Lekha Dodi
Lekha dodi (לכה דודי) est un cantique chanté le vendredi soir, afin d’acceuillir le shabbat, présenté comme une fiancée qu’on attend et qui vient enfin. Il fait écho à Qol Dodi, en présentant, ici encore, le rapport entre Israël et le Transcendant comme une relation amoureuse. Relativement récent en comparaison des autres textes liturgiques (il a été composé au XVIème siècle par Salomon Alkabetz, dont on retrouve d’ailleurs le nom en acrostiche des huit premières strophes), ce poème a rapidement connu un succès extraordinaire, dans toutes les parties du monde juif.
Version de Lekha Dodi couramment chantée lors des offices de Kehilat Kedem
Quelques autres versions de Lekha Dodi (attention : il y en a vraiment beaucoup, et dans tous les genres) :
Illustration : Alla Biriuchkova – Unsplash
2022
Avraham Avinu – chant ladino
Avraham Avinu (également appelé Kuando el rei Nimrod) est un chant traditionnel en ladino, et l’un des grands classiques du répertoire musical séfarade. Il ne semble cependant pas dater du Moyen-Âge, mais avoir été composé plus tard, au sein des communautés séfarades exilées d’Espagne et vivant au Maghreb et dans l’Empire Ottoman. La chanson a été plusieurs fois remaniée au fil du temps; la version que nous connaissons aujourd’hui a été composée à Tangers par un musicien anonyme entre 1880 et 1890.
Paroles d’Avraham Avinu
Kuando el rei Nimrod al kampo salia
mirava en el sielo i en la estreyeria
vido una lus santa en la juderia
Ke avia de naser Avraham Avinu.
Avraham Avinu, Padre kerido
Padre bendicho, lus de Israel.
Luego a las komadres enkomendava
Ke toda mujer ke prenyada kedara
si paria un ijo, al punto la matara
Ke avia de naser Avraham Avinu.
La mujer de Terah kedo prenyada
i de dia en dia el le preguntava (or demandava)
« ¿De ke teneix la kara tan demudada? »
Eya ya savia el bien ke tenia.
En fin de mueve mezes parir keria
iva caminando por kampos i vinyas,
a su marido tal ni le descubria
topo una meara, ayi lo pariria
En akella ora el nasido avlava:
« Anda vos, la mi madre, de la meara,
yo ya topo kien m’alechara,
Malah de sielo me acompanyara
porke so criado del Dio bendicho. »
En fin de veinte dias lo fue a visitar,
lo vido d’enfrente, mansevo saltar,
mirando al cielo y bien atinar,
para conoser el Dio de la verdad.
« Madre, la mi madre, ke buscaix aqui?
Un ijo presiado pari yo aki.
Vine a buscarlo, si se topa aqui,
si esta bivo me konsolare yo. »
« Madre, la mi madre, ke avlaix?
Un ijo presiado, komo lo dexaix?
A fin de veinte dias, como lo vizitaix?
¡Yo so vuestro ijo presiado! »
Mirad la mi madre, que el Dío es uno,
él crio los cielos uno per uno.
Dizedle a Nimrod que perdio su tino
porke no quiere creer en el Verdadero.
Lo alcanzó a saver el rey Nimrod esto,
« ¡dixo que lo traigan aina y presto
antes que desreinen a todo el resto
y dexen a mi ya crean en el Verdadero! »
Ya me lo truxeron con grande albon
y el travó de la silla un buen travon.
« ¿Di, raxa—por que te tienes tu por Dío?
¿Por que no quieres creer en el Verdadero? »
« ¡Acendiendo un horno, bien acendido,
echadlo presto qu’es entendido!
Llevadlo con trabucos, qu’es agudo,
si d’aqui el Dío lo escapa, es el Verdadero. »
Echandolo al horno, iva caminando,
con los malakhim iva paseando,
y todos los lenyos fruto ivan dando;
d’aqui conocemos al Dío verdadero.
Grande zekhut tiene el senyor Avraham,
que por él conocemos el Dío de la verdad.
Grande zekhut tiene el senyor parido,
que afirma la mitsvá de Avraham Avinu.
Saludemos agora al senyor parido,
que le sea besiman-tov este nacido,
qu’Eliahu ha-Navi mos sea aparecido,
y daremos loores al Verdadero.
Saludemos agora al compadre [sandak] y tambien al mohel
que por su Zekhut mos venga
el Goel y Rahma a todo Yisrael,
cierto loaremos al Verdadero.
Quelques interprétations d’Avraham Avinu
Illustration : Claudette Bleijenberg – Unsplash
2022
Comprendre la relation entre le judaïsme et Jérusalem
Si je t’oublie, Jérusalem…, chantent les Psaumes. Si le lien spécifique qui unit le judaïsme à la ville de Jérusalem est indéniable, il est complexe, multiple, et même parfois contradictoire. Dans cette courte présentation, le rabbin Philippe Haddad expose les points essentiels de la relation si particulière que les Juifs entretiennent avec la ville, tant d’un point de vue historique que d’un point de vue culturel ou liturgique.
Illustration : Sander Crombach – Unsplash
2022
Ma Tovou
מה טובו אוהליך יעקב, משכנותיך ישראל : « Qu’elles sont belles tes tentes, Jacob, tes demeures, Israël » (Ma tovou ohalé’ha Ya’akov, mishkenoté’ha Israël) est un verset biblique (Nombres 24:5) que l’on chante généralement à l’entrée dans la synagogue ou au tout début d’un office. Il s’agit de la malédiction ratée de Balaam qui, tentant de maudire le Peuple, ne parvient finalement qu’à le bénir. On ajoute au verset des Nombres un second verset, issu des Psaumes : « Et moi, dans la grandeur de Ta bonté, je viendrai à Ta maison, je me prosternerai vers ton sanctuaire saint et je serai dans Ta crainte » (Ps 5:8).
Dans nos offices, nous adoptons généralement l’air composé pour Ma Tovou par Louis Lewandowski mais il en existe bien entendu de nombreux autres, dont un composé par Jacques Offenbach.
Air habituel pour Ma Tovou au sein de Kehilat Kedem
Quelques airs alternatifs pour Ma Tovou
Illustration : Marvin Meyer – Unsplash
2022
Parasha Lekh Lekha : un cheminement spirituel – par le rabbin Philippe Haddad
La parasha Lekh Lekha marque, dans la Bible, le début de l’histoire singulière d’Israël. D.ieu appelle abram et lui ordonne de quitter sa famille et sa patrie d’origine pour se mettre en route vers Canaan. Il lui promet une grande descendance et qu’il sera une bénédiction pour l’ensemble de l’humanité. Abram obéit et quitte Haran, accompagné de sa femme Saraï et de son neveu Loth. Etablissant son campement aux térébinthes de Mamré, Abram y reçoit l’augure que le pays sera possédé par sa descendance. Une famine le pousse cependant à quitter le pays et il va s’installer en Egypte, où Saraï, qui se présente comme sa soeur, est remarquée pour sa beauté et enlevée pour être intégrée au harem de Pharaon. Grâce à elle, Abram est couvert de dons par le souverain mais D.ieu inflige de fortes plaies à Pharaon et aux siens. Comprenant le subterfuge, le roi d’Egypte reproche à Abram de n’avoir pas révélé qu’il était l’époux de Saraï et le fait conduire hors du pays avec tous ses biens. Loth quitte ensuite la tribu pour s’installer à Sodome; les souverains de la région, vassaux du roi d’Elam, se révoltent contre leur maître et sont vaincus par Elam et ses alliés. Loth fait partie du butin de guerre et Abram, à la tête d’une troupe de 318 hommes armés, part combattre les rois ennemis pour le libérer. Au retour des combats, il prélève une dîme pour Melkhisedek, prêtre du D.ieu Suprême, et restitue le reste du butin à ses propriétaires d’origine. Saraï, qui n’a toujours pas d’enfant, donne à Abram sa servante Hagar, avec laquelle il conçoit Ismaël. Abram a 99 ans quand, enfin, D.ieu se révèle une nouvelle fois à lui, le renomme Abraham, lui ordonne de se circoncire et annonce que son épouse, renommée Sarah, va lui donner un fils.
2022
Yedid Nefesh
Yedid Nefesh (ידיד נפש : amant de l’âme) est un poème liturgique, composé au XVIème siècle par Elazar Azikri, l’auteur du Sefer Haredim. Chaque verset du poème commence par l’une des lettres du Nom divin, et le thème général de l’œuvre est l’amour ressenti pour le Créateur. Nous chantons Yedid Nefesh lors de nos offices.
L’air que nous adoptons généralement pour Yedid Nefesh est celui-ci :
Quelques autres versions de Yedid Nefesh :
Illustration : Marek Piwnicki – Unsplash
2022
Ann-Gaëlle Attias, sixième femme rabbin en France
Ann-Gaëlle Attias vient de recevoir l’ordination rabbinique à l’université de Potsdam. Rejoignant Pauline Bebe, Delphine Horvilleur, Floriane Chinsky, Daniela Touati et Iris Ferreira, elle devient la sixième femme rabbin en France. Elle officiera auprès de la communauté libérale de Toulouse, où elle était déjà présente comme stagiaire rabbinique ces dernières années.
Pour en savoir plus, voir ces articles qui lui sont consacrés :
2022
Parasha Noah : détruire l’humanité pour sauver le monde ? Par Floriane Chinsky
L’idée d’une nécessite de détruire ou, à tout le moins, de limiter brutalement l’humanité dans son existence-même, et ce afin de sauver la Terre de nos déprédations, est devenue commune dans nos sociétés actuelles. Mais elle n’est peut-être pas si récente que cela : après tout, c’est, à bien des égards, la démarche que l’on peut attribuer à l’Eternel dans la parasha Noah.
Illustration : Jasper van der Meij – Unsplash
2022
Women Wage Peace à Montpellier
Quelques images de la manifestation
Un mot de Kehilat Kedem
Bienvenue dans notre soucca de la paix !
Ce soir, dernier soir de souccot, fête de l’hospitalité qui célèbre aussi l’espoir et le renouvellement permanent est en parfaite résonnance avec ce moment de rencontre et d’échange avec les femmes de Women Wage Peace.
Parce que Kehilat Kedem s’inscrit dans la tradition d’un judaïsme ouvert, progressiste, qui fait une large part à l’autre, et à l’autre moitié de l’humanité, les femmes, nous avons choisi de vous faire entendre la voix, les voix, du mouvement « Nachim ossot Shalom », les femmes œuvrent pour la paix.
Faire connaître ce mouvement israélien qui fait entendre les voix des femmes – des épouses, des mères, des sœurs -, faire connaître ses actions concrètes sur le terrain, son travail à la fondation d’un dialogue pour la paix est, pour nous, synagogue libérale, une façon de respecter et de matérialiser notre engagement, celui de « notre soutien et notre défense indéfectibles au droit à l’existence et à la sécurité de l’Etat d’Israël ».
Que disent elles ? Les premières voix se sont élevées après l’opération Bordure protectrice en 2014 : celles de mères inquiètes de l’avenir réservé à leurs enfants. Ces voix sont devenues clameur, dont l’onde s’est propagée dans tout le pays, portée par les voix de femmes de toute religion et origine, religieuses et laïques, à l’image de la mosaïque des peuples d’Israël. Elles sont aujourd’hui plus de 40 000 membres de WWP et tellement d’autres sympathisantes. Et pourtant elles sont si peu entendues, si peu écoutées par ces hommes qui nous gouvernent, en Israël comme en Palestine.
Que réclament-elles ces voix, d’aussi inentendables ? Tout simplement le droit pour les prochaines générations d’israéliens et de palestiniens à vivre en paix. Elles exigent le retour à la table des négociations. Pas de position a priori sur la solution au conflit mais la certitude que la solution est dans le dialogue politique.
Ce mouvement, dans sa diversité, le démontre : il est possible et joyeux de vivre ensemble !
Pour conclure, je laisse la parole à Claire Marin, que je cite ici (in « Être à sa place: Habiter sa vie, habiter son corps ») : « Mais parce qu’on parle aussi parfois à notre place, il a aussi été question de parler en voix propre, de revendiquer sa place, d’affirmer son existence, d’« être dans la place », de l’occuper. (…) Là où je peux parler, où j’impose ma voix, j’affirme mon droit à une place, je m’en fais une, je la conquiers.»
Margot Levine, présidente de Kehilat Kedem
Nathalie Assouline, membre du bureau de Kehilat Kedem
Un mot de France-Israël
Nous devons la réalisation de cette manifestation au soutien chaleureux de plusieurs institutions : Ville et métropole de Montpellier,Conseil Départemental, Ambassade d’Israël,Judaïsme en Mouvement.
L’Ambassade d’Israël en France a conforté le choix de cette rencontre avec des femmes israéliennes du mouvement Women Wage Peace., organisée par l’association France-Israël, la synagogue libérale de Montpellier Kehilat Kedem et le Centre Culturel Juif Simone Veil.
France-Israël, qui œuvre pour le renforcement des liens entre le peuple de France et le peuple d’Israël, est une organisation d’hommes et de femmes persuadés que l’amitié entre la France et Israël est un impératif d’ordre moral fondé sur des valeurs communes. Elle s’efforce entre autres de défendre devant l’opinion publique l’image d’Israël si souvent déformée. C’est le sens de notre présence auprès du mouvement « Nachim ossot Shalom » car ces femmes sont la preuve qu’Israël est un pays vivant, agité de conflits d’interprétations et d’influences diverses qui connait des périodes de remise en question et de re-création. N’oublions pas que le sionisme fut d’abord une fédération de rêves ; il y avait les rêveurs d’une coexistence entre Israéliens et Palestiniens dans un État bi-national, ceux d’un pays marxiste, ceux d’un univers tolstoïen, ceux d’un paradis religieux, ceux d’un pays où seulement oublier … et bien d’autres encore… Chacun de ces rêves a réussi à créer une société pluraliste confrontée à la complexité du réel. Les 40000 femmes de ce mouvement en sont la plus belle des preuves car elles sont issues des diverses communautés de cette société comme cela va être souvent rappelé.
En cette journée, nous voudrions rappeler combien nous espérons, et ce dans l’intérêt de nous tous, connaître la paix, le partage et la douceur de vivre dans les différences qui nous enrichissent. Nous cheminerons en allant à la rencontre de qui souhaite entendre cette espérance, laissant à chacun la part de sens qu’il souhaite lui donner…
Et, si ces mots sont difficiles à prononcer en ces temps où la guerre sévit si près de nous, où le monde semble dériver, Il nous faut croire que la réalité sur le terrain peut être changée au rythme d’avancées historiques patientes et tenaces. En ce qui concerne Israël, nous croyons par exemple dans la force des Accords d’Abraham, dont nous venons de célébrer le 2e anniversaire, le 15 septembre dernier. Ainsi entendons nous défendre l’universalisme éthique du message biblique qui enseigne que nous sommes une humanité une au-delà de nos singularités.
Sans naïveté nous savons aussi que l’histoire ne répond pas toujours à nos attentes et qu’il faut beaucoup de persévérance. La parole de paix ne peut se proférer qu’à distance du défaitisme et de l’attente d’un horizon trop lointain. Mais il est certain qu’elle se profère tout près de l’audace de faire en un présent dont nous n’ignorons pas les impératifs historiques.
Pour terminer je voudrais évoquer l’écrivain Amos Oz qui a souvent rappelé que la paix n’adviendrait pas par un amour improbable entre tous les hommes mais par la poursuite de l’idéal de justice qui s’inscrit dans l’histoire en donnant au mot loi tout son sens. C’est ainsi que sous le soleil méditerranéen, il l’a imaginée. Il n’a jamais dit que ce serait une tâche facile mais que la patience, la tolérance et le compromis dont elle dépendait ouvraient le possible. La paix est tâche humaine, donc imparfaite et il est impossible d’oublier qu’Il y a aussi des guerres qui sont des questions de vie ou de mort.
Nous voudrions dédier d’une seule voix cette rencontre à Mahsa Amini et au courage de toutes les Iraniennes qui résistent au péril de leur vie et qu’on assassine parce qu’elles veulent être libres. Leur combat est un combat universel.
Brigitte Claparède Albernhe, Présidente de France Israël, Montpellier.