2022
Pourquoi manger kasher ?
La kasherout est un élément essentiel de la pratique juive au quotidien. Mais pourquoi, au juste, manger kasher ? Après tout, il existe un certain nombre de commandements anciens qui n’ont plus réellement cours aujourd’hui … pourquoi et comment rester attachés à cette pratique ? Une réponse du rabbin Philippe Haddad.
Document de référence à télécharger ici.
2022
Women Wage Peace à Montpellier
Quelques images de la manifestation
Un mot de Kehilat Kedem
Bienvenue dans notre soucca de la paix !
Ce soir, dernier soir de souccot, fête de l’hospitalité qui célèbre aussi l’espoir et le renouvellement permanent est en parfaite résonnance avec ce moment de rencontre et d’échange avec les femmes de Women Wage Peace.
Parce que Kehilat Kedem s’inscrit dans la tradition d’un judaïsme ouvert, progressiste, qui fait une large part à l’autre, et à l’autre moitié de l’humanité, les femmes, nous avons choisi de vous faire entendre la voix, les voix, du mouvement « Nachim ossot Shalom », les femmes œuvrent pour la paix.
Faire connaître ce mouvement israélien qui fait entendre les voix des femmes – des épouses, des mères, des sœurs -, faire connaître ses actions concrètes sur le terrain, son travail à la fondation d’un dialogue pour la paix est, pour nous, synagogue libérale, une façon de respecter et de matérialiser notre engagement, celui de « notre soutien et notre défense indéfectibles au droit à l’existence et à la sécurité de l’Etat d’Israël ».
Que disent elles ? Les premières voix se sont élevées après l’opération Bordure protectrice en 2014 : celles de mères inquiètes de l’avenir réservé à leurs enfants. Ces voix sont devenues clameur, dont l’onde s’est propagée dans tout le pays, portée par les voix de femmes de toute religion et origine, religieuses et laïques, à l’image de la mosaïque des peuples d’Israël. Elles sont aujourd’hui plus de 40 000 membres de WWP et tellement d’autres sympathisantes. Et pourtant elles sont si peu entendues, si peu écoutées par ces hommes qui nous gouvernent, en Israël comme en Palestine.
Que réclament-elles ces voix, d’aussi inentendables ? Tout simplement le droit pour les prochaines générations d’israéliens et de palestiniens à vivre en paix. Elles exigent le retour à la table des négociations. Pas de position a priori sur la solution au conflit mais la certitude que la solution est dans le dialogue politique.
Ce mouvement, dans sa diversité, le démontre : il est possible et joyeux de vivre ensemble !
Pour conclure, je laisse la parole à Claire Marin, que je cite ici (in « Être à sa place: Habiter sa vie, habiter son corps ») : « Mais parce qu’on parle aussi parfois à notre place, il a aussi été question de parler en voix propre, de revendiquer sa place, d’affirmer son existence, d’« être dans la place », de l’occuper. (…) Là où je peux parler, où j’impose ma voix, j’affirme mon droit à une place, je m’en fais une, je la conquiers.»
Margot Levine, présidente de Kehilat Kedem
Nathalie Assouline, membre du bureau de Kehilat Kedem
Un mot de France-Israël
Nous devons la réalisation de cette manifestation au soutien chaleureux de plusieurs institutions : Ville et métropole de Montpellier,Conseil Départemental, Ambassade d’Israël,Judaïsme en Mouvement.
L’Ambassade d’Israël en France a conforté le choix de cette rencontre avec des femmes israéliennes du mouvement Women Wage Peace., organisée par l’association France-Israël, la synagogue libérale de Montpellier Kehilat Kedem et le Centre Culturel Juif Simone Veil.
France-Israël, qui œuvre pour le renforcement des liens entre le peuple de France et le peuple d’Israël, est une organisation d’hommes et de femmes persuadés que l’amitié entre la France et Israël est un impératif d’ordre moral fondé sur des valeurs communes. Elle s’efforce entre autres de défendre devant l’opinion publique l’image d’Israël si souvent déformée. C’est le sens de notre présence auprès du mouvement « Nachim ossot Shalom » car ces femmes sont la preuve qu’Israël est un pays vivant, agité de conflits d’interprétations et d’influences diverses qui connait des périodes de remise en question et de re-création. N’oublions pas que le sionisme fut d’abord une fédération de rêves ; il y avait les rêveurs d’une coexistence entre Israéliens et Palestiniens dans un État bi-national, ceux d’un pays marxiste, ceux d’un univers tolstoïen, ceux d’un paradis religieux, ceux d’un pays où seulement oublier … et bien d’autres encore… Chacun de ces rêves a réussi à créer une société pluraliste confrontée à la complexité du réel. Les 40000 femmes de ce mouvement en sont la plus belle des preuves car elles sont issues des diverses communautés de cette société comme cela va être souvent rappelé.
En cette journée, nous voudrions rappeler combien nous espérons, et ce dans l’intérêt de nous tous, connaître la paix, le partage et la douceur de vivre dans les différences qui nous enrichissent. Nous cheminerons en allant à la rencontre de qui souhaite entendre cette espérance, laissant à chacun la part de sens qu’il souhaite lui donner…
Et, si ces mots sont difficiles à prononcer en ces temps où la guerre sévit si près de nous, où le monde semble dériver, Il nous faut croire que la réalité sur le terrain peut être changée au rythme d’avancées historiques patientes et tenaces. En ce qui concerne Israël, nous croyons par exemple dans la force des Accords d’Abraham, dont nous venons de célébrer le 2e anniversaire, le 15 septembre dernier. Ainsi entendons nous défendre l’universalisme éthique du message biblique qui enseigne que nous sommes une humanité une au-delà de nos singularités.
Sans naïveté nous savons aussi que l’histoire ne répond pas toujours à nos attentes et qu’il faut beaucoup de persévérance. La parole de paix ne peut se proférer qu’à distance du défaitisme et de l’attente d’un horizon trop lointain. Mais il est certain qu’elle se profère tout près de l’audace de faire en un présent dont nous n’ignorons pas les impératifs historiques.
Pour terminer je voudrais évoquer l’écrivain Amos Oz qui a souvent rappelé que la paix n’adviendrait pas par un amour improbable entre tous les hommes mais par la poursuite de l’idéal de justice qui s’inscrit dans l’histoire en donnant au mot loi tout son sens. C’est ainsi que sous le soleil méditerranéen, il l’a imaginée. Il n’a jamais dit que ce serait une tâche facile mais que la patience, la tolérance et le compromis dont elle dépendait ouvraient le possible. La paix est tâche humaine, donc imparfaite et il est impossible d’oublier qu’Il y a aussi des guerres qui sont des questions de vie ou de mort.
Nous voudrions dédier d’une seule voix cette rencontre à Mahsa Amini et au courage de toutes les Iraniennes qui résistent au péril de leur vie et qu’on assassine parce qu’elles veulent être libres. Leur combat est un combat universel.
Brigitte Claparède Albernhe, Présidente de France Israël, Montpellier.
2021
Conversion au judaïsme : quelques petites choses à savoir
Nous recevons régulièrement des demandes de conversion au judaïsme, ou, à tout le moins, des manifestations d’intérêt pour cette démarche. Ayant terminé ma propre conversion dans le courant de l’année 2021, il m’a semblé utile de noter quelques-uns des éléments que j’aurais aimé connaître quand je me suis lancé dans cette entreprise. Je ne pense pas qu’un seul d’entre eux aurait changé quoi que ce soit à ma décision ; mais il me semble néanmoins utile de vous adresser, à vous qui souhaitez, comme je l’ai fait, vous inscrire dans l’Alliance, quelques informations et avertissements.
La conversion au judaïsme est difficile
Une conversion au judaïsme est une entreprise longue, difficile, et qui demande beaucoup de temps, d’énergie et de détermination. Attention : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, la porte est toujours ouverte et une personne sincère et dont la démarche est appropriée trouvera toujours au sein de Kehilat Kedem des interlocuteurs pour l’aider et la soutenir. Mais ne vous attendez pas à ce que les choses se fassent facilement : des efforts seront exigés de vous. C’est d’ailleurs ce qui rebute beaucoup de candidats.
La conversion au judaïsme libéral n’est pas une conversion light
Le judaïsme libéral, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, n’est pas moins exigeant que le judaïsme orthodoxe en ce qui concerne les conversions. Il place seulement ses exigences sur d’autres points. Sur certains de ces points, d’ailleurs, le judaïsme libéral demande finalement davantage, en termes d’investissement personnel, que les courants traditionnels.
Vous n’avez (peut-être) pas besoin de vous convertir…
Tout dépend de vos souhaits et de vos objectifs : si ce que vous voulez, c’est assister aux cours et conférences, prendre part aux offices, en apprendre davantage sur le judaïsme, ou encore étudier l’hébreu biblique, il n’est pas nécessaire d’entrer dans une démarche de conversion. Vous pouvez parfaitement adhérer à la synagogue Kehilat Kedem et participer à ses activités sans pour autant vouloir devenir juif. Dans un premier temps, si vous n’avez pas d’attache particulière avec le judaïsme a priori, c’est d’ailleurs très certainement ce qui vous sera proposé : venez, participez, apprenez, et une fois que vous vous êtes fait une idée précise de tout ce qu’une conversion implique dans les faits, prenez votre décision et engagez-vous plus avant. Ou pas. Le choix vous appartient.
… mais cela peut tout de même être utile.
Vous pouvez très bien passer des années à participer aux activités de la communauté Kehilat Kedem sans pour autant vous convertir. Mais cela veut dire que votre implication demeurera limitée : tant que vous n’aurez pas achevé votre conversion au judaïsme, vous ne compterez pas au minian, ne pourrez pas monter à la Torah et ne pourrez pas prendre de responsabilités au sein de l’association. Pour ma part, ce dernier aspect a été une puissante motivation pour achever ma conversion. J’avais beaucoup reçu, au cours des années passées au sein de la communauté, et il était temps pour moi de rendre.
Préparez-vous à (beaucoup) étudier
Dans un premier temps, vous allez devoir apprendre des bases de langue hébraïque, étudier la liturgie juive, vous familiariser avec le calendrier juif, apprendre les prières et les chants, acquérir un vocabulaire spécialisé, riche et complexe et même vous familiariser avec la cuisine kasher. Cela ne va pas se faire tout seul. Les contenus pour débutants proposés sur le site sont un bon début mais ne suffisent pas. Si vous le souhaitez, vous pouvez suivre les cours d’introduction au judaïsme et d’hébreu biblique proposés par Kehilat Kedem. Vous pouvez également demander des cours particuliers à un rabbin ou autre enseignant. Mais quel que soit votre choix, sachez que tout cela représente beaucoup de travail. Il m’est déjà arrivé que des personnes intéressées par la conversion mais effrayées par l’importance d’une telle masse de connaissances à acquérir me demandent si c’est vraiment indispensable, si on ne peut pas s’en passer. Non, on ne peut pas s’en passer. Oui, c’est indispensable. La bonne nouvelle, cependant, c’est qu’il n’y a aucune date-butoir pour acquérir tout cela : si vous parvenez à ingurgiter et à assimiler tout cela en un an, c’est parfait; s’il vous faut dix ans, c’est parfait aussi.
La conversion au judaïsme prend du temps
Comptez un grand minimum de deux ans, à supposer que vous suiviez des cours d’hébreu et d’introduction au judaïsme toutes les semaines et assistiez à tous les offices ou presque. Pour la plupart des gens, la conversion au judaïsme représente plutôt trois à quatre ans. Pour ma part, elle a pris sept ans : il faut dire qu’au milieu de cette période, mon emploi du temps a été plutôt secoué par la naissance de mes deux filles. Quoi qu’il en soit, sachez qu’il n’y a pas de règle : chacun prend le temps qui lui est nécessaire.
La vie juive en prend aussi !
On attend de tout membre de la communauté qu’il mène une vie juive. Cela signifie non seulement adhérer aux valeurs et aux coutumes du judaïsme, mais également s’inscrire dans la communauté, assister aux offices hebdomadaires et aux célébrations des fêtes juives, et ainsi de suite. Quand vous êtes en phase de conversion, il faut y ajouter le temps de cours et/ou d’études personnelles. Selon votre pratique personnelle et vos possibilités personnelles, attendez-vous à investir dans votre vie juive entre trois et huit soirées par mois, le double si vous êtes en période de conversion. Certains ne souhaitent pas consacrer autant de temps que cela à une activité cultuelle. Et c’est bien compréhensible. Mais alors pourquoi se convertir ?
Une vie juive ne se limite d’ailleurs pas à la seule pratique du culte. L’inscription dans une communauté et dans une synagogue repose sur trois piliers. Le culte est l’un d’eux. Les deux autres sont d’une part l’étude, qui est permanente et se poursuit toute la vie (un Juif n’a jamais fini d’apprendre; il n’a jamais fini de creuser, de remettre en question, de remettre en perspective…) et d’autre part l’aspect humain de la communauté, qui se traduit par des rencontres, des échanges, de l’entraide, la participation à des fêtes ou des repas communautaires, et ainsi de suite. Et il n’y a pas, dans le judaïsme, de frontière étanche entre ces trois aspects.
La conversion au judaïsme est une forme d’acculturation
La conversion au judaïsme n’est pas une adhésion à un credo prédéfini. Voyez-la plutôt comme l’apprentissage d’une culture étrangère, de ses rites, de ses coutumes, de ses habitudes, de sa cuisine et de son mode de vie. Comparez-vous à une personne immigrant dans un pays étranger et souhaitant s’y intégrer : apprendre la langue est une première étape mais ne suffit pas.
La conversion au judaïsme est une affaire de famille
Votre conversion ne concerne pas que vous : si vous vivez en couple, il sera exigé que votre conjoint soit mis au courant de votre démarche. Il ou elle n’a pas besoin de vous donner son approbation mais vous ne pouvez pas vous convertir à son insu.
Le judaïsme libéral reconnaissant la filiation juive pour les deux parents, vos enfants à venir (ainsi que les enfants en bas âge que vous avez déjà) seront considérés comme Juifs après votre conversion si vous êtes une femme; si vous êtes un homme, ils pourront être facilement convertis dans leur jeune âge (souvent en même temps que vous) si leur mère donne son accord et que vous vous engagez tous deux à les élever dans le judaïsme.
La foi n’est pas indispensable…
Le judaïsme ne vous demande pas de croire mais de pratiquer : ce qui se passe dans votre tête et votre cœur vous regarde seul. La foi, c’est entre D.ieu et vous. Personne ne viendra jamais vous demander si vous croyez en D.ieu, ni comment vous y croyez. C’est intime, personnel, secret. Et ça ne regarde pas la communauté. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’évolution spirituelle durant le processus de conversion; il y en a une, et elle est puissante, mais elle se manifeste souvent de manière discrète. D’année en année, on la ressent, cependant, installée silencieusement, presque par sédimentation. On peut appeler cette évolution de diverses manières, et chacun, je pense, a un nom différent pour ce phénomène. Pour ma part, je la pense comme une ouverture aux dimensions verticales de l’être. Si vous ne comprenez pas réellement ce que je veux dire par là, soyez rassuré : moi non plus. Mais j’y travaille.
En revanche, ce qui vous sera demandé, c’est bel et bien de la pratique. La conversion au judaïsme n’est pas une question d’adhésion à un dogme rigide, mais bien d’adoption de pratiques spécifiques : participation aux offices, compréhension et pratique de la kasherout, et ainsi de suite.
… mais les valeurs du judaïsme libéral ne sont pas négociables
Kehilat Kedem s’inscrit dans le cadre du judaïsme réformé, et plus spécifiquement du judaïsme libéral. Cela signifie que nous adhérons à un certain nombre de valeurs et que nous nous attendons à ce que ceux qui souhaitent nous rejoindre y adhèrent aussi. Si vous ne vous retrouvez pas dans ces valeurs, ça n’est pas grave : vous êtes parfaitement libre de ne pas partager nos idées. Mais cela signifie que vous vous êtes trompé de synagogue : mieux vaut que vous alliez frapper à d’autres portes qu’à la nôtre. Ne rejoignez pas une communauté dont les valeurs ou les pratiques vous choquent ou vous rebutent; vous n’y seriez pas heureux.
Ceci dit, si vous êtes dans le doute, si vous hésitez, si vous n’êtes pas certain que le judaïsme libéral est fait pour vous, n’hésitez pas à contacter la synagogue : nous pourrons toujours discuter, vous accueillir pour quelques offices, et vous pourrez vous faire une idée par vous-même.
Tout cela a un coût
Eh oui … il faut bien à un moment ou à un autre en venir aux réalités matérielles : une conversion au judaïsme, qu’il soit libéral ou non, a un certain coût. Impossible, cependant, de vous indiquer un prix précis. En revanche, nous pouvons estimer grosso modo une fourchette générale, en nous basant sur les éléments suivants : admettons que vous allez rester trois ans en période de conversion (ce qui est une estimation raisonnable), et que durant cette période, vous allez vous acquitter à la fois des frais d’adhésion à l’association et de ceux liés aux cours d’hébreu biblique et d’introduction au judaïsme ; vous allez également assister aux grandes fêtes, faire quelques dons à cette occasion et un peu de tzedaka. Vous allez également faire l’acquisition de livres (livres de cours, Bible en hébreu ou bilingue…), sans doute faire quelques déplacements pour des visites ponctuelles. Et à la fin, il y aura de petits frais supplémentaires pour votre passage devant le Beth Din et au mikve, sans compter d’éventuels frais de voyage (par exemple, pour passer devant le Beth Din, vous devrez peut-être vous rendre à Paris). Au total, vous aurez sans doute dépensé entre 3000 et 5000 euros, lissés sur plusieurs années, dont un tiers à la moitié que vous pourrez récupérer en déduction fiscale si vous êtes imposable. Si vous êtes un homme, ajoutez à cela autour de 1000 euros pour la circoncision (il s’agit d’une opération chirurgicale délicate qui, ne relevant pas d’un besoin de santé, n’est pas remboursée par la Sécurité Sociale, ni généralement prise en charge par les mutuelles). Je précise que ces chiffres sont une estimation, à l’aune de ma propre expérience et pour une conversion qui s’est déroulée entre 2014 et 2021.
En cas de difficultés financières (ou si vous êtes aussi nul que moi en ce qui concerne la paperasse et laissez systématiquement traîner vos factures), sachez que la communauté sait se montrer compréhensive et peut s’adapter à vos moyens réels. Mais la conversion au judaïsme ne sera jamais gratuite : elle représentera toujours un certain investissement, en temps, en argent, en énergie et en efforts. Plus généralement, après la conversion, sachez que la vie juive aussi à un coût : les communautés ne vivent que des dons et du soutien financier de leurs membres et elles ont des frais importants (paiement des rabbins, qui pour la plupart n’ont pas d’autre source de revenus; location de salles; traiteurs pour les repas communautaires; aide aux démunis; et ainsi de suite). Comptez entre 200 et 400 euros par an au minimum, entre les frais d’adhésion, quelques dons, des participations à des événements particuliers, etc. C’est un petit budget, mais après tout ça n’est pas supérieur à ce que la plupart des gens dépensent pour leurs loisirs.
Et en pratique, comment se passe une conversion au judaïsme ?
Une conversion au judaïsme (ou guiyour) se déroule en plusieurs étapes. Dans un premier temps, il va vous falloir manifester votre intérêt pour notre communauté. Pour cela, rien de plus simple : il vous suffit de nous contacter, via le formulaire ad hoc. Je vous conseille de soigner ce premier message. Souvenez-vous que pour la personne qui va le lire, accepter votre candidature implique de vous voir plusieurs fois par mois pendant les prochaines années : il faut donc que vous convainquiez cette personne que vous n’allez pas lui faire perdre son temps. Prenez le temps d’expliquer votre démarche, les raisons de votre intérêt pour le judaïsme libéral en général et Kehilat Kedem en particulier, et ainsi de suite. Nous ne jugeons pas le message à sa longueur, ni à sa qualité littéraire ; en revanche, un premier contact bâclé a toutes les chances de ne pas recevoir de réponse : si vous n’êtes pas assez motivé pour prendre un instant pour nous expliquer votre démarche, comment pourrions-nous croire que vous le serez assez pour suivre des cours pendant plusieurs années ? Ce qui nous intéresse, c’est de sentir en vous un candidat sérieux, motivé, adhérant aux valeurs du judaïsme libéral et potentiellement un futur membre de notre communauté.
A la suite de ce premier contact, nous vous fixerons un rendez-vous téléphonique, suivi d’une rencontre physique, au cours de laquelle un ou plusieurs membres de la communauté échangeront avec vous et vous aideront à clarifier les points qui pourraient être obscurs.
Après cela, et si votre intérêt est confirmé, vous serez invité à participer à quelques offices, afin de vous rendre compte par vous-même de ce que représente la liturgie juive. Vous serez également invité à commencer l’étude de la langue hébraïque et du judaïsme en général. Vous serez aussi invité à des rencontres informelles, au cours desquelles les personnes en cours de conversion discutent avec un ou des membres de plus longue date de la synagogue, et qui sont l’occasion de renforcer les liens humains dans la communauté.
Après quelques mois, si vous restez intéressé, vous serez présenté à un rabbin, qui sera chargé de vous accompagner tout au long de votre démarche de conversion. Il vous demandera un premier écrit décrivant votre motivation, votre parcours spirituel et les avancées de votre conversion jusqu’ici. Selon vos disponibilités respectives et le temps que vous pouvez allouer à vos études judaïques, vous reverrez ce rabbin une à quatre fois par an, durant toute la durée de votre conversion. Pendant cette même période, vous continuerez à étudier et à participer aux activités de Kehilat Kedem, bien entendu.
Quand votre rabbin vous estimera prêt, il vous le fera savoir et obtiendra pour vous une entrevue avec le Beth Din, un tribunal rabbinique chargé de prononcer les conversions. Trois essais écrits vous seront demandés, qui seront présentés à ce tribunal : l’un décrivant votre parcours, un autre sur une question générale relative au judaïsme, un troisième sur un sujet libre, là encore en rapport avec le judaïsme (par exemple, ma question générale portait sur la kasherout, et pour mon sujet libre j’ai choisi certaines des implications éthiques de la notion de tikkun olam). Pour les hommes, un certificat de circoncision vous sera également demandé, rédigé par une personne habilitée à le faire (généralement la personne ayant procédé à la circoncision : les rabbins n’iront pas voir par eux-mêmes, et personne ne vous demandera de vous déshabiller pour vérifier !). Il vous faudra aussi avoir réfléchi au prénom hébraïque que vous souhaitez porter dans le cadre liturgique ; outre ce prénom, vous serez connu comme Ben/Bat Abraham (fils/fille d’Abraham; certaines préfèrent Bat Sarah).
Le passage devant le Beth Din peut être impressionnant : pour ma part j’y ai perdu mon latin et mon hébreu par la même occasion. Si le Beth Din accepte votre conversion, vous devrez ensuite passer au mikve, le bain lustral rituel, et y lire, à demi-immergé, des bénédictions spécifiques (en hébreu, bien entendu). Une fois ceci fait, mazel tov ! vous êtes enfin Juif. Ne croyez pas cependant que ce soit la fin de l’histoire : ça n’en est que le début. Vous portez désormais sur vous le poids de l’Alliance et la responsabilité des mitzvot. Vous comptez au minian et avez des responsabilités à l’égard de votre communauté. Bref : rien n’est fini, tout commence.
Tout cela a de quoi faire peur. Et à juste titre : oui, la conversion au judaïsme est un parcours long et difficile, et oui, ce parcours exige énormément de travail, de détermination et de persévérance. Mais trois éléments doivent également être pris en compte pour nuancer tout cela : tout d’abord, il faut avoir conscience que chaque pas vous fera avancer et contribuera à modifier votre point de vue et à enrichir votre expérience de vie et votre expérience spirituelle. D’autre part, il faut se souvenir que la conversion au judaïsme n’est en rien obligatoire pour participer aux activités de la synagogue. Enfin, le sentiment de satisfaction et d’accomplissement ressenti en sortant du mikve, quand on regarde derrière soi et qu’on réalise tout le travail réalisé, constitue un souvenir puissant, et ce moment marque fortement une existence.
Toujours pas découragé ? Voici quelques liens pour continuer…
2021
Etudier à Kehilat Kedem avec Georges-Elia Sarfati
Depuis un an, Kehilat Kedem a la chance de compter parmi ses principaux intervenants en études juives, le professeur Georges-Elia Sarfati.
Philosophe, linguiste, traducteur, diplômé de l’institut rabbinique Schechter de Jérusalem, docteur en études juives de l’université de Strasbourg, psychanalyste existentiel, Georges-Elia Sarfati nous a d’abord fait voyager dans la tradition éthique du judaïsme, dont il est l’un des plus éminents spécialistes. C’est en effet au cours d’un premier cycle de dix séances, que GES nous a initiés à cette pratique spirituelle qu’est le Moussar. Et c’est en travail de binômes très motivés que nous avons pu plancher pendant ces cinq derniers mois.
Pour vous donner une idée de ce qu’est le Moussar, n’hésitez pas à cliquer sur ce lien pour écouter ou réécouter une émission de Talmudiques de Marc-Alain Ouaknin avec Georges-Elia Sarfati.
Vous pouvez également lire l’excellent article de GES sur « l’Esprit du Moussar » via le lien.
Cette étude sur le Moussar a été introduite par une conférence inaugurale le 15 octobre dernier co-organisée par Kehilat Kedem et l’Institut Universitaire Maïmonide-Averroès-Thomas d’Aquin avec pour thème : « Viktor Frankl (1905-1997), Le Dieu Inconscient, Psychothérapie et religion » . Lors de cette conférence, Georges-Elia Sarfati a introduit son travail sur la logothérapie ou thérapie existentielle créée par le psychologue et penseur juif Victor Frankl, lui-même très imprégné de cet héritage éthique du judaïsme. Nous avons le plaisir de vous offrir le replay de cette conférence.
Un second cycle sur le Moussar aura lieu à la rentrée qui pourra également être suivi par les personnes qui n’auraient pas eu la possibilité d’être présents sur le 1er cycle. Nous vous tiendrons informés.
Soucieux de répondre à notre soif d’études, GES a également rejoint depuis le début de l’année notre groupe d’étude de lecture de la Bible en havrouta (travail en binômes) qui se tient en visio-conférence deux fois par mois. Pour en savoir plus sur cet atelier qui réunit des passionnés de l’interprétation de nos textes, vous pouvez cliquer sur ce lien.
Pour terminer l’année d’études, un cycle de quatre conférences passionnantes et essentielles sur la question du judaïsme contemporain après la Shoah vient de débuter. Pour en savoir plus sur cette série de conférences, vous pouvez cliquer ici.
Par ailleurs, Georges-Elia Sarfati vient de donner une interview sur Radio Aviva que nous vous invitons à écouter ici.
Essayez un de ces cours! Cela pourrait donner une « sacrée » dimension à votre étude!