2023
La haftarah de Mikets
Par Georges-Elia Sarfati
Semaine de Hanukah
(Zacharie 2,14 – 4, 7)
Les Sages ont choisi pour appréhender la célébration de Hanukah un passage des prophéties de Zacharie, qui fut actif au VIe siècle avant notre ère (-520), au moment du règne de Darius 1er. Le texte sélectionné évoque la place de la fonction royale et de la fonction sacerdotale. De façon immédiate, le discours de Zacharie célèbre le mouvement de retour des Judéens dans le contexte de la reconstruction du Temple de Jérusalem. La tonalité et l’inspiration universalistes dont témoigne le texte tient au fait que Zacharie souligne que le retour des Judéens va de pair avec celui de la Présence divine parmi eux. Cette célébration joyeuse du thème de l’élection d’Israël semble prolonger nombre d’oracles d’Isaïe, puisqu’il y est aussi question de l’attrait que l’Unique exercera aussi sur les nations du monde : « (2, V.14-16) Exulte et réjouis-toi, fille de Sion ! Car voici, j’arrive pour résider au milieu de toi, dit l’Eternel. Nombre de nations se rallieront à l’Eternel, ce jour-là, et elles deviendront mon peuple ; je résiderai au milieu de toi, et tu reconnaîtras que c’est l’Eternel des Armées qui m’a envoyé vers toi. L’Eternel rentrera en possession de Juda, son domaine sur la Terre Sainte, et fera de nouveau choix de Jérusalem. »
Royauté, prêtrise et prophétie : les institutions juives au retour d’exil
Cette prophétie de Zacharie met en scène autant qu’en jeu deux figures importantes du judaïsme de l’époque du retour de l’exil de Babylone : Zorobabel et Josué. Pour comprendre la portée, mais aussi la signification inédite de cette prophétie, il importe de rappeler qui sont ces deux personnages. Le prince Zorobabel est issu de la lignée royale de la Maison de David, tandis que Josué est le grand prêtre en fonction, issue de la lignée d’Aaron. La prophétie de Zacharie leur assigne ici leur rôle à partir de l’avenir renouvelé qui s’ouvre. Dans la conception hébraïque, la royauté et la prêtrise forment, avec la prophétie, les trois grandes institutions qui confèrent sa singularité à la vie collective.
Le sceptre de la royauté a échu à la tribu de Juda, à laquelle appartiennent les rois de lignée davidique, selon les termes de la bénédiction de Jacob (Gn 49, 10), et c’est au roi qu’il incombe notamment de défendre l’unité et la souveraineté nationale. Mais ici, le prophète accorde au grand prêtre Josué une importance politique inédite dans l’histoire d’Israël, en le considérant aussi comme un chef, qui aurait en chargé l’intégrité et la sauvegarde, non seulement spirituelle, mais encore physique du peuple qu’il représente devant le Créateur : « (3, 1-7)- Puis, il me fit voir le grand prêtre Josué debout devant l’ange de l’Eternel ; le Satan se tenait à sa droite pour l’accuser. L’Eternel dit au Satan : « L’Eternel te réprouve, ô Satan ! Oui, il te réprouve, l’Eternel qui a élu Jérusalem. Celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu ? » Or, Josué était couvert de vêtements souillés, tandis qu’il se tenait devant l’ange. Celui-ci s’écria en s’adressant à ceux qui étaient placés devant lui : « Enlevez-lui ses vêtements souillés ! Puis il lui dit : « Vois, je te débarrasse de tes péchés, en te faisant vêtir d’habits de prix. » Et ils lui mirent une tiare propre sur la tête et ils lui passèrent les vêtements, tandis que l’ange de l’Eternel était présent. Et l’ange de l’Eternel fit cette déclaration à Josué : « Ainsi parle l’Eternel des Armées : Si tu marches dans mes voies, si tu suis mon observance, et que tu gouvernes bien ma maison et gardes avec soin mes parvis, je te donnerai accès parmi ceux qui sont là debout. »
Néanmoins, cette situation ne constitue pas le premier précédent de la sorte. Dans le narratif du Sefer Berechit, c’est notamment Lévi – appuyé par son frère Siméon – qui prend l’initiative de la guerre contre le clan dont l’un des hommes a violé leur sœur Dinah. (Gn 34, 25). Dans un autre épisode, c’est également le zèle de Pinhas – un autre Levi – qui permit de sauvegarder l’honneur de la Torah (Nb 25, 7-8). Corrélativement, la possibilité que la responsabilité de la guerre soit assumée par la tribu de Lévi s’avère entièrement confirmée par la bénédiction de Moïse (Dt 33, 11). Voilà donc une situation historique, envisagée par l’oracle de Zacharie, dans laquelle la fonction régalienne du recours à la guerre, ne sera pas assurée par le roi, mais par les représentants de la prêtrise : « (3, 8-10) – Ecoute donc bien, ô Josué, grand prêtre, toi et tes compagnons qui siègent avec toi – tous personnages de marque –, oui certes je vais faire apparaître mon serviteur, le Rejeton ! Pour ce qui est de la pierre que j’ai posée devant Josué, – sur une seule pierre il y a sept yeux – j’en graverai l’inscription, dit l’Eternel des Armées, et j’effacerai l’iniquité de ce pays en un jour. En ce jour, dit l’Eternel des Armées, vous vous convierez l’un l’autre sous la vigne et le figuier. »
Se convier « sous la vigne et le figuier » est assurément une image de fertilité mais aussi de plénitude. Quant à « la pierre » sertie de « sept yeux », elle préfigure les principales étapes de la reconquête étincelante de la liberté spirituelle d’Israël, au moment où elle fut menacée, à l’époque d’Antiochus Epiphane, ironiquement rebaptisé « épimane » (le fou) par la tradition rabbinique. A cette même époque, alors que la Judée était soumise aux Séleucides, responsables du pillage et de la profanation du Temple de Jérusalem, c’est à la famille sacerdotale de Matthatyahu qu’incomba la responsabilité du soulèvement militaire contre les Grecs.
Le primat de la prêtrise : une espérance prophétique
Cet oracle – contre-intuitif à souhait – annonce des temps historiques dont l’Antiquité judéenne nous a donné l’exemple. Il projette un temps où le grand prêtre est investi comme l’égal du roi, « à ses côtés ». Ce temps, alors encore lointain (l’épisode des Maccabim se situe plus de trois siècles après la prophétie de Zacharie), voit s’affirmer dans une guerre le primat de la volonté sacerdotale. L’élucidation du moment de ce discours prophétique permet de comprendre ce qui devait alors se jouer : « (4, 6)- Il reprit et me parla en ces termes : « Ceci est la parole de l’Eternel à Zéroubabel : Ni par la puissance, ni par la force, mais bien par mon esprit ! dit l’Eternel des Armées. »
Il semble que notre époque connaisse de nouveau les perspectives dessinées par ces oracles : Israël réunifié sur sa Terre, après un exil de deux millénaires, doit toujours veiller à l’intégrité de son pouvoir régalien. Dans le même temps, la réalité des combats spirituels qui s’y mènent montre que l’esprit de Hanukah n’a rien perdu de sa récurrente nécessité : « (4, 2-3) « Je vois un chandelier tout en or – son récipient sur son sommet, ses sept lampes alignées – et sept conduits pour les lampes qui en couronnent le sommet. Puis, deux oliviers à ses côtés, l’un à droite du récipient, l’autre à gauche. »
2023
Hannukah : ce qu’en dit Manitou
Le Rav Leon Ashkenazi, dit Manitou (1922-1996), est certainement l’un des intellectuels les plus influents dans la pensée juive francophone (et bien au-delà) de la deuxième moitié du XXème siècle. Sa pensée, à la fois profondément traditionnelle et d’une grande originalité, ne s’inscrit réellement dans aucune des grandes tendances du judaïsme contemporain et, à bien des égards, les dépasse toutes. Une partie importante de ses cours a été conservée sous forme d’enregistrements audio, et est conservée et mise à disposition de tous par Akadem. Voici celui qu’il a consacré à Hannukah.
Première partie du cours :
Deuxième partie du cours :
Source : Toumanitou
2022
Recette : les sufganiyot
Origine étymologique des sufganiyot
Le terme hébreu sufganiya (ou sufganiyot au pluriel) est une hébraïsation du mot grec soufgan, signifiant « frit ». A l’origine, il s’agissait d’une préparation basée sur deux pièces de patisserie séparés, puis assemblées en une sorte de sandwich à la confiture et frite. A l’heure actuelle, les sufaniyot sont des beignets sphériques, frits d’abord puis éventuellement emplis de crème, de confiture ou de compote. Les sufganyiot sont l’un des desserts typiques d’Hannukah.
Ingrédients (pour une douzaine de personnes)
- 500g de farine
- 3 oeufs
- 2 ou 3 cuillerées à soupe d’huile
- 2 sachets de levure boulangère
- 4 ou 5 cuillerées à soupe de sucre-glace pour la préparation, et autant pour l’accompagnement
- un verre d’eau tiède
- une pincée de sel
- huile de friture pour la cuisson
Préparation des sufganiyot
- Mélanger la farine, le sucre et la levure; bien mélanger.
- Ajouter les oeufs, l’huile et l’eau tiède. Pétrir pendant plusieurs minutes, jusqu’à obtenir une pâte souple et élastique.
- Placer la pâte dans un saladier; la couvrir de film plastique et la laisser à température ambiante; s’il fait trop froid, ne pas mettre de film plastique mais placer le saladier dans un four à 30°C.
- Laisser lever la pâte au moins une heure : elle doit doubler de volume.
- Etaler la pâte sur un plan de travail. L’abaisser avec un rouleau à pâtisserie, jusqu’à ce qu’elle atteigne environ 2 cm d’épaisseur.
- Découper, avec un verre ou un emporte-pièce, des cercles de quelques centimètres (3 à 5) de diamètre. Saupoudrer d’un peu de farine, recouvrir avec un torchon.
- Laisser lever à nouveau pendant au moins 30 minutes : les cercles doivent gonfler.
- Faire chauffer l’huile de friture à 180-200°C.
- Faire frire les beignets dans l’huile, 3 minutes environ par beignet. Une fois qu’ils sont cuits, les sortir de l’huile et les poser sur du papier absorbant.
- Option : avec une poche à douille, il est possible de farcir les beignets avec de la compote, de la marmelade ou de la crème anglaise.
- Saupoudrer les beignets de sucre-glace. Il est également possible d’y mettre un glaçage.
- Savourer chaud ou froid.
Illustration : CC BY-SA 2.5
2022
Sevivon, sov, sov, sov !
Sevivon sov sov sov (סביבון סוב סוב סוב) est une chanson enfantine de Hannukah, qui évoque la toupie (sevivon). La mélodie est originellement celle d’une chanson intitulée Mipeat Yarden, qui était surtout utilisée pour des cours de gymnastique rythmique; le compositeur de Sevivon, sov, sov, sov !, Levin Kipnis reprend cette mélodie en 1922 ou 1923 pour son petit poème.
סְבִיבוֹן – סֹב סֹב סֹב,
חֲנֻכָּה הוּא חַג טוֹב.
חֲנֻכָּה הוּא חַג טוֹב,
סְבִיבוֹן – סֹב סֹב סֹב.
סֹב נָא, סֹב כֹּה וָכֹה,
נֵס גָּדוֹל הָיָה פֹּה.
נֵס גָּדוֹל הָיָה פֹּה,
סֹב נָא, סֹב כֹּה וָכֹה.
חַג שִׂמְחָה הוּא לָעָם
נֵס גָּדוֹל הָיָה שָׁם
חַג שִׂמְחָה הוּא לָעָם
נֵס גָּדוֹל הָיָה שָׁם
Sevivon sov sov sov
’Hanoukka hou ‘hag tov
’Hanoukka hou ‘hag tov,
Sevivon sov sov sov
Sov na sov ko vakho
’Nes gadol haya po
’Nes gadol haya po
Sov na sov ko vakho
’Hag sim’ha hou la’am
’Nes gadol haya sham
’Nes gadol haya sham
’Hag sim’ha hou la’am
Toupie, tourne, tourne, tourne,
Hanoucca est une bonne fête.
Hanoucca est une bonne fête,
Toupie, tourne, tourne, tourne
Tourne donc, tourne, çà et là,
Un grand miracle a eu lieu ici.
Un grand miracle a eu lieu ici,
Tourne donc, tourne, çà et là.
C’est une joyeuse fête pour le peuple,
Un grand miracle a eu lieu là-bas.
Un grand miracle a eu lieu là-bas,
c’est une joyeuse fête pour le peuple