, 8-9) Dans un transport de colère je t’ai, un instant, dérobé ma face (istarti panaï) ; désormais, je t’aimerai d’une affection sans bornes, dit ton libérateur, l’Eternel. Certes, je ferai en cela comme pour les eaux de Noé : de même que j’ai juré que le déluge de Noé ne désolerait plus la terre, ainsi je jure de ne plus m’irriter ni diriger des menaces contre toi. »

La référence à la sauvegarde de Noah fait ici l’objet d’une mise en perspective plus spécifique : si l’humanité fut naguère capable de dévoiement, il s’avère aussi que la conduite d’Israël se caractérise, à certains moments de son histoire, par l’ambivalence à l’égard de l’enseignement du Créateur. La « colère » de Celui-ci nous apparaît constamment à la mesure des égarements de l’humanité créée. De même que l’humanité pré-diluvienne attira sur elle la catastrophe, du fait de l’iniquité (Ber. 6, 5) et de la violence (hamas) dont elle s’était rendue coupable (Ber.6, 11), Israël connut l’épreuve de la destruction et de la dispersion, pour s’être éloignée de l’Instruction reçue en héritage. C’est du moins, selon cette logique que le judaïsme antique interprétait son histoire. Cependant, à bonne distance de l’épisode lointain de Noah, la relation prophétique se particularise selon des termes qui ne trouvent d’équivalent que dans le Cantique des cantiques. La parole du prophète se colore désormais de toutes les nuances du symbolisme conjugal : « (Is., 54, 5-6) Oui, ton époux ce sera ton Créateur, qui a nom l’Eternel des Armées, ton sauveur sera le Saint d’Israël, qui s’appelle le Dieu de toute la terre. Car comme une femme abandonnée et au cœur affligé, l’Eternel t’a rappelée ; la compagne de la jeunesse peut-elle être un objet de dédain ? Ainsi parle le Seigneur. »

L’expression de réprimande, aussitôt suivie de ‘’regret’’, se traduit ici par les formule « voilement de la face » (Is., 54,10) – istarti panim : je t’ai dérobé ma face. Nous savons aujourd’hui que cette assertion, dont se déduit l’un des noms de l’Eternel, témoigne d’une fréquence historique, qui a connu des sommets d’abandon, à différents moments de la dispersion. L’Alliance à laquelle il est fait référence prolonge celle que l’Eternel avait d’abord conclue avec Noah. Elle le fut à des étapes distinctes de l’époque de transition que représente la vie de ce patriarche : d’abord passée avec Noah et sa descendance, avant le Déluge (Noah : 6, 18), puis réitérée à l’issue du Déluge  (Noah : 9, 9). Au demeurant, ce pacte prit aussi différentes formes : il fut d’abord scellé comme une défense de la vie, au titre d’une assurance que l’Eternel ne causerait plus la destruction de tout vivant (Noah : 9, 11), pour finalement se matérialiser en signe de commémoration, sous la forme de la manifestation naturelle de l’arc-en-ciel (Noah : 9, 15-17).

Isaïe  façonne à présent son propre discours par allusion à l’antique mémoire divine de l’humanité ; mais il le fait au moment où Israël est de nouveau en chemin vers sa Terre. Et la réitération de l’Alliance  s’adresse délibérément – non plus aux trois fils de Noah – mais plus singulièrement à une fraction d’entre les fils de Sem. De surcroît, le principe de cette Alliance se trouve modifié aux dimensions d’une ‘’alliance de paix’’ (berit chalom) : « (54, 10) Que les montagnes chancellent, que les collines s’ébranlent, ma tendresse pour toi ne chancellera pas, ni mon alliance de paix ne sera ébranlée, dit Celui qui t’aime, l’Eternel ! »

A cet endroit, une remarque s’impose : il y a peu de probabilité que, dans le monde humain, la tendresse – hessed, ce mot désigne en vérité la bonté, la générosité – de l’Eternel infuse spontanément sans que l’humanité agisse pour en capter les échos. D’autre part, que signifie l’expression « alliance de paix » ? Prévenons d’emblée une mésinterprétation : saisi par l’air du temps, ne faisons pas erreur sur la véritable signification de ces deux mots (berit chalom). Ils ne sauraient désigner la formule triviale d’un pacifisme délité dans toutes les complaisances de l’esprit du temps. La fermeté du discours prophétique est aux antipodes. La paix a un prix qu’il ne faut pas méconnaître, en se payant de son seul mot, comme s’il suffisait de le proférer pour obtenir l’état qu’il désigne.

L’alliance de paix : méditer et agir

Ainsi cette Alliance, dont le Texte nous dit qu’elle est irrécusable, suffit-il seulement d’en avoir l’idée pour qu’elle demeure effective ? Ne convient-il pas aussi d’en connaître les termes pour l’incarner ? La paix dont il est ici question (chalom) suppose la plénitude (chelémout) de la présence d’Israël au message divin. Isaïe suggère en outre que la portée de l’Alliance comporte par elle-même une bénédiction qui se prolonge par-delà l’instant de son rappel. Celle-ci semble inclure deux conditions indépendamment desquelles son nom se vide de sens. La première condition serait que les enfants d’Israël assument d’en méditer les termes, mais aussi de l’agir, en repensant à chaque époque les perspectives de sa transmission : « (Is., 54, 13) Tous tes enfants seront les disciples de l’Eternel ; grande sera la concorde de tes enfants. »

La seconde condition, qui constitue le corrélat de la première, serait que les enfants d’Israël mènent une vie selon la justice révélée : « (Is., 54, 14) Tu seras affermi par ma justice : bannie toute idée d’oppression, car tu n’auras rien à craindre ; de terreur, car tu seras garantie contre elle. »

Aujourd’hui que le peuple d’Israël oscille entre deux cultures – la culture mondialisée et la culture nationale retrouvée- nous percevons et comprenons que le « déluge » de haine qui accompagne son Retour, revêt – comme par le passé – les formes d’un antagonisme radical. Mais la prophétie enseigne du même élan que l’attachement d’Israël à l’Alliance promet la défaite de ses ennemis : « (54, 15) Que si l’on se mettait contre toi, ce serait mon aveu ; quiconque se mettra contre toi succombera sur ton sol. »

Dans le même temps, l’intuition prophétique sait discerner qu’au long cours, la guerre menée contre le principe-Israël puise dans le gauchissement du langage son arme la plus affûtée : « (54, 17) Tout instrument forgé contre toi sera impuissant, toute langue qui se dressera contre toi pour t’accuser sera convaincue d’injustice ; tel est le partage des serviteurs de l’Eternel, et l’arrêt équitable qu’ils obtiennent de moi, dit l’Eternel. »

Bien que ces  versets témoignent aussi de la résistance que suscite constamment l’idée de l’Alliance, ils nous assurent de ce que la haine qui poursuit Israël corrompt irréversiblement ses ennemis. Ils nous enseignent, contre toute attente, que leur échec – ‘’leur langue’’, dit Isaïe, ‘’sera convaincue d’injustice’’ – pourrait augurer de leur éveil.

BereshitBibleGenèsehaftarahIsaie
Read More
Rechercher
Dernières nouvelles
  • Appel de JEM : “Soutenons les Juifs d’Ukraine !”

    La guerre est déclarée en Ukraine, sa démocratie et son indépendance sont en péril face à l’invasion russe. Pour venir en aide à la communauté juive ukrainienne, JEM a mis en place un système de don via son formulaire. Mobilisons-nous ! Jeudi 24 février, Vladimir Poutine annonçait à la télévision russe qu’une opération militaire allait être lancée en Ukraine. Peu après son intervention, des explosions se faisaient entendre dans plusieurs villes de l’Est ukrainien. Depuis Jeudi matin, la Russie envahit le territoire et le bombarde pour assouvir l’envie du chef du Kremlin de reconstruire un nouvel empire russe. La centrale de Tchernobyl et un aéroport militaire situé à 25 kilomètres de Kiev ont déjà été annexés par les troupes russes. Cette agression est une menace pour la démocratie de l’Ukraine, mais aussi pour la stabilité de l’Europe et de la communauté internationale. Quelque 100 000 personnes ont déjà été déplacées et 50 000 ont quitté le territoire ukrainien, a déploré l’ONU, qui a réclamé un « accès sans entrave » pour l’aide humanitaire. Kiev, le vendredi 25 février : Message de la rabbanit Eina Makovitch  « Chalom , Mon mari a été officier dans l’armée de l’air israélienne pendant douze ans. Après cela, nous avons pris la décision de partir en mission à Kiev avec nos sept enfants. Aujourd’hui mon mari est le rav de Kiev et cela fait 21 ans que nous sommes installés ici. Jusqu’à il y a encore un mois, nous étions à la tête d’une communauté florissante. Et depuis, on sent comme une odeur de guerre. La plupart des familles aisées de Kiev ont quitté la ville. Ceux qui sont restés sont essentiellement les personnes âgées (la pension de retraite en Ukraine s’élève à 70 dollars par mois), les malades, les rescapés de la Shoah et des personnes défavorisées. Nous distribuons des repas chauds, des colis alimentaires et nous nous chargeons de l’école, du jardin d’enfants et de l’institution pour autistes (la première du pays) de la communauté. Dans cette situation, il ne nous était tout simplement pas possible de tout quitter et de rentrer en Israël. Nous avons décidé de rester et de ne pas laisser tous ces malheureux livrés à eux-mêmes. Ce matin, quand les bombardements ont débuté, les juifs se sont rassemblés dans le bâtiment communautaire. Il n’y a aucun abri à Kiev et aucune instruction sur la façon d’agir en cas d’urgence n’a été donnée à la population. Pour le moment nous disposons encore d’assez de matelas et de nourriture dans notre réserve pour tous, mais nous ne savons pas pendant combien de temps cela pourra suffire. Nous avons recruté un agent de sécurité armé pour nous prémunir du vol et du pillage, car il n’y a tout simplement pas de service de police. Nous avons lancé une campagne de dons, et pendant que les alarmes et les explosions se font entendre, nous essayons de renforcer et de prendre soin de tous ceux qui continuent d’affluer vers le centre communautaire. Ce sera dans quelques heures l’entrée du Chabbat. Nous aurions souhaité célébrer « Chabbat mevahim » qui célèbre le mois « Adar cheni » autrement.  Comme on sait, lorsqu’on approche du mois de Adar on doit redoubler de joie. Le moment de l’allumage des bougies du Chabbat a un pouvoir spécial. Je demande donc à toutes les femmes qui liront ces mots de bien vouloir penser à nous et à prier pour nous ce Chabbat. Chabbat Chalom de Kiev » Comment aider ?  JEM a mis en place sur son  formulaire de don une case à cocher « Crise ukrainienne » pour que l’intégralité de la somme récoltée soit reversée à la World Union For Progressive Judaism qui a de suite lancé un appel à toutes les communautés juives libérales du monde pour venir en aide aux populations juives ukrainiennes : « Si le conflit s’intensifie, votre argent deviendra une aide cruciale et nécessaire pour de nombreuses personnes. Si la tension s’apaise, le fonds sera consacré au développement de la communauté juive progressiste d’Ukraine. »

    [suite]
Vidéos & Audios
  • La pensée juive moderne – Une conférence de Yann Boissière

    Comment est né le judaïsme libéral ? Comment la modernité, à la fois en tant que type de société et que philosophie dominante, a influencé la pensée juive ? Quel impact a eu, pour une religion jusqu’alors presque exclusivement héréditaire (malgré quelques rares conversions au fil de l’Histoire), le fait d’être confrontée à un monde dans lequel la religion devient un choix personnel ? Une conférence de Yann Boissière, offrant sur ces questions un point de vue précis et détaillé. https://akadem-vod.streaminternet.com/vod/2130_1_BOISSIERE.mp4 Illustration : Jossuha Théophile / Unsplash

    [suite]
  • Parasha Emor : la science du judaïsme, par Yeshaya Dalsace

    Dans la parasha Emor, l’Eternel s’adresse à Moïse et lui ordonne de donner aux kohanim des prérogatives spécifiques liées au sacerdoce, ainsi que des commandements particuliers relatifs à la pureté. D.ieu décrit ensuit les limites des offrandes, et notamment les raisons pour lesquelles une bête ne peut être sacrifiée. Sont ensuite évoqués le calendrier liturgique, les offrandes, les rites et les fêtes, ainsi que les rites quotidiens. https://akadem-vod.streaminternet.com/vod/1554_DALSACE.mp4 Illustration : Luis Gonzalez – Unsplash

    [suite]
Parasha & Hatftarah
  • Parasha Behar : la souffrance de la terre

    La parasha Behar introduit une double notion qui était tout à fait étrangère à de nombreux peuples antiques, et reste étrangère encore aujourd’hui encore à une grande partie de l’humanité : celle que la Terre souffre aussi d’une part, et d’autre part celle selon laquelle l’Homme n’est pas maître et possesseur de la Nature. Un commentaire de Marc Cohen, pour Akadem. https://akadem-vod.streaminternet.com/vod/5081_COHEN.mp4 Illustration : Dustan Woodhouse / Unsplash

    [suite]
  • Parashah Emor par Bonnie Buckner

    Parashah Emor begins with special laws pertaining to the kohanim, the kohen gadol, and the Temple service.  The second part lists the festivals of the Jewish calendar.  Next is a discussion of the lighting of the menorah in the Temple, and the showbread to be placed weekly on the table in the Temple.  The parashah concludes with the story of the man executed for blashphemy, and penalties for injuring another person or destroying their property. On the surface, it is difficult to find a thread linking the seemingly disparate sections of this parashah.  In particular, the story that concludes it.  The book of Vayikra is not a book of narratives – it is a book about the laws of the priests (the original name for the book: Torat Kohanim).  There are only two narratives in the entire book: the death of two of Aaron’s sons (Nadav and Avihu) on the day the Sanctuary was consecrated, and the story in our parasha of the blashphemer.  Why this story, and why here? Parashah Emor concerns itself with the holiness of priests, the holiness of the Sanctuary, and the holiness of certain days in the calendar.  In other words, the sanctity of person, place, and time.  And then the narrative of the blasphemer. Rabbi Jonathan Sacks (1) argues that the narrative of the blasphemer brings our focus to the sanctity of speech. Here we pick up the thread. At the beginning of the parashah we find the special laws pertaining to the priest in relationship to death, which require the priest to stay away from the bodies of the dead except under specific circumstances.  Rabbi Samson Raphael Hirsch, in his commentary to these verses sets out that whereas other religions associate matters of God ‘where man ends’, for Judaism God is among us in our living: Hashem is the God of Life. “Judaism teaches us not how to die, but how to live so that, even in life, we may overcome death, lack of freedom, the enslavement to physical things and moral weakness (2).” The priest’s role with respect to these laws is to “keep aloft the banner of life” to make clear for us that the concept of life is “not overshadowed by thoughts of death. (3)” In beginning, in first giving, God creates life – a world of living things, and a world for the living human to inhabit. We, the human, are created in God’s image. We are told in Deuteronomy to choose life:  “I have set life and death before you, blessing and curse. Choose life, so that you may live – you and your descendants – to love God, your God (30:19).” Exodus is a book dominated by the mighty Hand of God – plagues and miracles, the Decalogue, and the instructions for, and building of, the sanctuary. In the building of the sanctuary, we are invited to imitate God in the creating act, creating a microcosmos here – creating order from chaos – to mirror the Great Creation of God.  Vayikra, the book where our current parasha sits, means He (God) called. Rashi tells us this is a term of endearment; rather than He said (Vayomer), He spoke (Vayedaber) or He commanded (Vayetzav), Vayikra is a language of “invitation, friendship, love (4).”  Here, in this book, “in love, God calls the people of Israel to come close to Him…to share His quality of holiness, difference, apartness (5).”  It is a detailed invitation to continue our work of ‘holiness in action (6)’ as part of our relationship with God: creation to Creator. It is God’s calling to us to ‘partner in the work of creation’. From here the story of the blasphemer, and the penalties for injuring another person or destroying their property, are clearly understood.  To blaspheme is to destroy name, meaning, and holiness; to injure another is to reverse the creating process; to destroy another’s property is again a destructive act.  For a God who creates life, exhorts us to choose life, and invites us to join Him in the creating process such acts are a direct reversal, an untying of the thread of the relationship.  The opposite of creating, such undoings are equivalent to death. The world was created through speech.  Through ten sayings God created the world. Speech gives us the capacity to create or destroy.  One can honor another through speech, or blaspheme; create a friendship, or destroy one. Consecrating festival days is our response to Vayikra – we announce the days and we make ourselves present for them. By lighting the menorah and keeping the showbread we respond to Vayikra, bringing our own light to the space where we can meet God’s Light. By consecrating our speech we respond to Vayikra, letting our words continue the act of creation in holding God’s name apart, by honoring that Divine image in others.  To our God who creates life, who calls to us in invitation, through our small efforts to honor the sanctity of person, place, time, and speech, we respond by choosing life. We respond to God loving us, by our loving God.         FRENCH VERSION Parashah Emor La Parasha Emor commence par des lois spéciales relatives aux kohanim (prêtres), au kohen gadol ( le grand prêtre) et au service du Temple. La deuxième partie énumère les fêtes du calendrier juif. Vient ensuite une discussion sur l’allumage de la menorah dans le Temple, et les pains de proposition (« showbread ») à placer chaque semaine sur la table dans le Temple. La parasha se termine par l’histoire de l’homme exécuté pour blasphème et par les sanctions pour avoir blessé une autre personne ou détruit sa propriété. En surface, il est difficile de trouver un fil reliant les sections apparemment disparates de cette parasha. En particulier, l’histoire qui la conclut. Le livre de Vayikra ( Lévitique) n’est pas un livre de récits – c’est un livre sur les lois des prêtres (le nom original du livre : Torat Kohanim). Il n’y a [suite]

    [suite]
Sujets
Abraham Bereshit Bible Convivialité Deutéronome Débutant Ecologie Edom Esau Ethique Exode Famille Genèse Grandes Fêtes haftarah Histoire Hébreu Identité juive Isaac Isaie Israel Jacob Joseph Josué Juda Kasher Kasherout Lavan Lévitique Moussar Moïse Noé Pessah Prière Prophète Rachel Rebecca Sagesse Sarah Shabbat Shavouot Souccot Talmud Vie culturelle Vie religieuse
Culture juive
  • Anne Rothschild : rendez-vous en mai et juin

    Présente à la Comédie du Livre à Montpellier, notre amie Anne Rothschild nous annonce qu’elle participera également aux événements suivants : Treizième édition d’ARTPAGE Rencontre de l’estampe et du livre d’artiste, à Octon, au Village des Arts, près du Lac du Salagou 34800 – Hérault. Du 27 au 29 mai 2022. Ouverture le 27 à 14h00. Vernissage à 18h00. Marché de la Poésie, Place St Sulpice, Paris 5e En signature pour “Nous avons tant voyagé” et “Au pays des Osmanthus” au stand du Taillis Pré, le dimanche 12 juin, de 15h à 16h. Journées de l’Estampe Place St Sulpice, Paris 5e Lundi 13 et mardi 14 juin 2022

    [suite]
Témoignages
  • Conversion au judaïsme : quelques petites choses à savoir
    conversion au judaïsme femme aux bougies

    Nous recevons régulièrement des demandes de conversion au judaïsme, ou, à tout le moins, des manifestations d’intérêt pour cette démarche. Ayant terminé ma propre conversion dans le courant de l’année 2021, il m’a semblé utile de noter quelques-uns des éléments que j’aurais aimé connaître quand je me suis lancé dans cette entreprise. Je ne pense pas qu’un seul d’entre eux aurait changé quoi que ce soit à ma décision ; mais il me semble néanmoins utile de vous adresser, à vous qui souhaitez, comme je l’ai fait, vous inscrire dans l’Alliance, quelques informations et avertissements. La conversion au judaïsme est difficile Une conversion au judaïsme est une entreprise longue, difficile, et qui demande beaucoup de temps, d’énergie et de détermination. Attention : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, la porte est toujours ouverte et une personne sincère et dont la démarche est appropriée trouvera toujours au sein de Kehilat Kedem des interlocuteurs pour l’aider et la soutenir. Mais ne vous attendez pas à ce que les choses se fassent facilement : des efforts seront exigés de vous. La conversion au judaïsme libéral n’est pas une conversion light Le judaïsme libéral, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, n’est pas moins exigeant que le judaïsme orthodoxe en ce qui concerne les conversions. Il place seulement ses exigences sur d’autres points. Vous n’avez (peut-être) pas besoin de vous convertir… Tout dépend de vos souhaits et de vos objectifs : si ce que vous voulez, c’est assister aux cours et conférences, prendre part aux offices, en apprendre davantage sur le judaïsme, ou encore étudier l’hébreu biblique, il n’est absolument pas nécessaire d’entrer dans une démarche de conversion. Vous pouvez parfaitement adhérer à Kehilat Kedem et participer à ces activités sans pour autant vous engager dans une démarche active de conversion. Dans un premier temps, si vous n’avez pas d’attache particulière avec le judaïsme a priori, c’est d’ailleurs très certainement ce qui vous sera proposé : venez, participez, apprenez, et une fois que vous vous êtes fait une idée précise de tout ce qu’une conversion implique dans les faits, prenez votre décision et engagez-vous plus avant. Ou pas. Le choix vous appartient. … mais cela peut tout de même être utile. Vous pouvez très bien passer des années à participer aux activités de Kehilat Kedem sans pour autant vous convertir. Mais cela veut dire que votre implication demeurera limitée : tant que vous n’aurez pas achevé votre démarche de conversion au judaïsme, vous ne compterez pas au minian, ne pourrez pas monter à la Torah et ne pourrez pas prendre de responsabilités au sein de l’association. Pour ma part, ce dernier aspect a été une puissante motivation pour achever ma conversion. Préparez-vous à (beaucoup) étudier Dans un premier temps, vous allez devoir apprendre des bases de langue hébraïque, étudier la liturgie juive, vous familiariser avec le calendrier hébraïque et acquérir un vocabulaire spécialisé, riche et complexe. Cela ne va pas se faire tout seul. Si vous le souhaitez, vous pouvez suivre les cours d’introduction au judaïsme et d’hébreu biblique proposés par Kehilat Kedem. Vous pouvez également demander des cours particuliers à un rabbin ou autre enseignant. Mais quel que soit votre choix, sachez que tout cela représente beaucoup de travail. La conversion au judaïsme prend du temps Comptez un grand minimum de deux ans, à supposer que vous suiviez des cours d’hébreu et d’introduction au judaïsme toutes les semaines et assistiez à tous les offices ou presque. Pour la plupart des gens, la conversion au judaïsme représente plutôt trois à quatre ans. Pour ma part, elle a pris sept ans : il faut dire qu’au milieu de cette période, mon emploi du temps a été plutôt secoué par la naissance de mes deux filles. La vie juive en prend aussi ! On attend de tout membre de la communauté qu’il mène une vie juive. Cela signifie non seulement adhérer aux valeurs et aux coutumes du judaïsme, mais également s’inscrire dans la communauté, assister aux offices hebdomadaires et aux célébrations des fêtes juives, et ainsi de suite. Quand vous êtes en phase de conversion, il faut y ajouter le temps de cours et/ou d’études personnelles. Selon votre pratique personnelle et vos possibilités personnelles, attendez-vous à investir dans votre vie juive entre trois et huit soirées par mois, le double si vous êtes en période de conversion. La conversion au judaïsme est une forme d’acculturation La conversion au judaïsme n’est pas une adhésion à un credo prédéfini. Voyez-la plutôt comme l’apprentissage d’une culture étrangère, de ses rites, de ses coutumes, de ses habitudes, de sa cuisine et de son mode de vie. Comparez-vous à une personne immigrant dans un pays étranger et souhaitant s’y intégrer : apprendre la langue est une première étape mais ne suffit pas.   La conversion au judaïsme est une affaire de famille Votre conversion ne concerne pas que vous : si vous vivez en couple, il sera exigé que votre conjoint soit mis au courant de votre démarche. Il ou elle n’a pas besoin de vous donner son approbation mais vous ne pouvez pas vous convertir à son insu. Le judaïsme libéral reconnaissant la filiation juive pour les deux parents, vos enfants à venir (ainsi que les enfants en bas âge que vous avez déjà) seront considérés comme Juifs après votre conversion si vous êtes une femme; si vous êtes un homme, ils pourront être facilement convertis dans leur jeune âge si leur mère donne son accord et que vous vous engagez tous deux à les élever dans le judaïsme. La foi n’est pas indispensable… Le judaïsme ne vous demande pas de croire mais de pratiquer : ce qui se passe dans votre tête et votre cœur vous regarde seul. La foi, c’est entre D.ieu et vous. Personne ne viendra jamais vous demander si vous croyez en D.ieu, ni comment vous y croyez. C’est intime, personnel, secret. Et ça ne regarde pas la communauté. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’évolution spirituelle durant le processus de conversion; il y [suite]

    [suite]
Kehilat Kedem

Synagogue libérale de Montpellier, Kehilat Kedem s’inscrit dans le mouvement du judaïsme réformé. Notre synagogue vous accueille quelles que soient vos convictions, vos préférences personnelles, votre vie privée ou votre niveau de pratique religieuse. Elle propose un vaste éventail d’activités, ouvertes à tous.

Abonnez-vous !
Toutes les semaines, Kehilat Kedem diffuse Hebdo Kedem, sa newsletter : dernières informations, offices, etc.
L’essentiel de Kehilat Kedem
  • Le judaïsme libéral : valeurs
  • Notre nom
  • Notre vision, nos convictions
  • Nos rabbins
  • Introduction au judaïsme
  • Cours d’hébreu biblique
  • Conversion
  • Contact
Quelques liens utiles
  • Institut Maïmonide-Thomas d’Aquin-Averroes
  • Centre Culturel Juif Simone Veil de Montpellier
  • Judaïsme en Mouvement
  • ULIF – Marseille
  • CJL-NITSA Paris
  • MJLT Toulouse
  • AJLT – Toulouse
  • WUPJ : World Union for Progressive Judaism
  • Akadem, le campus numérique juif
  • Nekoudot : le blog de Sophie Bismut
Nos derniers articles
Parasha Behar : la souffrance de la terre
17/05/2022
Anne Rothschild : rendez-vous en mai et juin
17/05/2022
Parashah Emor par Bonnie Buckner
10/05/2022
La pensée juive moderne - Une conférence de Yann Boissière
10/05/2022