El adon

El adon (« Dieu est le Seigneur ») est un poème liturgique, qu’on considère généralement comme ayant été composé en Israël dans le courant du Moyen-Âge mais dont de premières versions pourraient remonter à l’Antiquité tardive, ce qui en fait l’un des plus vieux éléments liturgiques en usage. Comme beaucoup d’autres poèmes liturgiques, il a été rédigé sans rime, mais dans un ordre alphabétique (le premier vers s’ouvrant par un aleph, le deuxième par un beth, et ainsi de suite).

Quelques versions d’El Adon

Illustration : Hassan Pasha – Unsplash

Mythes et histoires du livre de l’Exode – par Thomas Römer, du Collège de France – Troisième partie

Dans cette troisième partie de son cycle de cours de 2013-2014 consacré au livre de l’Exode (Shemot), Thomas Römer se penche sur l’épisode de la théophanie du buisson ardent et son rapport symbolique avec la Ménorah; il étudie les premières mentions d’Israël en tant que « peuple de l’Eternel », l’assimilation possible de Moïse à Osarsiph, ainsi que les parallèles entre la vocation de Moïse et celles de Gédéon et de Jérémie. Il s’intéresse ensuite à la révélation du Nom divin, à l’étrange épisode dans lequel D.ieu semble tenté de tuer Moïse, et enfin à la préparation des plaies d’Egypte.

Moïse au buisson ardent

Du nom divin à l’attaque de Moïse : la préparation des plaies

Illustration : Arnau Soler – Unsplash

La Téfila, la Berakha et l’office, mode d’emploi, par le rabbin Philippe Haddad

Qu’est-ce que la prière juive ? Quelle différence entre Téfila et Bérakha ? Que sont, exactement, les significations profondes de ces pratiques ? Philippe Haddad revient, dans ce petit cours, sur la nature profonde de la prière juive, son esprit, son sens. Un acte qui nous est quotidien, si quotidien qu’on en oublie parfois les tenants et aboutissants.

Illustration : shraga kopstein – Unsplash

La Spanakopita

Recette d’origine grecque, la spanakopita (σπανακόπιτα) est à la fois kasher, économique, savoureuse et facile à réaliser, même quand on n’est pas un cuisinier expert. Que demander de plus ? La recette a connu quelque succès lors de nos récents repas communautaires et il m’a été demandé de la partager. La voici donc.

Ingrédients pour une spanakopita pour 6 personnes

Ingrédients de base

  • Epinards (environ 800g, moins si vous utilisez d’autres légumes en sus), frais ou surgelés
  • 1 gros oignon
  • 2 échalotes
  • 150g de féta environ
  • Sel, poivre, thym, romarin
  • Huile d’olive
  • Feuilles de brik

Ingrédients optionnels

  • Oignons rouges
  • Blettes
  • Poireau
  • Un peu de farine

Recette de la spanakopita

  • Couper finement l’oignon et l’échalote (ainsi que le poireau, les blettes et les oignons rouges si vous vous en servez).
  • Dans une grande casserole, faire chauffer un peu d’huile d’olive. Y ajouter les légumes coupés, les faire revenir jusqu’à ce qu’ils soient légèrement dorés.
  • Ajouter les épinards. Quand ceux-ci sont cuits (ou décongelés), ajouter le sel, le poivre et les herbes. Laisser cuire encore quelques minutes.
  • Faire passer les légumes dans une passoire pour drainer les excédents d’eau. Si l’ensemble reste encore trop liquide, ajouter une cuillerée à soupe de farine et mélanger aux légumes.
  • Disposer une couche de feuilles de brik au fond d’un grand plat allant au four.
  • Faire préchauffer le four à 180°C (Th.6).
  • Etaler les légumes au fond du plat, sur les feuilles de brik.
  • Couper la feta en petits morceaux ou l’effriter du bout des doigts, de manière à recouvrir toute la surface des légumes. Ajouter un peu de thym et de romarin.
  • Refermer l’ensemble avec de nouvelles feuilles de brik. En placer plusieurs, les unes sur les autres, et éventuellement les froisser.
  • Avec un pinceau de cuisine, badigeonner les feuilles d’huile d’olive.
  • Mettre au four 10 à 15 minutes.
  • Sortir du four, découper, déguster chaud ou froid.

Les penchants criminels de l’Europe démocratique, par Jean-Claude Milner : une réflexion sur l’antisémitisme européen

Le moins que l’on puisse dire de cet essai de Jean-Claude Milner, publié en 2003, est qu’il a bien vieilli : vingt ans après sa publication, la clarté de sa pensée et la qualité de l’analyse n’ont pas pris une ride. Mieux encore : il a un indéniable aspect prophétique.

Dans ce livre court mais très dense, Jean-Claude Milner, en convoquant l’appareil intellectuel de Lacan et celui de Levinas, se propose d’analyser et de mettre en valeur ce qui, dans la pensée hitlérienne, a de fondamentalement européen, et à quel point, si l’Europe démocratique d’après 1945 a dénoncé les méthodes du Troisième Reich, elle reste profondément marquée, dans son idéologie et son logiciel d’approche politique du monde, par des logiques sinon identiques, du moins similaires. Logiques qui, in fine, ne peuvent qu’arriver en contradiction avec certains éléments de la pensée juive, et selon lesquelles le nom juif est défini comme un problème en Europe.

Pensée de la limite (il y a ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire, ce qui est souhaitable et relève de la mitzvah et ce qui n’en relève pas…) contre pensée de l’illimité ; pensée catégorielle (Juifs et non-Juifs, hommes et femmes, parents et enfants…) contre pensée de la négation radicale des catégories et des identités fixes ; pensée de la responsabilité individuelle et collective contre pensée de la toute-puissance du politique (à l’égard duquel le logiciel moderne considère que la définition d’un problème existant dans la société et la nécessité, pour le politique, de résoudre ce problème, à l’aide d’une solution aussi complète et définitive – donc finale – que possible, constituent une seule et même chose) ; renvoi à l’introspection et à la responsabilité personnelle contre mythe d’une solution technique à tout problème défini ; prééminence de l’étude et de la transmission d’une culture et d’une réflexion propres contre fantasme d’une culture universalisée, indifférenciée et destinée à tous, c’est-à-dire à personne en particulier ; pensée de l’Histoire sur un mode hérité de Thucydide contre pensée de la fin de l’Histoire et de l’extension infinie d’un présent éternel … les points d’achoppement sont nombreux. A bien des égards, la pensée juive, qui a conservé bien des aspects des logiciels européens classiques, est semblable à une mauvaise conscience de la pensée moderne, en cela qu’elle illustre et met en évidence tout ce à quoi l’Occident a, conceptuellement parlant, renoncé.

La modernité ne fait pas de différence entre affirmation de soi et négation de l’autre, renvoyée à une haine sans contour précis mais néanmoins insupportable ; et puisque la haine est odieuse, l’affirmation de soi le devient. Par ricochet, l’affirmation du nom et de l’identité juive devient insupportable à la pensée européenne moderne et post-moderne. Le Juif, ainsi, devient hideux et odieux et le logiciel européen ne l’aime que dans deux cas précis : quand il se trouve totalement assimilé et que son judaïsme n’est plus qu’un vague vernis, une sorte de coquetterie biographique sans conséquence aucune sur son comportement réel, un petit côté folklorique se limitant à un accent ou à quelques recettes de cuisine ; ou quand le Juif est à plaindre, victime des persécutions soviétiques ou de la Shoah, auquel cas on peut le pleurer et déplorer sa mort, pour tirer de cette déploration un sentiment de vertu personnelle. Ce qui relie ces deux idées est simple : dans un cas comme dans l’autre, ce Juif si sympathique n’est plus réellement Juif, qu’il ait renoncé à toute pratique et toute étude ou qu’il soit tout bonnement mort. Renoncer à sa vie ou renoncer à son identité : telles sont les alternatives posées par cette pensée de l’illimité, pensée totale et parfois totalitaire qui n’avoue pas son nom.

Si rien n’oblige le lecteur à suivre Jean-Claude Milner dans chacune de ses conclusions, force est de constater que le raisonnement est brillant, les concepts convaincants et l’ensemble passionnant. Une lecture profonde, et intellectuellement très stimulante.

Les penchants criminels de l’Europe démocratique
Jean-Claude Milner

Editions Verdier, 2003

Illustration : Charl FolscherUnsplash

Juifs du monde arabe : pourquoi sont-ils partis ? Quatrième et dernière partie

Suite et fin du colloque que le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme a consacré en juin 2022 aux multiples exils des Juifs du monde arabe au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle.
Première partie visible ici
Deuxième partie visible ici
Troisième partie visible ici

sixième session : des exceptions qui confirment la règle ? 

Séance présidée par Claire Marynower, IEP Grenoble-UGA / Institut universitaire de France

  • Première partie : pourquoi ne sont-ils pas venus ? Israël, les juifs d’Algérie et l’exode de 1962 – Denis Charbit, Université ouverte d’Israël
  • Deuxième partie : pourquoi le Venezuela ? Réseaux migratoires entre le Nord du Maroc et l’Amérique latine – Aviad Moreno, Université Ben-Gurion du Néguev (Israël) (Communication en anglais)
  • Troisième partie : pourquoi sont-ils restés ? Partir, rester et retourner au Maroc – Orit Ouaknine-Yekutieli, Université Ben-Gurion du Néguev (Israël) (Communication en anglais)
  • Conclusions : Jamaâ Baida, Université Mohammed-V, Archives royales du Maroc et Denis Charbit, Université ouverte d’Israël

Illustration : Kevin Keith – Unsplash

Mythes et histoires du livre de l’Exode – par Thomas Römer, du Collège de France – Deuxième partie

Dans cette deuxième série de cours au Collège de France (2013-2014) consacrés à l’étude du livre de l’Exode, Thomas Römer s’intéresse aux personnalités des sage-femmes citées, à la naissance de Moïse, à l’identification des sites de Pithom et de Pi-Ramassès… Il poursuit sa tentative de datation des textes de l’Exode, et leur comparaison avec d’autres éléments du Tanakh. Il s’intéresse également à l’origine des récits : import de la légende de Sargon, mythe archaïque de l’exposition des enfants, signification de la naissance et du nom de Moïse, étude du séjour chez les Madianites.

Troisième cours : sages-femmes, mères et nourrices

Quatrième cours : le nom de Moïse et le séjour chez les Madianites

Illustration : Dmitrii Zhodzishskii – Unsplash

Shemot ou les vertus de l’exil, par le rabbin Yeshaya Dalsace

La parasha Shemot (qui porte le même nom que le livre qu’elle commence) s’ouvre avec l’énumération des noms des Israélites venus s’installer en Egypte.

Un nouveau pharaon, qui n’a pas connu Joseph, accède au pouvoir et s’inquiète du pouvoir grandissant des Hébreux. Il les réduit donc en servitude et condamne à mort leurs premiers-nés, afin de limiter leur nombre. Mais l’un de ces jeunes enfants est abandonné par sa mère et sur les flots du Nil, dans un berceau d’osier enduit de bitume. Sa soeur Myriam le suit de loin. L’enfant est recueilli par Bithiah, la fille de Pharaon, qui lui donne le nom de Moshé. Moïse grandit et est élevé comme un Egyptien. Bien des années plus tard, il assiste à une scène au cours de laquelle un esclave hébreu est battu par un Egyptien. Il prend la défense de l’Hébreu et tue l’Egyptien; il doit donc s’enfuir et se réfugie à Madian, auprès du prêtre Reuel. Il épouse Tsipora, la fille de Reuel.

Alors qu’il fait paître le troupeau de Reuel, Moïse reçoit une apparition divine dans un buisson ardent et D.ieu lui confie la mission de sauver les Enfants d’Israël. Après de nombreuses hésitations, Moïse finit par accepter la mission. Avec Aaron, son frère, qui lui sert d’intermédiaire avec le peuple, il va demander à Pharaon de laisser partir les Israélites pour trois jours dans le désert, afin d’y rendre un culte à l’Eternel. Pharaon refuse et augmente les corvées.

Illustration : La fille du Pharaon trouve Moïse sur le Nil, tableau d’Edwin Long.

Qu’y a-t-il dans la Torah ? – par Yeshaya Dalsace

Parce que cette notion n’est pas toujours claire pour tout le monde et qu’il est parfois utile d’opérer des rappels, même pour des choses qui semblent évidentes à la plupart, le rabbin Yeshaya Dalsace nous propose, dans cette courte intervention, un rappel des éléments essentiels de la Torah.

Illustration : Taylor Flowe – Unsplash

Juifs du monde arabe : pourquoi sont-ils partis ? Troisième partie

Suite du colloque que le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme a consacré en juin 2022 aux multiples exils des Juifs du monde arabe au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle.
Première partie visible ici
Deuxième partie visible ici

Quatrième session : trajectoires tunisiennes

Séance présidée par Claude Nataf, Société d’histoire des Juifs de Tunisie

  • Première partie : exil ou rapatriement ? Interpréter le départ des Juifs italiens de Tunisie (1943-1967), entre religion, politique et intimité – Martino Oppizzi, Institut d’histoire du temps présent (CNRS)
  • Deuxième partie : le rôle du sionisme dans l’émigration des Juifs tunisiens – Haïm Saadoun, Université ouverte d’Israël

Cinquième session : trajectoires yéménites et irakiennes

Séance présidée par Aomar Boum, University of California, Los Angeles

  • Première partie : les Juifs du Yémen et leur processus migratoire. Nouvelles perspectives – Bat-Zion Eraqi Klorman, Université ouverte d’Israël (Communication en anglais)
  • Deuxième partie : le poids des tensions économiques et sociales dans le départ des Juifs du Yémen – Mark Wagner, Louisiana State University (États-Unis) (Communication en anglais)
  • Troisième partie : retour à Bagdad. Elargir le cadre de la migration des Juifs irakiens – Sasha Goldstein-Sabbah, Université de Groningue (Pays-Bas) (Communication en anglais)

Illustration : Fahd Ahmed – Unsplash