2022
L’antisémitisme, barrage à l’émancipation : une conférence de Brigitte Stora, le 31 mars 2022
La langue antisémite se parle un peu partout dans le monde. Assumée par certains, elle est aussi parlée à l’insu de certains de ses locuteurs, voire consentie à travers leur silence.
Quelles que soient ses déclinaisons politiques, culturelles et religieuses, l’antisémitisme tient un même discours ; il postule une « domination juive », un « sujet juif coupable » aux commandes, contrôlant le destin de l’humanité. Pourquoi ce fantasme à la fois central, ancestral, récurrent et commun à tous les discours antisémites est-il si peu identifié et combattu ? Pourquoi, ce mythe meurtrier de la « conspiration juive en vue de dominer le monde » a-t-il pu se redéployer après le génocide nazi comme s’il n’en avait pas constitué le motif principal ?
Sans doute parce que l’antisémitisme est une vision du monde mais aussi une clef d’explication du monde, toutes deux héritées de l’antijudaïsme qui postule l’abolition du judaïsme comme condition d’une rédemption universelle. L’Occident chrétien s’est fondé sur la récusation de son origine juive, faisant du « Juif » l’Autre absolu, comme un paradigme de l’étranger. Or dans le récit biblique et dans la pensée juive qui s’en inspire, et comme l’énonce la psychanalyse, l’Autre n’est pas une menace extérieure, il est en soi, à l’origine de la responsabilité, et fonde la condition pour devenir sujet.
L’antisémitisme se construit précisément à travers le refus de tout exil, de tout décalage et de toute altérité. L’antisémite se dit « spolié » mais son discours semble témoigner de sa propre dérobade. Dans sa dimension collective, cette dérobade semble constituer l’un des plus sûrs barrages à l’émancipation politique.
Aujourd’hui la langue antisémite se parle un peu partout dans le monde, elle parle d’une conspiration juive, d’une dépossession des autres, d’un privilège usurpé. Ouvertement assumée par les islamistes et l’extrême droite ; elle est parfois parlée à l’insu de ses locuteurs, et se retrouve dans nombre de discours antisionistes voire décoloniaux.
Pour combattre l’antisémitisme et ce barrage à l’émancipation qu’il a toujours constitué, il convient de repérer son très ancien discours qui dit mieux que les autres, le refus radical d’Autrui. C’est ce que cette conférence, qui sera suivie jusqu’en juin de trois ateliers de travail et d’échanges, vous propose, en examinant à chaque fois les ressorts antisémites qui ont caractérisé les ambitions totalitaires passées et actuelles (stalinisme, nazisme, populismes…).
Brigitte Stora
Sociologue de formation, journaliste indépendante, elle est auteur de documentaires historiques et de fictions radiophoniques (France Culture, France Inter). Auteur du livre : « Que sont mes amis devenus : les Juifs, Charlie, puis tous les nôtres » (Ed. Le Bord de l’Eau) paru en 2016. Docteur0. en psychanalyse, thèse soutenue le 20 septembre 2021 à l’Université Paris Diderot sur « l’antisémitisme : un meurtre du sujet et un barrage à l’émancipation ». (Livre en préparation)
2022
Purim : le livre des sorts et des destins
A l’approche de Purim, une réflexion quant à cette fête. Car Purim est une fête étrange : à certains égards, il s’agit d’une déclinaison juive d’une Feralia ou d’une Fête des Fols. Mais, comme souvent, tout cela a également un sens plus profond et plus vaste. Claude Birman, professeur de philosophie, revient sur plusieurs aspects de Purim, qui vont bien au-delà du carnaval.
2022
La religion : facteur d’émancipation pour les femmes ?
Quatre femmes nommées dans leur religion respective à des postes à responsabilité débattent et exposent leur point de vue, détaillant comment elles ont, chacune, trouvé dans leur texte sacré et dans leur pratique religieuse la légitimité de leur fonction et un facteur d’émancipation.
Avec: Kahina BAHLOUL, première femme imame en France, Floriane CHINSKY, troisième femme rabbin en France, Marie-Reine MEZZAROBBA, théologienne catholique et Emmanuelle SEYBOLDT, pasteure et première femme présidente du Conseil Nationale de L‘EPUdF.
Illustration : Karl Magnuson / Unsplash
2022
Historiciser « Mein Kampf »
Conférence de Florent Brayard au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (mahJ)
« Mein Kampf », publié entre 1925 et 1926, présente l’obsession antisémite d’Adolf Hitler et condense des propos à la fois anciens et plus nouveaux dans la longue histoire de la haine du juif. Il présente les Juifs comme un peuple avide de pouvoir et désireux de prendre le contrôle du monde; il conclue en estimant que combattre les Juifs est indispensable à la survie de l’humanité en général, de l’Occident et de l’Allemagne en particulier. Analyser les conceptions hitlériennes permet de mieux en comprendre les origines, qui puisent à la fois dans un vieil antijudaïsme chrétien, un antisémitisme racialiste apparu au XIXème siècle et un antijudaïsme issu de la gauche à la même époque. Cette analyse permet de réaliser combien les persécutions qui commencent dès le début de 1933 sont clairement annoncées dans le véritable programme que constitue Mein Kampf.
Illustration : Mateus Campos Felipe – Unsplash