Parasha Vayetse : aller vers un ailleurs – par Gabriel Farhi
Jacob fuit la colère de son frère Esaü. Il s’arrête en chemin dans un lieu appelé Louz, où lui apparaît en rêve une échelle qui touche les cieux, et que parcourent des anges. Il aperçoit au sommet l’Eternel, qui lui promet de l’accompagner en exil. A son réveil, Jacob dresse une pierre et renomme le lieu Bethel.
Jacob parvient à Haran, chez son oncle Laban, où il rencontre sa cousine Rachel, près d’un puits (comme Eliezer, qui avait rencontré Rébecca près d’un puits; mais alors que Rébecca avait donné à boire à Eliezer, c’est Jacob qui fait rouler la pierre du puits pour permettre à Rachel de boire). Jacob accepte de travailler sept ans pour Laban afin d’obtenir la main de Rachel mais après la noce, il se rend compte qu’il a été trompé et qu’il a, sans le savoir, épousé la soeur aînée de Rachel, Léa. Au prix de sept années de labeur supplémentaires, il obtient également Rachel. Mais celle-ci demeure stérile, contrairement à Léa. Les deux femmes donnent chacune à Jacob l’une de leurs servantes comme concubine. Ce n’est qu’après la naissance de dix fils et d’une fille que Jacob a enfin un enfant de Rachel : Joseph. Décidant de rentrer en Canaan, Jacob doit encore échapper à Laban, à qui Rachel a dérobé des idoles.
Illustration : Mohamad Babayan – Unsplash
2022
Doura Europos : premières images de la Bible
Premières images de la Bible : les peintures de la synagogue de Doura Europos à la lumière du dialogue judéo-chrétien (Syrie, IIe-IIIe siècles).
Conférence de Sonia Fellous, CNRS-IRHT, dans le cadre du cycle Art et archéologie du judaïsme du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme.
En 1932, la découverte des vestiges d’une synagogue (c. + 170 et 245-246) dans la ville de Doura Europos, dans l’actuelle Syrie, révèle au monde les premières représentations figuratives du récit biblique. Le riche programme iconographique qui couvre ses murs remet immédiatement en question l’idée communément admise jusque-là de l’inexistence d’un art juif, fondée sur l’interdit de la représentation formulé dans le troisième commandement de l’Exode (Ex. 20:4 ; Deut. 5:8). Cette découverte permet désormais d’ancrer les origines de l’art paléochrétien dans le répertoire traditionnel juif et de tracer les jalons d’une transmission iconographique juive dans le monde méditerranéen. Le choix et l’agencement des scènes bibliques semble enseigner ou proclamer la profession de foi juive et souligne l’attente eschatologique dans laquelle se trouvaient les juifs de l’Antiquité après la chute de Bar Kokhba et la destruction de Jérusalem (+135). Vingt-six panneaux narrant cinquante-neuf épisodes bibliques, dont le choix et la mise en scène restent encore énigmatiques, forment le programme iconographique le plus riche qui nous soit parvenu à ce jour dans un contexte juif. Ce programme ne prend tout son sens qu’à la lumière des thèmes iconographiques développés dans le baptistère chrétien découvert au même moment (c. +232). Dans cet édifice, plus modeste, le premier dédié au culte chrétien avant la conversion de Constantin, se trouvent pour la première fois représentés sur les murs les miracles de Jésus. La lecture comparée de ces deux programmes iconographiques semble restituer le contenu d’un débat idéologique entre juifs et disciples de Jésus exposé pour la première fois par l’iconographie. Un débat qui suscita la polémique entre juifs et chrétiens de l’Antiquité et restera central dans les préoccupations intellectuelles et religieuses des sociétés médiévales.
En partenariat avec le Centre allemand d’histoire de l’art (DFK Paris) et l’Ecole du Louvre.
2022
Mizmor LeDavid – Psaume 29
Mizmor LeDavid (Psaume 29) est un chant couramment entonné durant les offices de Shabbat. Il repose sur une structure particulièrement précise et significative : ainsi, par exemple, la voix de l’Eternel (Qol Adonaï) revient sept fois dans le poème et suit symboliquement un itinéraire du nord au sud, du Liban au désert du Cadès, mais également des hauteurs aux plaines. Le poème lui-même évoque d’abord l’Eternel, puis Sa création, et enfin le Peuple.
L’air le plus souvent utilisé au sein de Kehilat Kedem pour Mizmor LeDavid :
Quelques autres versions de Mizmor LeDavid
Illustration : Roy Abi Saad – Unsplash
2022
Homosexualité féminine et Halakha
Si l’homosexualité masculine y est formellement proscrite, il n’y a pas trace, dans la Torah ni dans les écrits anciens, d’interdiction de l’homosexualité féminine : seules des sources rabbiniques tardives mentionnent cette interdiction. Il faut sans doute voir dans cette absence le fait d’un impensé, bien plus que d’une tolérance : pour les sources antiques, une sexualité féminine sans homme est tout simplement hors du champ des possibles et du conçu. Elle n’est donc pas interdite, puisque, dans l’esprit des législateurs, elle n’existe pas.
Conférence-débat avec Martine Gross (sociologue), Lise Gutmann (journaliste), Delphine Horvilleur (rabbin JEM), Liliane Vana (docteur en science des religions) et Sarah Weil (militante LGBT).
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Illustration : Ave Calvar – Unsplash
2022
Parasha Toledot : difficile filiation – par Yann Boissiere
Longtemps infertile, Rébecca est enfin enceinte. Mais ses enfants, des jumeaux, se battent déjà en son sein. Il lui est annoncé qu’il en sera ainsi toute leur vie, et même au-delà, au travers des peuples qui descendront d’eux. Le premier à naître, Esaü, est un chasseur vigoureux, aimé par son père Isaac. Le second, Jacob, aime l’étude et rester sous la tente, auprès de sa mère. Un jour qu’Esaü revient de la chasse affamé, il aperçoit Jacob cuisant un plat de lentilles, et les échange contre le droit d’aînesse.
Une famine advient et Isaac doit migrer chez les Philistins. Il y renouvelle le pacte avec eux et s’installe à Beer Sheva. Esaü épouse des femmes du pays, ce qui déplaît à sa mère. Isaac, sentant que la mort approche, souhaite donner sa bénédiction à Esaü mais Jacob, sur les conseils de Rébecca, usurpe sa place. Apprenant cela, Esaü se promet de tuer son frère, qui doit fuir chez son oncle Laban, frère de Rébecca.
Illustration : Alexander Grey – Unsplash
2022
Lekhou Neranena
Allons, chantons en l’honneur de l’Eternel ! Le Psaume 95 (94 dans la numérotation chrétienne) fait partie des « Psaumes royaux » : ceux qui présentent l’Eternel comme un souverain pour Son Peuple. Bien que l’auteur en soit inconnu, la tradition tend à l’attribuer à David.
Lekhou Neranena fait traditionnellement partie des chants d’ouverture des offices de Shabbat.
Quelques versions de Lekhou Neranena
Illustration : Scarlet Ellis – Unsplash
2022
Qu’y a-t-il dans le Tanakh ? Par Yeshaya Dalsace
Tanakh (תנ״ך) signifie « כתובים – נביאים – תּוֹרָה» (Torah – Neviim – Ketouvim) et désigne l’ensemble des trois parties de la Bible hébraïque : la Loi (Torah), les Prophètes (Neviim) et les autres écrits (Ketouvim). Cet ensemble canonique correspond à la définition juive de la Bible, qui n’est pas identique à ce que les chrétiens nomment l’Ancien Testament. Dans cette intervention, le rabbin Dalsace revient sur ces notions et les précise.
Illustration : Mick Haupt – Unsplash
2022
Recette : les Latkes
Hannukah approche ! Et qui dit Hannukah dit cuisine à l’huile, et notamment les Latkes. Petite histoire d’une grande recette…
Histoire des Latkes
Etymologiquement parlant, un latke, en yiddish, ça n’est jamais qu’une galette. Les latkes d’Hannukah sont l’un des grands classiques de la cuisine traditionnelle ashkénaze, et l’un des aliments inévitables en cette saison. Bien entendu à base de pommes de terre (ça n’est pas un plat d’Europe centrale pour rien), et bien entendu frits (Hannukah oblige), ils existent dans de nombreuses variantes. En réalité, le plat, qui est attesté depuis au moins le Moyen-Âge, n’a pas toujours utilisé des pommes de terre et peut être préparé à base de carottes ou de panais. D’autres versions étaient faites à base de ricotta ou de quark (un fromage allemand au lait écrémé) mais ces recettes pouvaient poser problème en termes de kasherout, et interdisaient en particulier la cuisson dans le schmaltz (la graisse de poulet ou d’oie, très usitée dans la cuisine ashkénaze) ; aussi, dès l’introduction de la pomme de terre en Europe, la recette à base de patates a-t-elle rapidement supplanté ses alternatives.
En hébreu moderne, on appelle les latkes לְבִיבָה (levivah, pluriel levivoth).
Recette des Latkès
Ingrédients pour 4/5 personnes
- 3 œufs
- 50g de farine
- 4 à 6 grosses pommes de terre
- 1 gros oignon
- 1 grand verre d’huile de friture
- Sel, poivre
Préparation
- Eplucher les pommes de terre et l’oignon.
- Râper les pommes de terre et l’oignon (vous pouvez aussi les passer ensemble au mixeur).
- Mélanger les légumes râpés. Les saler, puis les laisser égoutter une dizaine de minutes dans une passoire. Presser pour évacuer l’eau excédentaire. Verser le mélange dans un saladier.
- Ajouter la farine, les œufs, le poivre, éventuellement d’autres épices, selon votre goût. Malaxer pour obtenir une pâte homogène. Si l’ensemble reste trop humide, assécher avec davantage de farine ou un peu de fécule de pomme de terre.
- Faire chauffer l’huile dans une sauteuse. Quand elle est bien chaude, abaisser à feu moyen.
- Prélever de petites boules de mélange avec une cuillère (à café ou à soupe, selon que vous souhaitiez obtenir de grandes ou de petites galettes). Laisser frire chaque galette 4 à 5 minutes sur un côté, puis 1 à 2 minutes sur l’autre.
- Quand une galette est cuite et bien dorée, la sortir de l’huile et la poser sur du papier absorbant, type Sopalin, pour la débarrasser des excès d’huile.
- Quand toutes les galettes sont cuites, saler et servir.
Options et compléments
On sert souvent les Latkes avec une compote de pomme. Ce mélange sucré-salé est délicieux.
Vous pouvez, selon votre goût, faire varier la proportion oignon/pomme de terre. Pour que la recette se tienne, il vaut mieux garder au moins 50% de pommes de terre.
On peut préparer les Latkes avec d’autres légumes : carottes et courgettes, en particulier, s’y prêtent très bien. Attention en ce cas à bien faire dégorger les courgettes, car une pâte trop liquide ne se tiendra pas dans l’huile : il peut être utile, une fois les courgettes râpées, de les saler et de les laisser reposer une heure dans une passoire pour qu’elles rendent une partie de leur eau, avant de les presser.
Et parce que tout est meilleur avec une chanson…
2022
‘Haye Sarah : un érotisme de la pudeur – par Mira Neshama, socio-anthropologue
La parasha ‘Haye Sarah (La vie de Sarah) nous présente la mort de Sarah, à l’âge de 127 ans. Abraham achète alors la grotte de Makhpela, qu’il consacre comme caveau familial. Il donne ensuite à son serviteur Eliezer l’ordre d’aller trouver une épouse pour son fils Isaac, dans sa famille restée à Haran. Eliézer fait la connaissance de Rébecca, près du puits de Haran. Rébecca se révèle non seulement généreuse, mais également fille de Bethuel, le neveu d’Abraham. La proposition de mariage est acceptée. Les jeunes mariés se rencontrent pour la première fois lors du retour d’Eliezer en Canaan et tombent amoureux. Abraham se remarie et a d’autres enfants mais il fait d’Isaac son unique héritier. Puis Abraham lui-même meurt, à l’âge de 175 ans. Il est enseveli par ses fils Isaac et Ismael.
Illustration : Katsiaryna Endruszkiewicz – Unsplash