Parasha Pin’has : face à l’inéluctable, le tragique en marche – par Yeshaya Dalsace

Pour le récompenser d’avoir mis à mort les dépravés, Pin’has est fait prêtre par ordre divin. D.ieu ordonne à Moïse et à Eléazar de procéder à un nouveau compte des Israélites. Suit un passage jurisprudentiel portant sur la part d’héritage des filles dans le cas où un père meurt sans descendance mâle. Josué est ensuite officiellement désigné comme le successeur de Moïse.

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Parasha Balak : Nobody is perfect, par Delphine Horvilleur

Balak, roi des Moabites, fait venir à lui Bil’am, un sorcier capable de maudire Israël. Bil’am accepte la mission, mais D.ieu lui fait savoir, par l’entremise de son âne, qu’Il ne le laissera pas faire, et à chaque fois que Bil’am tente de lancer une malédiction, il adresse à Israël une bénédiction. Bil’am et Balak tentent néanmoins de se concilier l’Eternel par des offrandes, mais sans succès. Des femmes de tribus étrangère tentent les enfants d’Israël et les poussent à la débauche et à l’idolâtrie, et la maladie frappe le camp. Un prince de la tribu de Simon couche avec une femme de Midian; Pin’has transperce le couple de sa lance, ce qui met fin à l’épidémie.

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Parasha Houkat : Moïse, héros imparfait, par Delphine Horvilleur

Dans la parasha Houkat, D.ieu ordonne à Moïse la fabrication d’une eau lustrale à partir des cendres d’une vache rousse, afin de purifier ceux qui ont été en contact avec un cadavre. Myriam décède et le peuple manque d’eau. Moïse fait jaillir une source d’un rocher mais D.ieu lui reproche d’avoir frappé le rocher de son bâton, alors qu’Il lui avait ordonné de parler à la pierre : cette violence inutile le condamne, ainsi qu’Aaron, à ne pas entrer en Terre Promise.

Le peuple s’avance vers le pays de Canaan mais les Edomites, descendants d’Esaü; bloquent le passage. Afin d’éviter un conflit, les Israélites font un vaste détour. Aaron décède et le peuple se révolte une fois de plus contre Moïse. D.ieu envoie des serpents pour punir les révoltés; leur morsure ne peut être guérie que par le Nehoushtan, le serpent d’airain de Moïse. Les Israélites continuent leur route et approchent du pays des Amoréens, qui leur interdisent également le passage et leur déclarent la guerre. Les Amoréens sont vaincus.

 

 

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Kora’h ou la guerre contre la complexité, par Jean-Michel Alimi, astrophysicien

Kora’h est un lévite de la lignée de Kehath; il s’allie à Abiram et Dathan, de la tribu de Ruben, pour mener une révolte contre Moïse et Aaron. Ils soutiennent que, tout le peuple étant kadosh, l’autorité doit être partagée. Moïse en appelle au jugement de D.ieu et, à l’issue d’un double sacrifice d’encens, les rebelles sont engloutis par la terre et une peste se déclare, qui n’est apaisée que par les prières d’Aaron. Le pouvoir d’Aaron est encore renforcé par le miracle de son bâton, qui, seul, au milieu de ceux des princes, fleurit.

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Un millénaire de musique juive – Y-Studs A Capella

A l’occasion de la Fête de la musique, un medley, par les Y-Studs A Capella, de mille ans de musique juive. On peut en profiter pour réviser ses classiques, ou même faire quelques découvertes.

 

Les chants composant ce medley :

  • Barchu
  • Quando elray nimrod
  • Maoz Tzur
  • Ofyn Pripichek
  • HaTikvah
  • Shalom Aleich
  • Hava Nagila
  • Bei Mir Bis du sheyn
  • Ani Maamin
  • Sharm el-Sheikh
  • Am Yisrael Chai
  • Oseh Shalom
  • Yerushalaim Shel Zahav
  • If I Were A Rich Man
  • Hafachta
  • Kol HaOlam
  • Adon Olam
  • Baruch HaGever
  • Sh’hechiyanu
  • Minyan Man
  • Mashiach
  • Havdalah
  • Hanukah Song
  • Od Yavoh
  • Acheinu
  • Yachad
  • Anach Maamin
  • HaFinali Balbeli
  • Shabechi
  • V’Ohavta
  • Boiee
  • One Day
  • Vehi Sheamdah
  • Yesh Tikvah
  • Yalili
  • Et Rekod (Mahapecha Shel Simcha)
  • Hashem Melech

Pour en savoir plus sur les Y-Studs A Capella.

Parasha Chela’h le’ha: vision et témoignage devant toute réalité – par Pauline Bebe

Dans la parasha Chela’h le’ha, D.ieu fait envoyer par le peuple douze explorateurs à la découverte de la Terre Promise. Mais dix des douze explorateurs considèrent que conquérir le pays de Canaan est impossible : ils y décrivent la présence de géants monstrueux. Mais les deux autres, Caleb et Josué, assurent au contraire que la Terre Promise n’attend que les Hébreux. Le peuple, effrayé, s’en prend à Aaron, Moïse, Caleb et Josué; D.ieu menace de détruire les Hébreux et de les remplacer par une autre nation, issue de Moïse, mais celui-ci parvient à plaider la cause du peuple. L’Eternel condamne cependant la génération née en Egypte à mourir dans le désert, et décrète que seuls leurs enfants parviendront en Canaan, quarante ans plus tard.

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Mascarade de la mémoire d’Auschwitz : anatomie de l’antisionisme universitaire – Yana Grinshpun

On ne compte plus les conférences de philosophes, linguistes, historiens, psychanalystes annulées à cause de leur non-conformité à la morale universitaire. Les médias le font savoir, certains collègues universitaires protestent, d’autres subissent en attendant l’heure du départ à la retraite. Ainsi va ce brillant monde universitaire censé produire des savoirs et former des élites intellectuelles.

Mais voilà qu’il y un point qu’on n’aime pas du tout aborder à l’université. On fait tout pour éviter de publier les travaux d’analystes du discours, d’historiens, de spécialistes des médias ou de sociologues qui montrent comment l’antisémitisme s’est travesti dans les habits humanistes et vertueux de l’antisionisme. Certains experts responsables de revues de communication et d’analyse du discours, de collections universitaires respectables font des pieds et des mains pour censurer tout travail qui montre comment pendant des décennies les médias et le système éducatif français ont construit la représentation négative d’Israël et des Juifs qui y vivent. Et qui ont revisité l’histoire de ce pays.

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Paracha Behaalotekha : un homme, une flamme, par Yann Boissière

Dans cette parasha, D.ieu indique à Aaron la manière de faire monter les lumières de la ménorah du Tabernacle. Une colonne de feu et une colonne de nuées guident les Israélites, l’Eternel Se manifestant ainsi au coeur du Peuple, qui pourtant se plaint, regrettant les mets d’Egypte. Myriam et Aaron eux-mêmes remettent en question l’autorité de Moïse. Myriam est frappée de lèpre pendant sept jours.
Le commentaire du rabbin Yann Boissière.

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Parasha Nasso : savoir compter les uns sur les autres

Ha Shem demande de faire le relevé (nasso) des enfants d’Israël pour savoir sur qui il peut compter. Moshe  obéit. Ce recensement apparait en contradiction avec le c.15 v 5 de la paracha « Lekh lekha » (Bereshit). Ha Shem dit à Avram : « regarde le ciel et compte les étoiles : peux-tu en compter le nombre ? Ainsi sera ta descendance. »

En raison de ce verset anti-recensement, le roi David dut se repentir d’en avoir ordonné un. Le grand roi fut puni (Chronique 1 – versets 21 -23) car il avait fauté par orgueil. Ha Shem lui imposa alors un choix cornélien entre trois maux pour se faire pardonner : la famine, la défaite ou la peste. Il se résolut à subir la peste : la maladie fit tout de même 70 000 victimes dans son royaume.

Augustin d’Hippone[1], et à sa suite l’Eglise, recycleront cette faute de David contre les tous les Juifs. Le philosophe et théologien chrétien les accusera globalement du pêché d’orgueil. L’antisémitisme en a fait une accusation majeure contre notre peuple accusé de se croire toujours supérieur aux autres.

Alors pourquoi ce recensement ?

Il ne s’agit pas ici d’une décision humaine. C’est ha Shem qui ordonne le recensement. On ne peut donc y voir aucune  prétention de quiconque.

Le  titre de la paracha (nasso) donne d’ailleurs une indication sur le sens de ce recensement. Recenser au sens strict renvoie plutôt au verbe  paqad (פּקד ) et non à nassa ( נשא ). Nassa (נשא ) signifie plutôt : porter, élever, relever. Ici, le recensement consiste donc à porter le peuple hébreu pour l’élever spirituellement. C’est pourquoi le texte comporte aussi l’inauguration du Tabernacle et la division du travail entre les tribus.

Pourquoi avoir besoin d’élever et de relever le peuple hébreu ? On le sait, avant même de se constituer, celui-ci avait déjà tourné le dos à sa raison d’être avec l’épisode du veau d’or. Ce n’est sans doute pas un hasard si la guematria de נשא est de 351. Ce chiffre fait clairement référence à l’idolâtrie : la somme des lettres de  אלהים אחֹורים (« Elohim a’horim » ou  « autres dieux ») est en effet aussi égale à 351.

Se mettre en ordre de marche

Nasso, c’est la constitution pratique des Hébreux et de leurs douze tribus. Celles-ci sont chargées de porter la Torah et le Tabernacle.

La voix de ha Shem parlait à Moshe entre les Kerouvim. Ceux-là même qui étaient chargés de garder l’Eden, afin d’indiquer à Adam et ‘Hava le niveau de spiritualité nécessaire à  atteindre pour retrouver les enviables conditions de vie du plus beau des jardins.

Selon la tradition, les Kérouvim ont le visage d’un garçon et d’une fille. Ils font référence au couple, c’est-à-dire à l’unité indissociable de l’homme et de la femme depuis la division de l’Adam en Ish (masculin) et Isha (féminin). Quand Ha Shem fait d’Israël sa fiancée, leurs ailes se déploient vers le haut pour enseigner que l’homme doit aspirer à s’élever afin de comprendre la sagesse du Maître du monde et Le servir du mieux possible. Leurs visages, tournés l’un vers l’autre, sont dirigés vers le bas en direction de l’Arche pour enseigner que la source authentique de sagesse est la Torah.

Rabbi Yaacov Kamenetsky (1891 – 1986 – américain d’origine biélorusse) signale que c’est le même terme qui désigne les Kérouvim, et les formes d’enfants à l’aspect d’anges, taillés à même le couvercle de l’Arche Sainte. Dans le contexte du Gan Eden, ils sont destructeurs. Ils en interdisent l’entrée. Mais, dans le contexte du Michkan (Tabernacle), ils représentent le pouvoir vivifiant de la Torah.

C’est une allusion à l’importance de l’éducation : selon la manière dont les enfants sont éduqués, ils peuvent devenir des « anges » ou des « démons ». D’ailleurs, d’après certains de nos maîtres, les Kérouvim n’inspiraient pas la confiance mais plutôt la peur – (Voir Cha’aré Aharon sur Béréchit 3, verset 24].

 Les quatre hygiènes de vie

L’éducation prônée par la paracha préconise d’orienter l’éducation dans quatre directions. Ce sont les points cardinaux de l’éthique :

– hygiène et santé du corps :

Il s’agit d’ isoler les lépreux et au-delà se protéger des maladies contagieuses.

hygiène et santé morale :

Il s’agit de ne pas porter préjudice aux autres.

hygiène et santé psychologique : respecter la femme adultère (ou soupçonnée de l’être).

Cet aspect parait aujourd’hui dégradant pour les femmes. Pourquoi la femme seule serait-elle coupable d’adultère ? Pourquoi ne pas s’en prendre à  l’homme infidèle ? Cela parait impensable à notre époque où l’infidélité elle-même n’est plus vraiment considérée comme une faute.

Pourtant, il existe bien une modernité de ce texte. Elle réside dans la nécessité constatée d’une protection particulière pour les femmes. Avant cette règle, le moindre soupçon de jalousie d’un mari pouvait être fatal pour une femme. Elle était rabrouée, battue ou même tuée. C’est malheureusement une pratique très répandue dans toutes les civilisations, et dans certaines encore plus que dans d’autres. Et jusqu’à aujourd’hui.

Avec l’épreuve des eaux amères, gérée par le Cohen, il y a institutionnalisation d’un  rapport privé. La femme ne reste pas seule avec son accusateur. De plus, l’absorption des eaux amères – un mélange d’eau et de poussière – ne peut en réalité causer aucun mal… La femme est donc, à tous les coups, lavée de tout soupçon.

De plus le verset (5,31) précise : « l’homme sera net de toute faute » pour pouvoir accuser sa femme. Précision importante : si l’homme est fautif envers sa femme, les eaux amères n’auront de toute manière aucun effet sur sa femme. Même si elle-même est aussi en faute.

–  hygiène et santé spirituelle ou le vœu de nazir.

Le nazir est celui qui s’isole des autres pour atteindre la sainteté. Shmouel (le prophète Samuel) et Shimshon (Samson) ont été des nazirs célèbres. Ils ont été consacrés à ha Shem par leurs mères stériles, heureuses de pouvoir enfin procréée, grâce à l’intervention de ha Shem. Yoseph (Joseph)  fut le premier nazir comme il est écrit dans devarim (paracha vezot – haverekha C.33 v. 16 ) : נזיר אחיו ou nazir de ses frères (Voir Yonathan Sandler – « Pour plus de lumière »).

Le nazir ne peut se rendre impur en touchant un mort. Il ne peut déguster aucun produit de la vigne, ni se raser. Le nazir s’érige ainsi en modèle du respect de la vie, mais il est aussi  mentionné qu’il ne peut le faire que durant une période limitée. Cette limite est un garant pour se préserver du fanatisme. Le but du nazirat est ponctuel. Il s’agit de racheter une faute ou de remercier pour un vœu exaucé. La fonction a un but « thérapeutique » comme le souligne Léon Ashkenazi ( « Leçons de la Torah »).

Ces quatre points d’hygiène sont tous d’une grande actualité. Une fois qu’ils les ont bien compris les enfants d’Israël peuvent recevoir la bénédiction de ha Shem. Elle se résume en trois points essentiels de la vie : protection, ‘hesed (amour ou  compassion) et paix.

Les tribus d’Israël peuvent alors présenter leurs offrandes et sacrifices, à commencer par celle de Yehouda (en ce qu’elle incarne une lignée royale) pour finir avec celle de Naphtali. Le texte peut alors paraître fastidieux et répétitif. Mais il indique une dimension essentielle de la pratique juive : la relation du particulier au collectif.

Chaque tribu particulière est nommée par le nom particulier de son chef, le nom de sa tribu, puis le texte reste absolument identique pour décrire la pratique de chaque tribu. C’est le sens du collectif. Le particulier ne se dissout pas dans le collectif, ni le collectif au nom du particulier. Il y a là une grande leçon critique à deux niveaux :

–  contre libéralisme total, appelé communément « loi de la jungle » où le particulier l’emporte au détriment du collectif.

–  contre le totalitarisme où le collectif dissout le particulier.

 

[1] Voir  son ouvrage « Contre Faustus » – livre XXII, chap. 66, composé entre 400 et 402 de l’E.C..