2021
Juifs libéraux et juifs orthodoxes : quelles possibilités de dialogue ? Un débat entre Pauline Bebe et Emmanuel Bloch
Première femme rabbin en France, Pauline Bebe, ordonnée en 1990, est l’une des figures du mouvement juif libéral. Dans cette discussion avec Emmanuel Bloch, conférencier et membre du mouvement orthodoxe moderne, elle évoque les différences (et les points de rencontre possibles) entre judaïsme réformé et orthodoxie. La Loi est-elle une permanence ou un processus dynamique ? Quelle place pour l’interprétation contextuelle dans un code d’origine divine ? La kasherout doit-elle désormais prendre en compte la souffrance animale ? Autant de sujets qui, s’ils ne sauraient sans doute recevoir de réponse définitive, méritent qu’on s’interroge.
Davantage de détails sur Akadem.
2021
Etudier à Kehilat Kedem avec Georges-Elia Sarfati
Depuis un an, Kehilat Kedem a la chance de compter parmi ses principaux intervenants en études juives, le professeur Georges-Elia Sarfati.
Philosophe, linguiste, traducteur, diplômé de l’institut rabbinique Schechter de Jérusalem, docteur en études juives de l’université de Strasbourg, psychanalyste existentiel, Georges-Elia Sarfati nous a d’abord fait voyager dans la tradition éthique du judaïsme, dont il est l’un des plus éminents spécialistes. C’est en effet au cours d’un premier cycle de dix séances, que GES nous a initiés à cette pratique spirituelle qu’est le Moussar. Et c’est en travail de binômes très motivés que nous avons pu plancher pendant ces cinq derniers mois.
Pour vous donner une idée de ce qu’est le Moussar, n’hésitez pas à cliquer sur ce lien pour écouter ou réécouter une émission de Talmudiques de Marc-Alain Ouaknin avec Georges-Elia Sarfati.
Vous pouvez également lire l’excellent article de GES sur « l’Esprit du Moussar » via le lien.
Cette étude sur le Moussar a été introduite par une conférence inaugurale le 15 octobre dernier co-organisée par Kehilat Kedem et l’Institut Universitaire Maïmonide-Averroès-Thomas d’Aquin avec pour thème : « Viktor Frankl (1905-1997), Le Dieu Inconscient, Psychothérapie et religion » . Lors de cette conférence, Georges-Elia Sarfati a introduit son travail sur la logothérapie ou thérapie existentielle créée par le psychologue et penseur juif Victor Frankl, lui-même très imprégné de cet héritage éthique du judaïsme. Nous avons le plaisir de vous offrir le replay de cette conférence.
Un second cycle sur le Moussar aura lieu à la rentrée qui pourra également être suivi par les personnes qui n’auraient pas eu la possibilité d’être présents sur le 1er cycle. Nous vous tiendrons informés.
Soucieux de répondre à notre soif d’études, GES a également rejoint depuis le début de l’année notre groupe d’étude de lecture de la Bible en havrouta (travail en binômes) qui se tient en visio-conférence deux fois par mois. Pour en savoir plus sur cet atelier qui réunit des passionnés de l’interprétation de nos textes, vous pouvez cliquer sur ce lien.
Pour terminer l’année d’études, un cycle de quatre conférences passionnantes et essentielles sur la question du judaïsme contemporain après la Shoah vient de débuter. Pour en savoir plus sur cette série de conférences, vous pouvez cliquer ici.
Par ailleurs, Georges-Elia Sarfati vient de donner une interview sur Radio Aviva que nous vous invitons à écouter ici.
Essayez un de ces cours! Cela pourrait donner une « sacrée » dimension à votre étude!
2021
Atelier Moussar : La responsabilité dans le Talmud (étude en binôme)
Un cycle de 6 cours bi-mensuel en ligne et en présentiel (pour certains cours), animé par Georges-Elia SARFATI * et proposé à partir du dimanche 10 octobre
Atelier « Ethique du judaisme »
Exister selon le Moussar : la responsabilité
(Etude du Talmud en havrouta/binôme)
Ce cycle thématique sur la responsabilité fait suite au cycle d’initiation pratique au Moussar – tradition éthique du judaisme – qui a eu lieu au cours de l’année 2020-2021. Lors des dix séances d’initiation, nous nous étions appliqués à identifier et pratiquer les principaux exercices spirituels du Moussar « in abstracto », c’est-à-dire indépendamment des textes qui constituent le lieu naturel de leur compréhension. A présent, nous proposons de renouer avec les conditions classiques de l’étude. Pour ce faire, le Talmud offre une très grande latitude de possibilités thématiques. Ce cycle est totalement accessible à ceux qui n’auraient pas pu être présents pour le 1er cycle : un rappel approfondi sera proposé au début du cycle.
Le thème de la responsabilité est assurément l’un des thèmes privilégiés par la sagesse juive, peut-être même sa condition première. Pourtant, la sagesse rabbinique cherche moins à définir la notion de responsabilité, que de répondre à la question : en quoi consiste une attitude responsable ? La notion se déduit en quelque sorte de l’expérience.
La quête de l’être responsable caractérise en outre l’existence juive, quelle que soit les convictions personnelles, puisque la responsabilité se révèle dans les actes. La tradition talmudique consacre nombre de textes à ce thème, pour en montrer l’ampleur mais aussi la diversité de ses domaines d’application.
Comme il est de règle, le Moussar prend appui sur les ressources de la tradition pour proposer des motifs de réflexion pratique. Notre étude partira de la lecture de certains textes du Talmud Babylone, pour aborder leurs enjeux individuels et collectifs, de manière également à en expérimenter la signification. Il s’agira de s’en approprier les enseignements en faisant appel à la compréhension de chacune et de chacun.
Les perspectives pratiques de ces enseignements seront directement appelées par le principe du dialogue et du partage des implications personnelles entre participants – par le travail en binôme -, puisque la fréquentation de ces textes fait apparaître leur portée existentielle toujours actuelle.
Les cours ont lieu en ligne le dimanche tous les 15 jours de 18h à 20h, à partir du dimanche 10 octobre.
Dates
Dimanche 10 octobre
Dimanche 24 octobre,
Dimanche 7 novembre
Dimanche 21 novembre
Dimanche 5 décembre
Dimanche 19 décembre.
Tarifs
Adhérent : 75 euros le cycle – 15 euros la séance,
Non adhérent : 100 euros – 20 euros la séance.
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Philosophe, linguiste, traducteur, diplômé de l’institut rabbinique Schechter de Jérusalem, docteur en études juives de l’université de Strasbourg, psychanalyste existentiel. Si vous souhaitez en savoir plus sur G.-E. Sarfati et sur le Moussar, vous pouvez vous reporter à l’article Etudier avec G.-E. Sarfati qui comporte un grand nombre de liens vidéos et audios passionnant sur le Moussar qui a été proposé à notre communauté.
Dans un premier temps, pour vous inscrire, merci de cliquer sur le lien
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2021
Sur l’esprit du Musar
Par G. E. Sarfati
Si l’on veut appréhender avec quelque exactitude l’esprit du Musar, il convient d’en situer la source dans la tradition du judaïsme la plus ancienne, puisque ses thèmes principaux se rencontrent déjà dans le Livre des Proverbes[1] : « Grâce à eux (les paroles de Salomon), on apprend à connaître la sagesse et la morale (Musar), à goûter le langage de la raison, à accueillir les leçons de bon sens, la vertu, la justice et la droiture. » L’esprit du Musar s’enracine dans le Texte biblique, et, de proche en proche, irradie comme une énergie continue tout au long des principales branches de la pensée hébraïque, avec une insistance toute particulière sur les fins pratiques : Talmud, Halakha, Midrash, Kabbale, Philosophie… C’est dire que l’esprit du Musar définit peut être l’invariant le plus stable de ces textes qui appellent à la spiritualisation de notre humanité.
La raison principale de cette aspiration, qui est aussi une ambition civilisationnelle, procède d’une idée simple, aussi bien qu’excessive, au regard de la complexité de la condition humaine : l’existence d’un dieu spirituel appelle chacune et chacun à la conduite d’une vie spirituelle. La longue histoire de la prophétie d’Israël n’enseigne pas autre chose. A sa manière spécifique, le Musar peut par conséquent se comprendre comme l’un des plus anciens programmes éducatifs du genre humain. Et là réside aussi la singularité de la vocation d’Israël, mais sans doute aussi de son « élection ». En Hébreu, il est question du « choix d’Israël », mais le même mot veut aussi désigner une épreuve. Le Musar est une mise à l’épreuve, un défi lancé à la condition humaine, pour l’ouvrir à la transcendance, dans ce monde-ci. C’est aussi le paradoxe de Musar, cela même qui en fait une discipline exigeante.
Une discipline exigeante
Au-delà des premiers enseignements systématiques : Livre des Proverbes, Maximes des Pères, ce sont les philosophes du judaïsme qui dès le 10e siècle de l’ère commune, inaugurent une tradition d’écrits de Musar, qui tend à en faire une branche distincte du corpus rabbinique, de manière à dessiner une voie de transmission complémentaire de cette sagesse pratique : il en va ainsi de Saadion Gaon (dans un chapitre du Livre des croyances et des opinions) à Mendel de Satanov (dans son beau livre : Examen de conscience), selon une chaîne de transmission ininterrompue. Ainsi comprise, la tradition du Musar définit une perspective didactique, destinée à doter l’apprenant des moyens de l’autonomie, dans le domaine de sa propre croissance spirituelle. C’est ainsi que s’explique la rédaction d’un très grand nombre de courts traités – du 10e au 19e siècle -, dans toutes les sphères et les latitudes de la diaspora : orientale aussi bien qu’occidentale, à chaque époque aussi. Chacun de ces traités avance une proposition pédagogique, avec sa méthode de progression, chacun de ces traités reproduit à l’écrit les conditions d’une transmission personnelle, de maître à disciple : Les devoirs des cœurs(Ibn Paquda), Le livre de la correction des traits de caractère (S. Ibn Gavirol), Le chemin des justes (M. H. Luzzatto), etc.
Chacun de ces courts traités, selon le style spirituel et la philosophie de son auteur identifie un cycle des vertus exposé avec un ensemble de recommandations visant en faciliter mais aussi à en permettre l’acquisition. On peut se demander pourquoi les Sages d’Israël ont éprouvé le besoin de dessiner les voies d’un enseignement distinct du Musar, alors que sa visée principe caractérise déjà l’entier de la tradition ? Cette innovation, qui se produit dès le début du haut moyen âge, s’explique par les mutations survenues dans l’organisation des communautés juives dispersées depuis un millénaire, à l’époque où elles manquaient de maîtres, où la persécution grandissait, sous toutes les latitudes, dans un contexte de crise de la transmission et d’instabilité généralisée, avec son cortège d’insécurité et de risque d’assimilation, mais aussi d’implosion psychique et spirituelle. L’invention d’une tradition de Musar didactique, fut un signe de sagacité dans une période de crise du sens, au cours de laquelle, et dans le meilleur des cas, le ritualisme menaçait de l’emporter sur le rapport vivant au Texte et le primat de l’intériorité (l’authenticité et la pureté de l’intention).
Le Musar : Ethique ou approfondissement du sentiment religieux ?
Il serait donc abusif de réduire la tradition du Musar à la seule culture d’un souci ‘’éthique’’ dans le sens ordinaire de ce terme. C’est ce que semble confirmer le philosophe israélien Y. Leibovitz [2], lorsqu’il pointe ce que cette vue a de restrictif : « J’ignore si l’on peut inclure cette orientation dans le concept d’« éthique », puisqu’il s’agit d’approfondir la pratique religieuse – et celle-ci n’est pas un concept éthique. »
Cette réserve est d’autant plus justifiée que l’histoire du Musar comporte en réalité deux époques bien différenciées : d’abord celle que l’on pourrait appeler l’époque du Musar individuel, caractérisée par l’innovation didactique que nous venons d’évoquer, et celle, beaucoup plus récente du Mouvement du Musar (Tenua’t ha Musar), qui voit le jour au cours de la seconde moitié du 19e siècle, en Lituanie, à l’initiative de Rabbi Israël Lipkin Salanter [3] (1810-1883). Ce maître itinérant, qui parcourut à pied d’est en ouest et d’ouest en est toute l’Europe, pour diffuser la pédagogie nouvelle dont il fut l’artisan, s’adressait à tout le monde, à une époque de nouveau marquée par le regain de la judéophobie (antisémitisme théocratique des tsars de Russie, antisémitisme « moderne » des nations entrées dans l’ère des ‘’Lumières’’), dans un contexte de mutations politiques, économiques, idéologiques (Révolution industrielle, révolutions politiques, Printemps des peuples, etc.). Maître de la transmission orale, il a renouvelé l’étude du Musar en préconisant la fondation de petits groupes d’études susceptibles de transmettre à leur tour. Salanter a posé les bases d’une nouvelle institution – la maison du Musar – considérant que la pratique spirituelle devait précéder, puis nourrir, l’affiliation à la tradition aussi bien que les pratiques de vie quotidienne. En effet, comme le précise très justement Y. Leibovitz : « Le mouvement moral (Musar) a cherché à orienter la conscience humaine vers la pureté des intentions lors de la réalisation des mitzvot. Il s’agit donc d’intérioriser ces pratiques. »
Le Musar : une médecine spirituelle ?
Contemporain de la Haskala, ainsi que des débuts du Sionisme, sans en être l’adversaire, le Ris considère que vivre selon Israël c’est d’abord remembrer spirituellement l’Assemblée d’Israël (le Kelal Israel). L’ouverture d’esprit qui caractérise son enseignement se conçoit à l’aune de sa propre filiation culturelle : le Ris continue et élabore, en l’adaptant au plus grand nombre, la philosophie morale et la pensée cabbalistique du Rabbin Hayyim de Volozhyne[4].
Considéré sous le rapport de ce qu’il comporte de plus original, la contribution du Mouvement du Musar se conçoit comme une pédagogie active en même temps qu’une entrée critique dans la modernité : si le progrès scientifique constitue une valeur objective et collective, il ne saurait se substituer à l’effort de perfectionnement spirituel sans lequel tout accomplissement, réussite ou réalisation matérielle, menace de s’inverser en chosification de l’être humain. Ainsi compris, le musar actualise dans le champ contemporain les enjeux de toute école de sagesse : une médecine spirituelle, capable de combattre les « maladies de l’âme » (à commencer par l’enferment égoïste ou égotiste), et les horizons de sens promis à tout exercitant.
Par Georges-Elia Sarfati
Georges-Elia Sarfati est docteur en études hébraïques et juives (université de Strasbourg), fondateur de l’Université populaire de Jérusalem- Hébraïca/Retour aux Textes
- [1]Proverbes 1, 1-2
- [2]Y. Leibowitz, Israël et Judaïsme. Ma part de vérité. Entretiens avec M. Shashar, Paris, Desclée de Brouwer, préface et trad. de G. Haddad, p.91, 1993. - [3]Rabbi Israël Lipkin de Salant, Or Israel/La lumière d’Israël, traduction française de G.-E. Sarfati, Paris, Berg International, 2014. - [4]Rabbi H. de Volozhyn fut l’un des grands disciples du Gaon de Vilna, et le maître de Joseph Zundel, qui fut lui-même le maître de Rabbi Salanter. Cf. H. de Volozhyn, Nefesh hahayyim/L’âme de la vie, traduit par B. Gross, préface d’Emmanuel Lévinas, Paris, Verdier, 2014.