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Étiquette : Noah

Home / Noah
26octobre
2022

Parasha Noah : détruire l’humanité pour sauver le monde ? Par Floriane Chinsky

26/10/2022
admin
Parasha & haftarah de la semaine, Vidéos & audios
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L’idée d’une nécessite de détruire ou, à tout le moins, de limiter brutalement l’humanité dans son existence-même, et ce afin de sauver la Terre de nos déprédations, est devenue commune dans nos sociétés actuelles. Mais elle n’est peut-être pas si récente que cela : après tout, c’est, à bien des égards, la démarche que l’on peut attribuer à l’Eternel dans la parasha Noah.

Illustration : Jasper van der Meij – Unsplash

GenèseNoah
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04octobre
2021

Noa’h: Pas de rachat pour l’homme?

04/10/2021
Gérard Feldman
Parasha & haftarah de la semaine
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Par Gérard Feldman

La paracha Noa’h est la seconde paracha de la Tora.  Elle intervient, très logiquement,  après la fin de la première paracha : Bereshit. Ce qui est moins logique, au moins en apparence, c’est que ha Shem y proclame la fin, non seulement de l’humain,  mais de tout le vivant… Et cela après l’avoir créé ? Il le dit très explicitement :

« J’effacerai l’homme que j’ai créé du dessus des faces de la terre, j’effacerai jusqu’à la bête, jusqu’à la vermine, jusqu’à l’oiseau des cieux, oui j’ai regretté, oui de les avoir faits. » (c.6 – verset 7).

Tout va-t-il s’arrêter juste après avoir été créé ? Non, rassurez-vous, ha Shem se ravise in extrémis. La destruction sera certes terrible, mais, malgré tout, un homme, Noa’h est distingué. Il va trouver grâce à Ses yeux. Et tout pourra recommencé… Oui mais autrement.

Une nouvelle chance pour l’humanité et  le vivant

De ch. 6,13, jusqu’à la fin du ch.7,  ha Shem offre à Noa’h un kit de survie. Cet homme est choisi, lui et sa famille, et les animaux selon leur espèce,  car il est considéré, selon le texte, comme « un juste dans sa génération » (Ch. 6,9).

Le chapitre 8 décrit la fin du déluge, avec cette nouvelle annonce (re) fondatrice de ha Shem (v. 21) : « Je ne maudirai plus la terre à cause de l’homme ». Fin de la parenthèse.

Une nouvelle alliance entre ha Shem et l’humanité

Le C. 9 crée les conditions d’une nouvelle Alliance avec la Transcendance. L’homme  est béni. Il est  appelé à fleurir (פּרוּ ) et à se multiplier. Tout semble s’arranger.

Malheureusement,  l’humain est incorrigible. C’est sa part d’autonomie et de liberté.

Le verset 21 décrit une nouvelle catastrophe. Noa’h s’enivre et ‘Ham, l’un de ses trois fils,  se comporte très mal envers son père.  Cela aboutit obligatoirement à une nouvelle malédiction. Mais il y a là un grand changement. Ce n’est plus toute l’humanité toute entière qui est condamnée mais seulement Kenaan, le petit-fils de Noa’h. Les deux autres fils, Shem et Iaphet, sont épargnés. Normal, ils ont sauvé l’honneur et la vie de l’humanité en recouvrant la nudité de leur père, sans la regarder.

Une idée nouvelle apparait. Certes le mal est une tendance humaine naturelle et largement répandue, mais cette tendance  n’est pas inéluctable. Tous les humains n’obéissent pas nécessairement au יצר הרע (yétser hara ou mauvais penchant). Il existe aussi des humains qui s’emploient à faire triompher le bien. C’est d’ailleurs cela qui va donner  un sens à l’histoire : faire progresser le bien. Ce passage est même très optimiste puisque deux des fils de Noa’h sur trois se comportent bien. Un seul fait le mal. Il y a donc une majorité démocratique pour le bien. Amen.

Quelles conditions pour le progrès dans l’histoire ?

Le ch. 10 détaille la descendance de Noa’h et de ses trois fils. Mais cette énumération est interrompue au c.11 par  la dispersion de Bavel (v.1 à  9). Autre moment difficile pour l’humain. Mais ce n’est qu’une interruption. L’énumération reprend ensuite au v.10. Nous avons là le détail de la descendance de Shem jusqu’à Avram et son épouse  Saraï. On y mentionne aussi le père d’Avram et ses frères ainsi que son neveu Lot.

Pourquoi cette litanie de noms ?

Le propos est clair : Noa’h n’a pas été choisi,  pour ses qualités intrinsèques ; même s’il n’en est pas dépourvu, surtout en regard de ses contemporains. Il a d’abord été choisi parce qu’il est un chaînon indispensable à l’émergence d’Avraham. Noa’h est tout simplement un moment incontournable dans la formation du peuple hébreu. C’est ce que disent les commentaires de nos sages dans le « midrash rabba », même s’il peut y avoir débat sur l’ampleur et la nature des qualités du premier survivant de l’histoire humaine.

Le peuple hébreu est conçu par ha Shem, parce qu’il faut, au sein de l’humanité, un  garant du sens de l’histoire. Ce peuple est choisi pour donner l’exemple du bien afin que toute l’humanité y accède.  Pour que l’histoire progresse, il faut une sorte d’avant-garde qui montre le chemin par son Alliance indéfectible avec ha Shem : Israël.

La haftarah de Noa’h  (Livre d’Isaïe -יְשַׁעְיָהוּ  ) constate que le peuple hébreu n’a pas encore porté tous ses fruits au monde.  Mais il a confiance. Cela viendra. Nécessairement. Au verset 9 du chapître 54, Isaïe/יְשַׁעְיָהוּ fait explicitement référence au chapître 8 v.11 de la paracha  Noa’h. Le prophète annonce que Ha Shem promet une Alliance éternelle, non seulement avec l’humanité dans son ensemble, mais avec la femme stérile et humiliée en particulier. Autrement dit, avec Jérusalem et le peuple d’Israël qui se trouve, à ce moment-là, en exil à Babylone. Comme dans le Cantique des Cantiques  (שיר השירים) où la femme aimée symbolise Jérusalem.

Très clairement, dans ce verset, la femme est l’avenir de l’humanité. Aragon n’a rien inventé. Mais ce qu’il n’a sûrement pas détecté, c’est que la femme en question, c’est Israël !

Vous êtes Juif Noa’h ? 

Bien sûr.

Cette interprétation s’inscrit en faux contre un découpage chronologique de la Bible selon lequel Bereshit (Genèse) s’adresserait à l’humanité dans son ensemble alors que Shemot et les autres livres de la Torah ne parleraient « que » du peuple hébreu.

Ce découpage erroné a permis au christianisme de s’approprier Noa’h comme une manifestation de Jésus (la lettre nounreprésenterait le poisson symbole chrétien pour le Christ) et même l’Arche serait la première Eglise. L’islam en a fait autant en le considérant comme un prophète missionnaire  du Coran.

Pourtant, le nom même de Noa’h nous dit bien qu’il est un Hébreu. Son nom et sa langue sont hébraïques. Son histoire est racontée en hébreu.  Mais plus profondément, le mot Noa’h (נח) vient de la racine נח. On le sait, cette racine  signifie « tranquille, au repos ». Elle exprime donc une dimension essentielle du judaïsme : le shabbat sans lequel il n’y a ni création, ni histoire humaine. Le déluge lui-même ne peut-il être conçu aussi comme un grand shabbat dans lequel l’humanité se purifie dans les eaux comme s’il s’agissait d’un mikvé ?

Par ailleurs, la guematria de נח est 58.  58 renvoie à beaucoup de sens différents. Mais pour ce qui nous préoccupe, 58 ans, c’est l’âge d’Avram quand Noa’h meurt à 950 ans.  Le midrash (Seder Olam Rabba) nous le dit : Avraham est né en l’an 1948 du calendrier hébraïque, tandis que Noa’h ne meurt qu’en 2006. Avraham a alors 58 ans ! Avram, le futur Avraham, est donc déjà mûr pour prendre le relais et faire progresser l’histoire.

L’Arche, un dictionnaire ?   

Mais ce lien à l’hébreu, par la langue et par l’histoire, se manifeste aussi dans l’usage du mot tevah (תֵּבָה). Il est habituellement traduit par « Arche », mais  les dictionnaires nous disent : 1. La caisse ou le coffre ; 2. Le mot.

La Torah n’utilise à nouveau ce mot הַתֵּבָה (tevah) qu’au début du Livre de Shemot (ou Exode). Il s’agit du frêle panier dans lequel le bébé Moshe (Moïse) sera sauvé justement des eaux (C. 2 verset 5). C’est déjà intéressant en soi. Noa’h par le mot tevah renvoie à Moshe !!!

Les deux sens du mot « tevah » incitent à une interprétation. Pourquoi Noa’h et Moshe s’y retrouvent-ils tous deux ? Ils subissent un monde d’injustice et de violence. Tous deux sont sauvés des eaux car ils sont choisis par ha Shem. Ils héritent de la responsabilité d’offrir une nouvelle chance à l’humanité. La caisse flottante et ses parois les protègent  de la purification (sans retour) par la noyade.

Mais la « tevah » veut dire aussi « le mot ». Elle ne fait pas que protéger, elle est aussi créatrice d’un autre langage sensé dire non à l’injustice et à la violence, à la médisance. Ha Shem, notre Elohim, soutient toujours la vie plutôt que la mort.

Si nous prenons la valeur numérique de chaque dimension donnée par Élohim pour construire l’arche (ch. 6, v.15), nous savons que la lettre shin (ש) vaut 300, la lettre noun (נ ) est égale à 50 et la lettre lamed (ל) à 30. Ces trois lettres forment la racine לשן  (lashan) qui fait référence à l’utilisation de la langue pour dire du mal (voir  G. Lahy –  Dictionnaire des racines hébraïques). C’est exactement cette situation qui provoque le Déluge. Toujours selon Georges Lahy, cette racine a donné le mot lashon (לשֹׁן) qui veut dire la langue au sens physique, mais aussi au sens du langage.

L’auteur en déduit alors une autre interprétation du mot « tevah » : ce mot désignerait un « coffre à mots ». Aujourd’hui, on appellerait ce coffre un dictionnaire. L’arche serait un dictionnaire ! Il concentrerait la quintessence du langage.

La tâche de Noa’h serait donc de rassembler les racines du langage pour sauver le monde. Pas avec n’importe quelles racines, mais avec les racines hébraïques dont la combinaison et/ou la permutation, permettent, avec 22 lettres, de retrouver tous les noms nécessaires à la Création.

De ce fait, Noa’h peut renverser la situation ! Il va s’efforcer de transformer le langage mauvais en langage pour le bien. Mais il le fait avec les mêmes mots, car l’’hébreu peut en effet inverser les sens. On se rappelle, par exemple, que le mot hébreu rah (רעה) peut aussi bien désigner un ami, un compagnon que le mal ou la méchanceté. Autre exemple, la racine לחם (le’hem) peut signifier : le pain ou combattre… C’est très important car cela montre qu’il n’y a pas le mal d’un côté et le bien de l’autre. Contrairement à ce qu’affriment les théologies gnostiques ou influencées par elles,

La kabbale enseigne que le monde fut créé avec les 10 paroles (commandements) et fondé sur la combinaison des 22 lettres hébraïques. Les animaux que Noa’h sauvera, deux par deux, dans les compartiments ou nids de l’arche deviennent alors les racines bilitaires « forces vitales de la langue hébraïque » (G. Lahy).

L’homme a-t-il un sens ?

La paracha Noa’h, comme toutes les autres, peut facilement nous renvoyer à de nombreux aspects de notre histoire et de l’actualité : arrogance, dégradation du langage, médisance, intolérance, injustice…). Sur le fond elle pose la question la plus brutale qui soit : l’existence de l’espèce humaine a-t-elle  un sens ? La réponse ne va pas de soi. Aujourd’hui toute une partie du courant écologiste répond par la négative. L’homme serait un désastre pour la nature, et il doit se faire tout petit s’il veut survivre.

Dans la tradition juive, les anges de la vérité, de la paix, de l’amour et de la justice  ont déjà débattu de la question avant même l’apparition de l’humain (voir « midrash bereshit rabba 8 – 5) … sans aboutir à aucune conclusion.  Mais la paracha apporte une réponse : si l’humanité dans son ensemble peut facilement sombrer,  l’Etre hébreu dans ce qu’il a d’essentiel donne de la lumière… mais seulement s’il reste fidèle au chemin que lui propose ha Shem. Ce chemin est symbolisé ici par l’arc-en-ciel qui relie le ciel à la terre. Ce n’est pas seulement un symbole mais  aussi véritable un arc (queshet- קשת ) en hébreu (ch.9, v.16). Le chemin de l’Etre hébreu passe aussi et nécessairement par le combat.

 

 

BibleNoahNoé
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04octobre
2021

La haftarah de Noah

04/10/2021
George-Elia Sarfati
Parasha & haftarah de la semaine
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Par Georges-Elia Sarfati

 

Haftarah: Isaïe : 54,1-55,5

Les Sages ont choisi un passage du Deutéro-Isaïe pour élaborer un thème fondamental de la sidra Noah. Ces prophéties, sans doute proférées au sortir de l’exil de Babylone, se distinguent par des formulations porteuses d’espérance et de consolation.

Deux versets évoquent directement l’épisode déterminant de l’histoire de Noah (Noah: 8, 21-22 ; 9, 11), qui permettent de forger les grandes perspectives de ce texte : « (54, 8-9) Dans un transport de colère je t’ai, un instant, dérobé ma face (istarti panaï) ; désormais, je t’aimerai d’une affection sans bornes, dit ton libérateur, l’Eternel. Certes, je ferai en cela comme pour les eaux de Noé : de même que j’ai juré que le déluge de Noé ne désolerait plus la terre, ainsi je jure de ne plus m’irriter ni diriger des menaces contre toi. »

La référence à la sauvegarde de Noah fait ici l’objet d’une mise en perspective plus spécifique : si l’humanité fut naguère capable de dévoiement, il s’avère aussi que la conduite d’Israël se caractérise, à certains moments de son histoire, par l’ambivalence à l’égard de l’enseignement du Créateur. La « colère » de Celui-ci nous apparaît constamment à la mesure des égarements de l’humanité créée. De même que l’humanité pré-diluvienne attira sur elle la catastrophe, du fait de l’iniquité (Ber. 6, 5) et de la violence (hamas) dont elle s’était rendue coupable (Ber.6, 11), Israël connut l’épreuve de la destruction et de la dispersion, pour s’être éloignée de l’Instruction reçue en héritage. C’est du moins, selon cette logique que le judaïsme antique interprétait son histoire. Cependant, à bonne distance de l’épisode lointain de Noah, la relation prophétique se particularise selon des termes qui ne trouvent d’équivalent que dans le Cantique des cantiques. La parole du prophète se colore désormais de toutes les nuances du symbolisme conjugal : « (Is., 54, 5-6) Oui, ton époux ce sera ton Créateur, qui a nom l’Eternel des Armées, ton sauveur sera le Saint d’Israël, qui s’appelle le Dieu de toute la terre. Car comme une femme abandonnée et au cœur affligé, l’Eternel t’a rappelée ; la compagne de la jeunesse peut-elle être un objet de dédain ? Ainsi parle le Seigneur. »

L’expression de réprimande, aussitôt suivie de ‘’regret’’, se traduit ici par les formule « voilement de la face » (Is., 54,10) – istarti panim : je t’ai dérobé ma face. Nous savons aujourd’hui que cette assertion, dont se déduit l’un des noms de l’Eternel, témoigne d’une fréquence historique, qui a connu des sommets d’abandon, à différents moments de la dispersion. L’Alliance à laquelle il est fait référence prolonge celle que l’Eternel avait d’abord conclue avec Noah. Elle le fut à des étapes distinctes de l’époque de transition que représente la vie de ce patriarche : d’abord passée avec Noah et sa descendance, avant le Déluge (Noah : 6, 18), puis réitérée à l’issue du Déluge  (Noah : 9, 9). Au demeurant, ce pacte prit aussi différentes formes : il fut d’abord scellé comme une défense de la vie, au titre d’une assurance que l’Eternel ne causerait plus la destruction de tout vivant (Noah : 9, 11), pour finalement se matérialiser en signe de commémoration, sous la forme de la manifestation naturelle de l’arc-en-ciel (Noah : 9, 15-17).

Isaïe  façonne à présent son propre discours par allusion à l’antique mémoire divine de l’humanité ; mais il le fait au moment où Israël est de nouveau en chemin vers sa Terre. Et la réitération de l’Alliance  s’adresse délibérément – non plus aux trois fils de Noah – mais plus singulièrement à une fraction d’entre les fils de Sem. De surcroît, le principe de cette Alliance se trouve modifié aux dimensions d’une ‘’alliance de paix’’ (berit chalom) : « (54, 10) Que les montagnes chancellent, que les collines s’ébranlent, ma tendresse pour toi ne chancellera pas, ni mon alliance de paix ne sera ébranlée, dit Celui qui t’aime, l’Eternel ! »

A cet endroit, une remarque s’impose : il y a peu de probabilité que, dans le monde humain, la tendresse – hessed, ce mot désigne en vérité la bonté, la générosité – de l’Eternel infuse spontanément sans que l’humanité agisse pour en capter les échos. D’autre part, que signifie l’expression « alliance de paix » ? Prévenons d’emblée une mésinterprétation : saisi par l’air du temps, ne faisons pas erreur sur la véritable signification de ces deux mots (berit chalom). Ils ne sauraient désigner la formule triviale d’un pacifisme délité dans toutes les complaisances de l’esprit du temps. La fermeté du discours prophétique est aux antipodes. La paix a un prix qu’il ne faut pas méconnaître, en se payant de son seul mot, comme s’il suffisait de le proférer pour obtenir l’état qu’il désigne.

L’alliance de paix : méditer et agir

Ainsi cette Alliance, dont le Texte nous dit qu’elle est irrécusable, suffit-il seulement d’en avoir l’idée pour qu’elle demeure effective ? Ne convient-il pas aussi d’en connaître les termes pour l’incarner ? La paix dont il est ici question (chalom) suppose la plénitude (chelémout) de la présence d’Israël au message divin. Isaïe suggère en outre que la portée de l’Alliance comporte par elle-même une bénédiction qui se prolonge par-delà l’instant de son rappel. Celle-ci semble inclure deux conditions indépendamment desquelles son nom se vide de sens. La première condition serait que les enfants d’Israël assument d’en méditer les termes, mais aussi de l’agir, en repensant à chaque époque les perspectives de sa transmission : « (Is., 54, 13) Tous tes enfants seront les disciples de l’Eternel ; grande sera la concorde de tes enfants. »

La seconde condition, qui constitue le corrélat de la première, serait que les enfants d’Israël mènent une vie selon la justice révélée : « (Is., 54, 14) Tu seras affermi par ma justice : bannie toute idée d’oppression, car tu n’auras rien à craindre ; de terreur, car tu seras garantie contre elle. »

Aujourd’hui que le peuple d’Israël oscille entre deux cultures – la culture mondialisée et la culture nationale retrouvée- nous percevons et comprenons que le « déluge » de haine qui accompagne son Retour, revêt – comme par le passé – les formes d’un antagonisme radical. Mais la prophétie enseigne du même élan que l’attachement d’Israël à l’Alliance promet la défaite de ses ennemis : « (54, 15) Que si l’on se mettait contre toi, ce serait mon aveu ; quiconque se mettra contre toi succombera sur ton sol. »

Dans le même temps, l’intuition prophétique sait discerner qu’au long cours, la guerre menée contre le principe-Israël puise dans le gauchissement du langage son arme la plus affûtée : « (54, 17) Tout instrument forgé contre toi sera impuissant, toute langue qui se dressera contre toi pour t’accuser sera convaincue d’injustice ; tel est le partage des serviteurs de l’Eternel, et l’arrêt équitable qu’ils obtiennent de moi, dit l’Eternel. »

Bien que ces  versets témoignent aussi de la résistance que suscite constamment l’idée de l’Alliance, ils nous assurent de ce que la haine qui poursuit Israël corrompt irréversiblement ses ennemis. Ils nous enseignent, contre toute attente, que leur échec – ‘’leur langue’’, dit Isaïe, ‘’sera convaincue d’injustice’’ – pourrait augurer de leur éveil.

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Dernières nouvelles
  • Trois ans de présidence à Kehilat Kedem

    Le 4 février 2020, Kehilat Kedem venait tout juste de fêter ses 7 ans, et je me proposais comme candidate à la présidence. Un mois plus tard, le premier confinement est décrété. La crise sanitaire officielle perdurera jusqu’à en mi 2022. La septième année de Kehilat Kedem, relayée par les deux années suivantes, sera à quelques égards un tournant dans la jeune histoire de notre communauté : Inauguration d’une présidence qui n’est plus plus assurée par les fondateurs de notre communauté, Claude Bismut et Sophie Bismut, quoique leur présence et leur vigilance discrètes demeurent. Chaque jour, nous avons cherché à honorer leur travail, dont je découvre toujours la sagesse, le discernement et la prudence. Concomitance avec la pandémie qui nous a obligé à revisiter le fonctionnement de nos activités, tout en en assurant la continuité. Bienheureux les juifs qui, dans de telles périodes tumultueuses, disposent d’un calendrier propre, véritable socle et abri, avec ses shabbatot hebdomadaires et ses fêtes quasi-mensuelles ! Il nous a permis de résister et de continuer sans faille le rythme soutenu et imperturbable de nos rendez-vous qui ont rassemblé les fidèles de notre communauté. La crise sanitaire, éprouvante certes, n’a pas été qu’une épreuve difficile. Il nous a fallu composer avec l’incertitude, qui, parfois, peut aussi se présenter comme une invitation à ouvrir de nouvelles portes. Kehilat Kedem a spontanément choisi de profiter de l’imprévisible pour rebondir et exprimer sa vitalité et son dynamisme : augmentation de l’offre de ses activités et élargissement de sa diffusion, multiplication de liens, échanges et partage avec d’autres communautés d’ici et d’ailleurs), nouveaux partenariats avec la communauté juive montpelliéraine, ouverture encore timide sur la société civile, etc. Rappelez-vous, cette période qui s’étale entre 7 et 10 ans (l’approche de la dizaine !), nous avions appris à lire, à compter et à raconter, nous partions à la rencontre du monde, courageux voire téméraires, poussés par le désir de découvertes et de nouvelles expériences ! Notre réponse, du haut de nos jeunes années, face à une situation inédite fut un formidable élan de créativité, et ce, grâce à l’ardeur enthousiaste des responsables (CA et bureau), eux-mêmes soutenus par tous les membres de la communauté elle-même. Ce soutien mutuel et solidaire s’est peut-être aussi avéré, pour chacun d’entre nous, être un pilier sur lequel s’ancrer, par lequel résister, autour duquel réunir nos solitudes et tirer la force d’affronter les difficultés. Kehilat Kedem a rejoint Judaïsme en Mouvement. Au-delà de différents soutiens et bénéfices (rabbiniques, études, transmission auprès des plus jeunes, logistiques, etc.), c’est le sentiment d’appartenir à une grande communauté en mouvement avec laquelle nous partageons les mêmes valeurs qui nous rend plus fort. En rejoignant JEM, nous nous engageons à faire connaître et reconnaître un Judaïsme inclusif, ouvert et sensible aux questions existentielles actuelles, un judaïsme acteur dans la Cité, nous rejoignons le combat pour une reconnaissance auprès des Institutions qui nous gouvernent, auprès de la société française dans son ensemble, afin que la voix du Judaïsme libéral compte et soit entendue. Quelle belle aventure que ces trois années intenses : joie partagée, travail d’équipe, échanges, rencontres, difficultés -parfois- à surmonter, de bonne fatigue ! Alors, je formule le souhait que Kehilat Kedem continue à se développer et à s’épanouir grâce à une implication croissante de chacun de ses membres, chacun selon son rythme et sa conscience. Kehilat Kedem tout en s’enracinant dans son origine regarde l’avenir, du côté du soleil levant, ainsi que le proclame son nom. Un futur gros de promesses et d’ouvertures dont nous sommes chacun et chaque jour responsables. Un grand Mazel Tov à Julien Taillandier, nouveau président de notre chère et précieuse communauté auquel je suis heureuse de laisser la place en toute confiance, Un grand Mazel Tov aussi à toute l’équipe qui compose le nouveau CA ! Margot Levine   Photo : Sixteen Miles Out – Unsplash      

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Parasha & Hatftarah
  • Parasha Vayikra : comment sortir du fétichisme, par Jean-Pierre Winter, psychanalyste

    Dans la parasha Vayikra, qui ouvre le sefer de même nom (Lévitique), D.ieu appelle Moïse (d’où le nom de la parasha) et lui indique précisément les règles du choix des offrandes : holocaustes, oblations, shelamim (offrandes « de paiement »), hataot (offrandes visant à réparer les fautes) et ashamot (offrandes de culpabilité) sont ainsi précisées. https://akadem-vod.streaminternet.com/vod/1803_WINTER.mp4 Photo : Almos Bechtold – Unsplash

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  • Parasha Vayakel-Pékoudei: bâtisseurs du temple, bâtisseur de temps, par Henri Cohen-Solal, psychanalyste

    Le livre de l’Exode s’achève. Moïse convoque le peuple et prescrit l’ordonnancement du Shabbat. Il organise ensuite l’offrande des matériaux nécessaires à la construction du Tabernacle. Ces éléments sont construits, et la Torah en décrit la conception avec un grand luxe de détails. Ensuite, sont confectionnés les habits sacerdotaux, puis le sanctuaire, et les kohanim sont consacrés. Puis le Divin se manifeste enfin, une fois le sanctuaire terminé. https://akadem-vod.streaminternet.com/vod/1514_COHEN-SOLAL.mp4

    [suite]
  • Parasha Ki Tissa : du mystère au verbe, par le rabbin Yeshaya Dalsace

    Dans la parasha Ki Tissa, D.ieu ordonne à Moïse de recenser les Israélites et de lever un impôt. Il lui décrit la vaisselle rituelle destinée aux ablutions des prêtres et la préparation de l’huile et de l’encens pour le sanctuaire. Il désigne également les artisans pour les travaux du sanctuaire et réitère l’exigence de l’observation du shabbat. Le peuple, ne voyant pas Moïse redescendre du Sinaï, demande à Aaron de créer un dieu qui remplacera Moïse. Descendant de la montagne, Moise découvre le Veau d’Or et brise les tables de la Loi. Il ordonne aux Israélites restés fidèles à l’Eternel (et en particulier la tribu de Lévi) de massacrer les idolâtres. D.ieu déclare alors qu’Il ne résidera plus parmi le peuple; Moïse plaide pour l’expiation des fautes commises, et D.ieu l’entend. Il lui révèle Sa gloire et Ses attributs de miséricorde, puis réitère plusieurs commandements. Moïse passe quarante jours et quarante nuits de plus sur le mont Sinaï, où il grave de nouvelles tables de la Loi. Lorsqu’il descend, son visage rayonne et il doit porter un voile. https://akadem-vod.streaminternet.com/vod/1505_DALSACE.mp4 Photo de Tobias Schmücker sur Unsplash

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La parasha de la semaine, par Judaïsme en Mouvement

Cours & conférences
  • Mal et maladie dans la Bible – par Thomas Römer, du Collège de France

    D’où vient le mal, et d’où viennent les maladies ? Ces questionnements ont traversé toutes les cultures et tous les systèmes philosophiques ou religieux. Mais dans un système de pensée monothéiste, comment accepter l’idée que le D.ieu unique soit également à l’origine des souffrances ? Et n’y at-t-il pas, dans les Psaumes, traces de croyances anciennes, attribuant à des démons ou des dieux maléfiques, indépendants de l’Eternel, l’origine de la négativité, ce qui laisserait à penser que la religion hébraïque a connu a minima une phase dualiste ? https://www.youtube.com/watch?v=JlMtzAXX8Qs&list=PL1NaqiieWs8kzpRg_nM3NjB2sk4tO4fsq&index=4 Photo de Shane sur Unsplash

    […]
  • La prière (6) : »Ecoute Israël »: une parole qui résonne en soi, par Shmuel Trigano

    Dans ce sixième cours consacré à la prière juive, Shmuel Trigano évoque le Shema, véritable noyau de la prière du matin. Il donne une interprétation de la triple répétition Kadosh, kadosh, kadosh et de la manière dont cette répétition peut être considérée comme une mise en scène ou une répétition de la Création. https://akadem-vod.streaminternet.com/vod/3970_TRIGANO.mp4 Illustration :  Craig Vodnik – Unsplash

    […]
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Culture juive
  • Mal et maladie dans la Bible – par Thomas Römer, du Collège de France

    D’où vient le mal, et d’où viennent les maladies ? Ces questionnements ont traversé toutes les cultures et tous les systèmes philosophiques ou religieux. Mais dans un système de pensée monothéiste, comment accepter l’idée que le D.ieu unique soit également à l’origine des souffrances ? Et n’y at-t-il pas, dans les Psaumes, traces de croyances anciennes, attribuant à des démons ou des dieux maléfiques, indépendants de l’Eternel, l’origine de la négativité, ce qui laisserait à penser que la religion hébraïque a connu a minima une phase dualiste ? https://www.youtube.com/watch?v=JlMtzAXX8Qs&list=PL1NaqiieWs8kzpRg_nM3NjB2sk4tO4fsq&index=4 Photo de Shane sur Unsplash

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Témoignages
  • Enquête européenne sur l’antisémitisme

    L’enquête la plus complète qui existe sur les perceptions et expériences des Juifs de l’antisémitisme dans l’Union Européenne est aujourd’hui ouverte à la participation sur www.eujews.eu Nous vous encourageons vivement à participer à cette enquête qui est ouverte à toutes les personnes de 16 ans et plus qui se considèrent juives. L’enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) collectera des données dans 13 États membres de l’Union Européenne. Les conclusions aideront les autorités nationales et les institutions européennes dans leurs efforts pour mieux protéger les droits fondamentaux de Juifs, combattre l’antisémitisme et favoriser la vie juive en Europe. Rendez-vous sur www.eujews.eu dès maintenant pour en savoir plus sur l’enquête et y participer. L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne et ses partenaires garantissent le respect des règles de protection de toutes les données durant la collecte et l’analyse. Merci de partager le lien de cette enquête avec votre famille et vos connaissances – en particulier avec les personnes qui n’appartiennent à aucune organisation juive afin de garantir la participation la plus large possible.

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Sujets
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Kehilat Kedem s’inscrit dans le mouvement du judaïsme réformé. Notre synagogue vous accueille quelles que soient vos convictions, vos préférences personnelles, votre vie privée ou votre niveau de pratique religieuse. Elle propose un vaste éventail d’activités, ouvertes à tous. Kehilat Kedem est membre de la WUPJ et de Judaïsme en Mouvement (JEM).

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