2024
Témoignage d’un voyage en Israël à la rencontre de citoyens solidaires et mobilisés pour la paix et la démocratie – par Nathalie Assouline
Article écrit en collaboration avec Brigitte Claparède-Albernhe.
Citoyennes françaises, attachées au devenir d’Israël et engagées dans la société civile à Montpellier, nous sommes parties en Israël en février. Quatre mois après l’effroi qui a suivi le 7 octobre, nous voulions comprendre ce que peut être la vie quotidienne dans cet enchaînement de violence. Nous avons été saisies par la vitalité et l’engagement citoyen, dans un contexte général de défiance vis-à-vis du gouvernement. Nous avons rencontré des hommes et des femmes qui se battent au quotidien pour construire une société meilleure et rendre possible une paix durable dans cette partie du monde.
Depuis le 7 octobre, le niveau de mécontentement vis-à-vis du gouvernement de Benjamin Netanyahou s’est généralisé (32% de confiance) [2] . La promesse sécuritaire n’a pas été tenue, faisant exploser le contrat social. L’incroyable réactivité et résilience des Israéliens a empêché le pays de basculer dans le chaos escompté par le Hamas. Cette puissante solidarité citoyenne a démontré la capacité de la société israélienne à faire bloc et à se substituer efficacement aux manquements des institutions publiques dans le secours aux populations. Issu des récents mouvements de contestation de la réforme de la justice, cet élan citoyen a remis au centre du débat public les revendications de paix et de justice, y compris pour les Palestiniens.
Curieusement, il a été ignoré d’une certaine gauche mondiale, restée insensible à l’attaque du 7 octobre. À notre arrivée, les questions se bousculaient. Les lignes droite-gauche ont- elles bougé depuis le 7 octobre ? Les partisans d’une solution de paix ont-ils perdu espoir ? Peut-on déjà penser le jour d’après ? Les femmes et les hommes, interviewés lors de ce voyage, ont, pour la plupart, radicalement réorienté leur vie, désireux d’agir concrètement. Ils n’occupent aucun poste de pouvoir, et pourtant leur pouvoir de sauvegarde de la démocratie est déterminant. Malgré les tourments de la guerre, les enfants ou les proches sur le front, les nouvelles quotidiennes des soldats blessés ou tués, des femmes et des enfants de Gaza pris sous les bombes, les vies volées des kidnappés et l’ampleur des exactions du Hamas, chacun veut croire à une société plus décente pour tous.
2024
Dire le mal
La brutalité du récent fait divers de Courbevoie peut laisser sans voix. Il faut pourtant dire : dire le viol d’une enfant, le passage à tabac, les menaces de crémation, le tout justifié par l’antisémitisme, et doublé d’une inversion accusatoire : la victime “aurait eu de mauvaises paroles à propos de la Palestine”, aurait caché son appartenance au judaïsme ; elle l’aurait donc bien cherché, mériterait son destin. A son judaïsme, déjà suffisant pour justifier une agression et un viol, s’ajoute une version à peine laïcisée et politisée d’un crime de blasphème.
C’est un classique de la pensée antisémite, qui veut que le Juif ne mérite jamais le bien qui lui arrive (il l’a toujours volé, détourné ou mal acquis) mais est toujours le seul responsable de ses propres malheurs. Le bourreau, l’assassin, le violeur, lui, n’est jamais coupable : il n’agit qu’en état de légitime défense, personnelle ou par procuration. Cette rhétorique est la même que celle des tueurs du 7 octobre. Il existe une différence dans l’ampleur de l’acte, non dans sa nature. Sauf que ça n’est pas en Israël que cela se passe. C’est en France, sur la ligne A du RER.
Que des gamins de treize ans se montrent capables de tels actes en dit long sur l’ensauvagement de nos sociétés, la violence installée, la haine du Juif perçue non seulement comme normale, mais comme exonérante. Un Mal banalisé, se nourrissant d’une absence de pensée, d’une soumission aux pulsions les plus noires de l’individu et justifié par la certitude d’appartenir au camp du Bien.
Pour ceux qui adhèrent à cette pensée, qu’ils aient 13 ou 73 ans, on peut blesser, tuer, violer, quiconque pense mal, vit mal, croit mal : le déviant, l’infidèle, bouc-émissaire pour tous les maux du monde, à qui l’on peut faire subir tout ce que l’on veut puisqu’après tout, il n’est pas vraiment humain ; c’est un Juif / bourgeois / sioniste / ennemi du peuple / autre, rayez les mentions inutiles.
Comme tout un chacun, il m’arrive de douter ; il m’arrive d’ignorer dans quel camp se trouve la justice, la morale ou le bien. Il m’arrive de manquer de certitude quant à l’attitude à adopter. Et je vous souhaite de tels moments de doute également : ils sont la marque qu’on n’a pas encore irrémédiablement plongé dans le fanatisme. Mais il y a une chose dont on peut être certain : ni la morale, ni le bien, ne se trouveront jamais dans le camp de ceux qui, au nom de leur cause, trouvent justifiable que l’on viole une enfant.
Ce shabbat, nous adresserons des prières pour le rétablissement de cette jeune fille, bien entendu. Mais cela ne suffit pas. Le collectif des associations juives de Montpellier prévoit des actions dans les jours qui viennent. Vous en serez informés dès que possible.
Julien Taillandier
Président de Kehilat Kedem
Photo de Daniele Levis Pelusi sur Unsplash
2024
Parasha Behaalotekha : élévation, mysticisme et responsabilité, par le rabbin Delphine Horvilleur
Dans la parasha Behaalotekha, D.ieu indique à Aaron comment faire monter les lumières de la ménorah du Tabernacle. Il établit les règles pour la consécration des Lévites et prescrite une seconde Pâques pour ceux qui n’ont pas été en mesure de réaliser la première.
Une colonne de nuées et une colonne de feu guident les Israélites dans leurs voyages, au son de trompettes. Le peuple en vient à regretter les viandes d’Egypte et à murmurer contre Moïse. Aaron et Myriam remettent en question l’autorité du prophète et en punition, Myriam est frappée par une «lèpre» (tzaraat).
2024
Parasha Nasso : la bénédiction qui en cache six autres, par le rabbin Gabriel Farhi
Dans la parasha Nasso, D.ieu énonce les fonctions des Gershonites et des Mérarites, puis les règles de purification du campement. Contrairement aux Qéhatites, les Gershonites et les Mérarites ont des chariots, mais pas d’ornements aux épaules. Le texte décrit ensuite la structure du camp et l’isolement dont doivent faire l’objet les individus impurs. La loi de mise à l’épreuve de l’épouse accusée d’infidélité est décrite, ainsi que la bénédiction sacerdotale et les offrandes des princes pour le Tabernacle.