Hommage à Jules Isaac : un timbre commémoratif et un colloque universitaire

A l’occasion des soixante ans de la disparition de Jules Isaac, La Poste émet une série de timbres à son effigie : ils seront en vente à partir du 4 septembre 2023.

Jules Isaac (1877-1963) a marqué son temps : issu d’une famille juive d’Alsace-Lorraine, très ancré dans l'»israélitisme» typique de son temps (mettant en avant le patriotisme et l’attachement aux valeurs de la France et de la République, et conservant le religieux pour une sphère exclusivement privée), il est issu d’une famille de militaires. Orphelin à treize ans, il poursuit néanmoins de brillantes études, rencontre à vingt ans Charles Peguy, et s’engage à ses côtés dans le camp dreyfusard. Agrégé d’histoire en 1902, il enseigne d’abord à Nice et Sens, puis à Louis-le-Grand, enfin au lycée Saint-Louis. Il commence, en parallèle, à travailler comme auteur de manuels d’histoire pour Hachette, sous la direction d’Albert Malet. La collaboration entre les deux hommes semble fructueuse, jusqu’à ce que la Grande Guerre éclate. Ils sont mobilisés tous les deux. Malet meurt au front en 1915. Après la guerre, c’est donc Isaac seul qui rédigera les fameux manuels d’histoire «Malet & Isaac», tout en conservant le nom de son ancien collègue par respect pour son travail. Ces manuels se retrouveront entre les mains de tous les élèves français pendant deux générations, et marqueront à tel point leur époque que, dans Penser/Classer, Georges Perec y fait par exemple référence comme à l’un des piliers de ses souvenirs d’enfance («Je me souviens de Malet & Isaac»).

Après la Grande Guerre, Jules Isaac milite pour une réconciliation franco-allemande (il sera peu entendu); il rejoint la Ligue des Droits de l’Homme et plusieurs organisations de vigilance face à la montée des totalitarismes. En 1936, il devient inspecteur général de l’Instruction Publique. Il ne restera en poste que quatre ans : en 1940, il est démis de ses fonctions en tant que Juif, et doit se réfugier en zone non-occupée. Quand, en 1942, le sud de la France se retrouve également occupé, il se réfugie un temps chez son fils, puis, lorsque celui-ci et sa famille fuient vers l’Espagne, chez sa fille, à Riom, dans le Var. Son gendre travaillant pour l’agence Havas auprès de Vichy, la famille se pense protégée. Elle ne l’est pas : fin 1943, son gendre et sa fille, convaincus d’espionnage pour la Résistance, sont arrêtés, ainsi que son épouse et son plus jeune fils, Jean-Claude. Jules Isaac échappe à l’arrestation. Mais toute sa famille, déportée à Auschwitz, va y périr, à l’exception du jeune Jean-Claude, qui parvient à s’évader. C’est à la mémoire de son épouse et de sa fille disparues que Jules Isaac, dans la clandestinité, commence la rédaction de ce qui sera son plus fameux ouvrage : Jésus et Israël, première pierre de ce qui, plusieurs années plus tard, deviendra l’Amitié Judéo-Chrétienne.

Rétabli dans ses fonctions en 1945 à titre honoraire, Jules Isaac va devenir, dans les deux dernières décennies de sa vie, un infatigable militant de la paix. Persuadé que le respect comme le mépris s’enseignent, il va beaucoup travailler auprès de l’enseignement laïque, mais aussi des religieux, pour promouvoir la compréhension mutuelle et de l’amitié entre judaïsme et christianisme. Il va rencontrer les papes Pie XII, puis, surtout, Jean XXIII, avec qui il va nouer une véritable amitié, et qui acceptera, avant même les réformes de Vatican II, de retirer de la prière universelle du Vendredi Saint des mentions telles que Oremus et pro perfidis judaeis.

Jules Isaac meurt en 1963. Il est inhumé au cimetière de Montparnasse.

Deux ans après son décès, en 1965, le concile Vatican II adopte la déclaration Nostra Aetate, qui concerne les relations entre la catholicisme et les autres religions. Au sujet du judaïsme, Nostra Aetate supprime des catéchismes la notion de peuple déicide et stipule : Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel. 

Le timbre commémoratif à l’effigie de Jules Isaac sera disponible en bureau de poste, dans certains bureaux de tabac et sur laposte.fr, section beaux timbres,  à partir du 4 septembre 2023.

Les 5 & 6 septembre 2023, colloque universitaire à Montpellier, consacré à Jules Isaac. Détails, programme et inscription ici.

Parasha Vaet’hanan : l’humain qui compte – par le rabbin Yeshaya Dalsace

Dans la parasha Vaet’hana, Moïse rappelle au peuple qu’il a prié D.ieu de le laisser entrer en Eretz Israel mais que cela lui a été refusé : ce sera Josué qui les mènera au-delà du Jourdain. Il les encourage à rester fidèles à l’Alliance et aux commandements et insiste sur l’unicité de la Torah. Moïse répète encore les Dix Commandements et énonce le Shema Israel.

Photo de Keith Chan sur Unsplash

Cours de calligraphie hébraïque

A partir de la rentrée de septembre, nous pourrions organiser des cours de calligraphie hébraïque avec la calligraphe Liz Azria. Les cours se présenteraient sous la forme d’ateliers de deux heures, une fois par mois. Ces ateliers pourront accueillir entre six et dix, voire douze, personnes.

La faisabilité d’un tel atelier dépend d’un facteur simple : le nombre de personnes potentiellement intéressées. Si nous avons suffisamment de monde (idéalement une dizaine de personnes), nous pourrons organiser ces ateliers tout en leur conservant un tarif individuel raisonnable.

Deux éléments importants à avoir en tête :

. les cours seront calibrés de telle manière qu’il sera possible de prendre l’année en cours de route, voire de n’assister que sporadiquement aux ateliers.

. l’enseignante fournit le matériel : il n’est donc pas nécessaire au début d’investir dans de l’équipement.

Pour vous préinscrire aux cours, cliquez ici

Devarim: le livre de la transmission, par Daniel Lemler, psychanalyste

Quarante ans après l’Exode, les Israélites arrivent enfin aux frontières de la terre promise. Moïse d’adresse au peuple, rappelant les comportements répréhensibles antérieurs et la faute des explorateurs. Il rappelle les bienfaits et les victoires offerts par D.ieu et insiste sur le faite que le pays qui est offert est déjà construit.

Photo de Konstantinos Kaskanis sur Unsplash

Parasha Pin’has : le retour de Lilith, par Rachel Verliebter, psychothérapeute

Les enfants d’Israël s’installent à Chittim, où le peuple commence à fréquenter sexuellement les filles des Moabites. Elles invitent leurs amants à sacrifier à leurs divinités, et nombreux sont ceux qui cèdent à cette invitation. Les Israélites s’attachent donc à la divinité Baal-Peor et la colère de l’Eternel s’embrase contre eux.

D.ieu ordonne à Moïse de faire pendre ceux qui se sont rendus coupables de cette idolâtrie. Un Israélite souhaitant s’unir avec une midianite, Pin’has, le fils d’Eleazar (et donc petit-fils d’Aaron) s’arme d’une lance, suit le couple sous sa tente et les tue tous les deux.

Photo de VENUS MAJOR sur Unsplash

Parasha ‘Houkat : Moïse, cherchez la faute !, par Ivan Segré – philosophe et talmudiste

Dans la parasha ‘Houkat, D.ieu ordonne à Moïse et Aaron de fabriquer une eau lustrale à partir des cendres d’une vache rousse. Myriam meurt et le peuple manque d’eau. Moïse fait jaillir une source en frappant un rocher mais, D.ieu lui ayant indiqué de parler au rocher et non de le violenter, il est condamné à ne pas entrer en terre promise. Le peuple se met en route mais les Edomites leur barrent le chemin et ils doivent faire un vaste détour pour éviter d’entrer en guerre contre les enfants d’Esaü. Aaron meurt et le peuple se révolte une nouvelle fois; cette fois, D.ieu envoie des serpents, dont la morsure est guérie par le Nehoushtan, le serpent d’airain. Arrivant au pays des Amoréens, les Israélites demandent un passage pacifique mais celui-ci leur est refusé. une guerre s’ensuit et les Amoréens sont vaincus.

Photo de Hilde Demeester sur Unsplash

 

Comme un air de yeshiva

Samedi 24 juin à 14h00 à l’IPT, Kehilat Kedem vous propose un rendez-vous exceptionnel, rejoindre et participer à la havrouta (étude entre frères et sœurs dirigée par un rav, celui qui en sait beaucoup) animée en présence par le rabbin, philosophe, talmudiste, linguiste, logo thérapeute, poète, et plus … le professeur Georges Elia Sarfati.

Kehilat Kedem vous invite à une expérience inédite, (pour certains),

bref à une aventure textuelle, ouverte à tous et … dont l’entrée est libre !

Voilà 3 ans que Georges Elia Sarfati nous accompagne et nous guide dans les méandres de la pensée juive, semaine après semaine, nous étudions les parashyot, tous les 15 jours, nous étudions aussi les textes de la tradition du Musar, tous les 15 jours en alternance (le Musar, c’est l’éthique juive). Nous réfléchissons à la multiplicité des visages du judaïsme, selon les sursauts souvent dramatiques de notre histoire, selon l’avancée des sciences, l’évolution de la société … en nous appuyant sur la pensée d’hommes et de femmes qui dans les ténèbres cherchent la lumière.

Ces rendez-vous réguliers, nous les préparons au mieux en étudiant en binôme, mais parfois seul, nous nous cognons aux textes parfois obscurs en première lecture, puis à force de les lire, de chercher et/ou tout simplement de se laisser porter, du sens, ou ce qui nous apparaît comme tel, émerge… mais parfois non. Ne nous laissons pas abattre mais au contraire, battons-nous contre notre sentiment d’errance face à des textes qui nous apparaissent hermétiques ! Tentez l’expérience avec le texte en FJ.

Qu’ils nous interpellent ou non, nous savons, à force de pratiquer ces études, que le commentaire de notre « moreh » (notre enseignant) nous réserve un coup de théâtre, parfois même plusieurs. Et nous voilà tous surpris, enchantés, revisitant le monde avec un nouveau regard : quelque chose en nous s’est transformé.

Faites l’expérience avec quelques extraits de texte de l’école du rabbi Isaac l’Aveugle !

Soyons nombreux à respirer l’air d’une yeshiva un après-midi de shabbat de juin !

A samedi 14h00 à l’IPT avec le texte et vos commentaires en bandoulière !

Margot
Responsable des études à Kehilat Kedem

TELECHARGEZ LE TEXTE A ETUDIER ICI

Parasha Kora’h : éloge de la controverse, par le rabbin Delphine Horvilleur

Dans la parasha éponyme, Kora’h, lévite et cousin de Moïse, s’allie à Dathan et Abiram, des princes de la tribu de Ruben, pour mener une rebellion contre Moïse et Aaron. Moïse en appelle au jugement divin : Aaron et Kora’h apportent chacun un sacrifice d’encens mais seul celui d’Aaron est agréé. Kora’h et ses suivants sont engloutis par la terre dans une séisme, une peste frappe le peuple et seules les offrandes d’Aaron parviennent à enrayer la maladie. La bénédiction divine sur Aaron est encore confirmée par le fait que son bâton fleurit.

Photo de Bernd 📷 Dittrich sur Unsplash

Parasha Shlakh : les murailles du désir, par le rabbin Yeshaya Dalsace

Dans la parasha Shlakh, D.ieu, à la demande des Israélites, accepte d’envoyer des explorateurs, à raison d’un par tribu, reconnaître la terre de Canaan. Mais ces explorateurs, à l’exception de Caleb ben Yefouné et de Josué bin Noun, reviennent épouvantés, déclarant la conquête impossible. Le peuple, effrayé, se lamente et murmure une nouvelle fois contre Moïse et Aaron, mais aussi contre les deux explorateurs les plus optimistes, et menace de les lapider. Pris de colère, l’Eternel dit qu’il va exterminer le peuple et y substituer une autre nation, qui sera issue de Moïse mais ce dernier obtient finalement la grâce des Israélites. Toutefois, D.ieu déclare que cette génération ne connaîtra pas l’entrée en terre promise et errera quarante ans dans le désert. Des lois agraires sont ensuite proclamées et un profanateur est lapidé. Le port des tzitzit est prescrit.

Photo de Maja Petric sur Unsplash

La Tsedaka : charité ou justice ? Par David Saada

La Tsedaka est l’un des piliers essentiels du judaïsme. On traduit généralement ce mot par charité. Et on se trompe. Car Tsedaka signifie justice, et ne relève pas du bon vouloir, ni de la vertu, de celui qui la pratique : il s’agit d’un devoir, d’une obligation bornée par des minima, mais également des maxima dans le commandement de donner. Elle est indépendante de la vertu ou de l’absence de vertu du receveur, mais également indépendante des revenus du donneur : le plus pauvre lui-même doit également, à la hauteur de ses moyens, pratique la Tsedaka. De plus, la Tsedaka n’implique aucune espérance de gratitude, ni de reconnaissance. David Saada présente ici ce concept-clef du judaïsme.

Illustration : Priscilla Du Preez – Unsplash