2023
La Téfila, la Berakha et l’office, mode d’emploi, par le rabbin Philippe Haddad
Qu’est-ce que la prière juive ? Quelle différence entre Téfila et Bérakha ? Que sont, exactement, les significations profondes de ces pratiques ? Philippe Haddad revient, dans ce petit cours, sur la nature profonde de la prière juive, son esprit, son sens. Un acte qui nous est quotidien, si quotidien qu’on en oublie parfois les tenants et aboutissants.
Illustration : shraga kopstein – Unsplash
2023
Les penchants criminels de l’Europe démocratique, par Jean-Claude Milner : une réflexion sur l’antisémitisme européen
Le moins que l’on puisse dire de cet essai de Jean-Claude Milner, publié en 2003, est qu’il a bien vieilli : vingt ans après sa publication, la clarté de sa pensée et la qualité de l’analyse n’ont pas pris une ride. Mieux encore : il a un indéniable aspect prophétique.
Dans ce livre court mais très dense, Jean-Claude Milner, en convoquant l’appareil intellectuel de Lacan et celui de Levinas, se propose d’analyser et de mettre en valeur ce qui, dans la pensée hitlérienne, a de fondamentalement européen, et à quel point, si l’Europe démocratique d’après 1945 a dénoncé les méthodes du Troisième Reich, elle reste profondément marquée, dans son idéologie et son logiciel d’approche politique du monde, par des logiques sinon identiques, du moins similaires. Logiques qui, in fine, ne peuvent qu’arriver en contradiction avec certains éléments de la pensée juive, et selon lesquelles le nom juif est défini comme un problème en Europe.
Pensée de la limite (il y a ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire, ce qui est souhaitable et relève de la mitzvah et ce qui n’en relève pas…) contre pensée de l’illimité ; pensée catégorielle (Juifs et non-Juifs, hommes et femmes, parents et enfants…) contre pensée de la négation radicale des catégories et des identités fixes ; pensée de la responsabilité individuelle et collective contre pensée de la toute-puissance du politique (à l’égard duquel le logiciel moderne considère que la définition d’un problème existant dans la société et la nécessité, pour le politique, de résoudre ce problème, à l’aide d’une solution aussi complète et définitive – donc finale – que possible, constituent une seule et même chose) ; renvoi à l’introspection et à la responsabilité personnelle contre mythe d’une solution technique à tout problème défini ; prééminence de l’étude et de la transmission d’une culture et d’une réflexion propres contre fantasme d’une culture universalisée, indifférenciée et destinée à tous, c’est-à-dire à personne en particulier ; pensée de l’Histoire sur un mode hérité de Thucydide contre pensée de la fin de l’Histoire et de l’extension infinie d’un présent éternel … les points d’achoppement sont nombreux. A bien des égards, la pensée juive, qui a conservé bien des aspects des logiciels européens classiques, est semblable à une mauvaise conscience de la pensée moderne, en cela qu’elle illustre et met en évidence tout ce à quoi l’Occident a, conceptuellement parlant, renoncé.
La modernité ne fait pas de différence entre affirmation de soi et négation de l’autre, renvoyée à une haine sans contour précis mais néanmoins insupportable ; et puisque la haine est odieuse, l’affirmation de soi le devient. Par ricochet, l’affirmation du nom et de l’identité juive devient insupportable à la pensée européenne moderne et post-moderne. Le Juif, ainsi, devient hideux et odieux et le logiciel européen ne l’aime que dans deux cas précis : quand il se trouve totalement assimilé et que son judaïsme n’est plus qu’un vague vernis, une sorte de coquetterie biographique sans conséquence aucune sur son comportement réel, un petit côté folklorique se limitant à un accent ou à quelques recettes de cuisine ; ou quand le Juif est à plaindre, victime des persécutions soviétiques ou de la Shoah, auquel cas on peut le pleurer et déplorer sa mort, pour tirer de cette déploration un sentiment de vertu personnelle. Ce qui relie ces deux idées est simple : dans un cas comme dans l’autre, ce Juif si sympathique n’est plus réellement Juif, qu’il ait renoncé à toute pratique et toute étude ou qu’il soit tout bonnement mort. Renoncer à sa vie ou renoncer à son identité : telles sont les alternatives posées par cette pensée de l’illimité, pensée totale et parfois totalitaire qui n’avoue pas son nom.
Si rien n’oblige le lecteur à suivre Jean-Claude Milner dans chacune de ses conclusions, force est de constater que le raisonnement est brillant, les concepts convaincants et l’ensemble passionnant. Une lecture profonde, et intellectuellement très stimulante.
Les penchants criminels de l’Europe démocratique
Jean-Claude Milner
Editions Verdier, 2003
Illustration : Charl Folscher – Unsplash
2023
Juifs du monde arabe : pourquoi sont-ils partis ? Quatrième et dernière partie
Suite et fin du colloque que le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme a consacré en juin 2022 aux multiples exils des Juifs du monde arabe au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle.
Première partie visible ici
Deuxième partie visible ici
Troisième partie visible ici
sixième session : des exceptions qui confirment la règle ?
Séance présidée par Claire Marynower, IEP Grenoble-UGA / Institut universitaire de France
- Première partie : pourquoi ne sont-ils pas venus ? Israël, les juifs d’Algérie et l’exode de 1962 – Denis Charbit, Université ouverte d’Israël
- Deuxième partie : pourquoi le Venezuela ? Réseaux migratoires entre le Nord du Maroc et l’Amérique latine – Aviad Moreno, Université Ben-Gurion du Néguev (Israël) (Communication en anglais)
- Troisième partie : pourquoi sont-ils restés ? Partir, rester et retourner au Maroc – Orit Ouaknine-Yekutieli, Université Ben-Gurion du Néguev (Israël) (Communication en anglais)
- Conclusions : Jamaâ Baida, Université Mohammed-V, Archives royales du Maroc et Denis Charbit, Université ouverte d’Israël
Illustration : Kevin Keith – Unsplash
2023
Mythes et histoires du livre de l’Exode – par Thomas Römer, du Collège de France – Deuxième partie
Dans cette deuxième série de cours au Collège de France (2013-2014) consacrés à l’étude du livre de l’Exode, Thomas Römer s’intéresse aux personnalités des sage-femmes citées, à la naissance de Moïse, à l’identification des sites de Pithom et de Pi-Ramassès… Il poursuit sa tentative de datation des textes de l’Exode, et leur comparaison avec d’autres éléments du Tanakh. Il s’intéresse également à l’origine des récits : import de la légende de Sargon, mythe archaïque de l’exposition des enfants, signification de la naissance et du nom de Moïse, étude du séjour chez les Madianites.
Troisième cours : sages-femmes, mères et nourrices
Quatrième cours : le nom de Moïse et le séjour chez les Madianites
Illustration : Dmitrii Zhodzishskii – Unsplash